Tang Wulin était toujours bouleversé lorsqu’il quitta l’Académie.
Comme chaque année, ceux qui avaient éveillé le pouvoir d’âme avec leur âme martiale furent invités à rejoindre la classe Maître d’Âme à l’académie en tant que nouveaux étudiants. Peu importe de quelle académie élémentaire il s’agissait, cette classe était sans aucun doute la plus importante.
L’agitation de Tang Wulin ne s’était pas complètement dissipée; sa tête était enflée et son corps chauffait. Il continua à marcher, étourdi.
– Fils, sur un million, tu es le seul ! La voix douce de Tang Ziran sortit Wulin de son état.
Il leva la tête et fit face à l’expression douce et aimante de son père.
– Papa, est-ce que l’Herbe Bleue-Argentée est une mauvaise âme martiale ?
Tang Ziran répondit solennellement :
– Comment pourrait-elle être mauvaise ? Tu dois savoir qu’une personne sur mille a le pouvoir d’âme ! Tu possèdes une âme martiale banale mais tu as un pouvoir d’âme. Cela ne signifie-t-il donc pas que tu es le seul sur un million ? Par conséquent, mon fils est unique et par définition inégalé. Ne t’ai-je pas raconté l’histoire de l’ancêtre fondateur de la secte Tang, Tang San ? C’était avec son Herbe Bleue-Argentée…
La famille de Tang Wulin vivait dans le quartier des roturiers de la ville de Aolai. Son père était un réparateur spécialisé dans les machines spirituelles. Cependant, sa compétence n’était qu’ordinaire et il ne pouvait donc gagner qu’un maigre salaire pour subvenir aux besoins de sa famille.
Sa mère, Lan Yue, était une femme au foyer et s’était occupée de Tang Wulin toute seule. Elle était exceptionnellement douée pour cuisiner des plats délicieux.
L’ensemble de leur maison était composé d’un salon d’environ une douzaine de mètres carrés, d’une petite cuisine, d’une salle d’eau et de deux pièces de moins de dix mètres carrés.
– Mon fils, tu es de retour ! Tu dois avoir faim. Maman va cuisiner quelque chose de délicieux pour toi. Lang Yue n’était pas d’une grande beauté, mais elle était absolument charmante. Elle s’accroupit et câlina le petit Wulin.
– Je n’ai pas faim maman, juste un peu sommeil. Je veux aller faire une sieste.
De ses bras, le petit garçon entoura le cou de sa mère en retour avant de se hâter vers sa chambre.
Lang Yue regarda la petite silhouette se retirer, puis lâcha un doux soupir.
– Il veut devenir un maître d’âme depuis qu’il est tout petit, mais ce n’est pas si facile ! Nous devons aller le réconforter.
Tang Ziran entra dans le petit salon et s’assit à table. Au déjeuner, il y avait des légumes sautés, des côtes de porc mijotées, de la salade et un bol de soupe aux trois légumes. C’était un repas luxueux pour la famille Tang.
– Il a le pouvoir d’âme, mais j’aurais souhaité qu’il ne l’ait pas. Soupira Tang Ziran.
Stupéfaite, Lang Yue s’assit à côté de son mari.
– Qu’est-ce que tu as dit ? Wulin possède le pouvoir d’âme ? Cela ne veut-il pas dire qu’il peut devenir un Maître d’Âme ?
Tang Ziran força un rire amer :
-Comment cela pourrait-il être aussi facile ? Son âme martiale est l’Herbe Bleue-Argentée et son pouvoir inné d’âme n’est qu’au rang 3. Devenir un Maître d’Âme est plus facile à dire qu’à faire. Bien qu’il puisse entrer dans cette classe, je crains que la pression soit trop forte pour lui.
La jeune femme resta confuse pendant un moment, mais comprit rapidement ce que voulait dire son mari.
-Alors Wulin, il…
Tang Ziran répondit :
-Il semble être sous le choc. Il n’a rien dit sur le chemin du retour. En grandissant, notre petit homme rencontrera certainement quelques revers. Il vaut mieux le laisser pour l’instant.
Lang Yue jeta un coup d’œil inquiet à la chambre de son fils. Elle lâcha un grand soupire et remplit le bol de riz de son mari.
– Mangeons d’abord dans ce cas, ne le dérangeons pas. Wulin a toujours été obéissant. Nous le transfèrerons en classe normale si cela ne fonctionne pas. »
– Oui.
Ce que Tang Ziran et sa femme ignoraient, c’est que si Tang Wulin n’avait pas déjeuné, ce n’était pas parce qu’il était contrarié : il était simplement trop épuisé.
Dès qu’il rentra dans sa chambre, il tomba la tête la première sur son lit et s’endormit aussitôt pour rejoindre le pays des rêves.
Peu de temps après, Tang Wulin commença à se tourner et se retourner sur le lit tandis que sa peau rougissait. Si Tang Ziran ou Lang Yue étaient là, ils se seraient aperçus que la température de son corps augmentait à un rythme étonnant.
La pigmentation rouge foncé de sa peau commença à pénétrer de plus en plus profondément jusqu’à ce que ses méridiens devinrent légèrement visibles. Son rythme cardiaque s’accélérait rapidement : son coeur battait au moins trois fois plus vite que la normale.
Les lignes d’or qu’il avait vues dans la Chambre de l’Éveil réapparurent sur son front. Le motif de la ligne partait de sa tête jusqu’à ses orteils, avant de remonter.
Après avoir fait trois fois le tour de son corps, le motif de la ligne d’or s’estompa doucement dans les profondeurs de Tang Wulin. Son corps commença alors à produire de légers craquements. Cependant, après un moment, le silence revint et la température de son corps retourna à la normale. Il se rendormit plus profondément.
Tang Wulin se retrouva en rêve dans une prairie totalement couverte d’Herbe Bleue-Argentée, avec un ciel d’or. Devant lui se tenait un colosse gigantesque possédant une grande bouche dorée qui semblait s’être détachée du ciel. L’instant suivant, il fut avalé par le colosse et entra dans un royaume d’or infini.
– Ah!!!!
Il poussa un cri de surprise et se redressa brusquement, couvert de sueur. Il était incapable de trouver les mots pour décrire l’inconfort dans lequel il se trouvait.
Ayant grandi dans une famille pauvre, le petit garçon était considérablement plus sensible et mature que les autres enfants de son âge. Ne voulant pas déranger sa mère et son père, il se déshabilla et se rendit dans la salle d’eau pour se laver. Après son bain, il fut étonné de découvrir qu’il n’était plus en sueur.
Au même moment, Lang Yue cria de l’extérieur.
– Ah, où est Lin Lin ?
– Je suis ici maman. Je prends un bain.
Wulin se dépêcha de sortir en sous-vêtements, s’efforçant de répondre aux appels de sa mère.
Lang Yue le réprimanda :
– Dépêche-toi de t’habiller. Tu vas geler.
Elle pinça le tendre petit visage rose de son fils avant de le pousser vers sa chambre.
Après avoir fermé la porte, elle murmura :
– La peau de ce petit gars est encore plus tendre et élastique maintenant. Maman est terriblement jalouse!
Ce ne fut qu’après que Tang Wulin se soit habillé et ait quitté sa petite chambre qu’il réalisait que le ciel était déjà sombre. Il avait dormi tout l’après-midi.
Tang Ziran, qui avait pris un congé ce jour-là, restait donc à la maison toute la journée. Il fit un signe à Tang Wulin :
– Viens ici, fils.
Le petit garçon s’assit à côté de son père. Alors que ce dernier s’apprêtait à parler, le ventre de Wulin se mit à gargouiller. En entendant cela, son père et sa mère éclatèrent de rire.
Leur fils sourit joyeusement en réponse à leur rire bon enfant.
– Maman, puis-je manger ? J’ai vraiment faim.
– Vas-y.
Lang Yue lui servit un bol de riz. Elle regarda ensuite son mari pour lui faire comprendre qu’ils allaient devoir discuter une fois le repas terminé.
En voyant Tang Wulin tendre son bol pour la quatrième fois, Tang Ziran et Lang Yue demeurèrent stupéfaits: Même s’il n’avait pas déjeuné, il était impossible qu’il ait un tel appétit !
– Maman, c’est délicieux. J’en veux encore…