Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 17 : Département des Opérations Spéciales
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Quoique surpris en voyant l’enseigne, Klein la trouva sensée.

Que dire ? …  Il secoua la tête, sourit, monta les marches et frappa doucement à la porte entrebâillée. 

Le bruit résonna lentement, de façon rythmée. Aucune réponse. Seul lui parvint un léger crachotement.

Klein frappa à nouveau : toujours rien.

Il poussa la porte, regarda à l’intérieur et aperçut un canapé classique, sans doute destiné aux invités, un fauteuil en tissu doux et une table basse en bois robuste. Face à lui, derrière un bureau se trouvait une fille aux cheveux bruns, tête baissée. 

Même si le nom de “Compagnie de Sécurité” n’est qu’une couverture, n’est-il pas… un peu trop professionnel ? Se demanda-t-il.  Depuis combien de temps cet endroit est-il fermé ? Bon, vous n’avez pas besoin de travail… 

Klein approcha silencieusement et frappa sur le bureau, juste à côté de l’oreille de la fille.

Celle-ci se redressa aussitôt, prit un journal posé devant elle et s’en couvrit le visage.

Journal Honnête de Tingen…  Joli nom… Pensa Klein en voyant la une. 

– « Le service de train à vapeur “L’Envol Express” qui rallie directement la Ville de Constance ouvre aujourd’hui… Mais enfin, quand y en aura-t-il un qui desservira directement la Baie de Brindisi ? Je ne veux vraiment pas reprendre le bateau là-bas, c’est affreux, vraiment affreux… Hé, qui êtes-vous ? » Demanda la fille d’un air prétentieux en baissant son journal, révélant son front brillant et ses yeux brun clair et lançant à Klein un regard surpris. 

– « Bonjour, mon nom est Klein Moretti et je suis ici sur l’invitation de Dunn Smith », répondit le jeune homme, son chapeau sur le cœur en s’inclinant légèrement.

La jeune fille, visiblement dans la vingtaine, portait une robe vert pâle de style Loen avec de belles dentelles aux manches, au col et à la poitrine. 

– « Le capitaine… d’accord, attendez ici un instant. Je vais le chercher », dit-elle en se précipitant dans la pièce d’à côté. 

Elle ne m’a même pas proposé un verre d’eau ou quoi que ce soit… Sa serviabilité est plutôt inquiétante…  Pensa Klein avec un léger sourire tandis qu’il attendait.

Au bout de deux à trois minutes, la jeune fille aux cheveux bruns revint.

– « Suivez-moi, M. Moretti », dit-elle avec un doux sourire. « Le Capitaine est de garde à la Porte Chanis et ne peut pas bouger pour le moment. » 

– « Très bien », répondit Klein en lui emboîtant le pas tout en se demandant : la Porte Chanis ? De quoi peut-il bien s’agir ? 

De l’autre côté de la cloison, la première chose qu’il aperçut fut un petit couloir avec seulement trois bureaux de chaque côté. 

Certains étaient fermés à clé tandis que d’autres, grands ouverts, laissaient entrevoir des gens qui tapaient sur de lourdes machines à écrire mécaniques.

Au premier coup d’œil, Klein reconnut le jeune officier qui était venu enquêter à son appartement, celui qui avait les cheveux noirs, les yeux bleus et l’air romantique d’un poète. 

Il n’était pas en tenue officielle et sa chemise à col blanc, qui n’était pas rentrée dans son pantalon, lui donnait une apparence assez indisciplinée.

Peut-être est-il vraiment poète…

Klein hocha la tête en guise de salutation et fut accueilli par un sourire.

La fille aux cheveux bruns poussa la porte du bureau situé tout au bout du couloir à gauche :

– « Nous allons devoir descendre », gazouilla-t-elle en montrant du doigt des marches de pierre d’un blanc grisâtre bordé, des deux côtés, par des lampes à gaz dont la lueur dissipait l’obscurité et conférait un sentiment d’harmonie.

La jeune fille aux cheveux bruns s’y engagea avec prudence tout en fixant ses pieds.

– « Même si je viens souvent ici, j’ai toujours peur de tomber », dit-elle, « de dégringoler comme un tonneau. Vous ne le savez sans doute pas mais Léonard, le jour où il est devenu insomniaque, a fait une véritable folie. Alors qu’il ne maîtrisait pas ses nouveaux pouvoirs, il s’est précipité dans la volée de marches et s’est transformé en roue de chariot. En y réfléchissant, c’était à mourir de rire. C’est lui qui vous a salué tout à l’heure. C’était il y a environ trois ans. À propos, voilà cinq ans que je suis avec les Faucons de Nuit. Je n’avais que dix-sept ans lorsque j’ai rejoint… » 

Soudain, la jeune fille se frappa le front : « J’ai oublié de me présenter ! Je m’appelle Rozanne. Mon père, qui était membre des Faucons de Nuit, s’est tué dans un accident il y a cinq ans. Je suppose que nous sommes désormais des collègues… Euh…oui, c’est le mot qui convient. Étant donné que nous ne sommes pas des Transcendants, nous ne pouvons nous considérer comme des coéquipiers. » 

– « J’espère avoir cet honneur, mais cela dépendra de ce que M. Smith en dira », répondit Klein en évaluant l’environnement clos, conscient qu’ils descendaient sous terre. L’humidité suintait le long des murs de pierre, dissipant la chaleur de l’été. 

– « Ne vous inquiétez pas, si le Capitaine vous a fait venir ici, c’est qu’il a accepté. Je ne sais pas pourquoi mais même s’il est toujours aimable, paternel, j’ai toujours eu un peu peur de lui », dit Rozanne comme si elle avait un morceau de sucre dans la gorge. 

– « N’est-il pas normal d’avoir peur d’un père ? » Demanda Klein avec humour.

– « C’est vrai », répondit Rozanne, la main plaquée au mur.

Tout en parlant, tous deux arrivèrent au bas de l’escalier qui débouchait sur un sol pavé.

C’était une longue allée flanquée de lampes à gaz entourées de grilles métalliques qui faisaient s’allonger leurs ombres. 

Attentif, Klein remarqua qu’il y avait, sur les murs, à distance régulière, un “Emblème Sacré Noir”, symbole de la Déesse de la Nuit Éternelle. Un fond noir orné de brillants et qui représentaient seulement la moitié de la lune cramoisie.

Quoi qu’ils n’eussent rien de particulier, ils conféraient à Klein un sentiment de sérénité. Rozanne, si bavarde quelques minutes auparavant, se tut elle aussi.

Peu de temps après, ils arrivèrent à une intersection.

– « Le chemin de gauche mène à la Cathédrale Sainte-Sélène et celui de droite à l’armurerie, à la réserve et aux archives. La Porte Chanis est juste en face de nous », expliqua brièvement la jeune femme. 

La Cathédrale Sainte-Sélène ? La Rue Zouteland serait donc juste derrière la Rue de la Lune Rouge ? Pensa Klein, un peu abasourdi.

La cathédrale Sainte-Sélène, située Rue de la Lune Rouge, était le siège de l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle à Tingen, un lieu sacré que les fidèles locaux aspiraient à visiter et qui, avec la Cathédrale des Nombres Sacrés du Dieu de la Vapeur et des Machines, en banlieue, et celle de La Rivière et de La Mer du Seigneur des Tempêtes au nord de la ville, soutenaient les cercles religieux de Tingen et des villes et villages affiliés.

Conscient que son statut ne lui permettait pas d’en demander plus, Klein se contenta d’écouter.

Ils passèrent l’intersection et continuèrent tout droit. Moins d’une minute plus tard, ils arrivèrent en vue d’une porte de fer noir ornée de sept emblèmes sacrés. 

Elle se dressait devant eux, lourde, froide et imposante, telle un gardien géant dans l’obscurité.

– « Voici la Porte Chanis », dit Rozanne puis, désignant une pièce à côté d’eux, elle ajouta : « Le capitaine est à l’intérieur. Continuez seul. »

– « Très bien, merci » répondit poliment Klein.

La pièce à laquelle Rozanne faisait allusion était juste en face de la Porte Chanis. Les fenêtres étaient ouvertes, les lumières allumées. Klein prit une profonde inspiration pour se calmer et frappa.

– « Entrez », répondit la voix profonde et aimable de Dunn Smith.

Klein ouvrit doucement la porte qui n’était pas verrouillée. Pour tout mobilier, la pièce ne comprenait qu’une table et quatre chaises. Dunn Smith, les cheveux plantés haut sur le front, toujours vêtu du manteau noir qu’il portait la nuit précédente et une chaîne de montre en or sur la poitrine, lisait tranquillement les nouvelles. 

– « Venez vous asseoir. Avez-vous pris votre décision ? Êtes-vous certain de vouloir nous rejoindre ? » Demanda-t-il avec un sourire en posant son journal.

Klein ôta son chapeau, s’inclina et prit place près de la table :

– « Oui », répondit-il. « Sûr et certain. »

– « Dans ce cas, jetez un œil à ce contrat, comme les gens aiment l’appeler », dit Dunn en sortant un document du tiroir de la table.

Il n’y avait pas beaucoup de clauses, Dunn Smith avait déjà abordé la plupart d’entre elles.  On insistait surtout sur la clause de confidentialité. Les contrevenants n’étaient pas jugés par les tribunaux du Royaume mais par ceux de l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle. Un peu comme les soldats et officiers envoyés en cour martiale.

Un contrat de cinq ans… Deux livres et dix soli par semaine, dix soli pour le risque et la confidentialité…

– « Cela me convient », dit Klein lorsqu’il eut achevé de le lire.

– « Alors signez », répondit Dunn en désignant le stylo plume rouge sombre et l’encrier.

Le jeune homme essaya le stylo sur un vieux papier, prit une profonde inspiration et signa les deux exemplaires du nom de Klein Moretti.

Comme il n’avait pas encore de tampon, il fut contraint d’utiliser son empreinte digitale.

Dunn prit le contrat, sortit un tampon de son tiroir et l’apposa tout en bas ainsi qu’en divers points essentiels.

Cela fait, il se leva et lui rendit le contrat tout en lui tendant l’autre main :

 – « Soyez le bienvenu », dit-il. « À partir de maintenant, vous voilà l’un des nôtres. Veuillez noter que ce document est lui-aussi confidentiel. »

Klein se leva à son tour, prit le contrat et serra la main tendue :

– « Dois-je vous appeler Capitaine désormais ? »

– « Oui », répondit Dunn dont les yeux grisâtres semblaient particulièrement profonds dans la pénombre. 

Sur ce, ils se rassirent. Klein jeta un coup d’œil au tampon apposé au contrat : « Section des Faucons de Nuit, Ville de Tingen, Comté d’Awwa, Royaume de Loen. » 

– « Je ne peux pas croire que vous ayez choisi le nom de « Compagnie de Sécurité de l’Épine Noire » comme couverture », dit-il en souriant.

– « En fait, nous avons d’autres enseignes », répondit Dunn en sortant du tiroir une feuille de papier qui portait l’estampille du gouvernement de la ville et du service de police : « Septième Unité, Département des Opérations Spéciales, Police du Comté d’Awwa, Royaume de Loen. »

« Les quatre premières unités concernent la police habituellement chargée de la sécurité générale, comme l’unité de protection VIP et l’unité de protection des installations importantes. La cinquième et les suivantes sont celles qui traitent des incidents surnaturels survenus dans chaque ville du Comté, la nôtre étant chargée des incidents liés aux adeptes de la Déesse de la Nuit Éternelle à Tingen. S’il existe différents types d’adeptes, nous divisons la zone en conséquence. Nous sommes principalement responsables des secteurs nord, ouest et de la région du Firmiana D’or », expliqua brièvement Dunn.

« L’Unité Six de l’équipe des Punisseurs Mandatés, qui dépend de l’Église du Seigneur des Tempêtes est en charge du secteur de la jetée, de l’Est et du Sud. Le quartier universitaire et la banlieue, quant à eux, relèvent de l’Unité Cinq, l’équipe de l’Intelligence Collective des Machines de Tingen. » 

– « Très bien », répondit Klein qui n’avait aucune question à ce sujet. Il sourit : « Que se passe-t-il si quelqu’un, trompé par l’enseigne, vient vous trouver pour solliciter les services de la Compagnie de Sécurité de l’Épine Noire ? »

– « Nous acceptons ces demandes. Pourquoi ne le ferions-nous pas, du moment que cela n’affecte pas nos opérations quotidiennes », répondit lentement Dunn, amusé. « Tout gain supplémentaire étant un bonus, nos membres sont tout à fait disposés à accepter ces emplois. Quoi qu’il en soit, le marché des questions triviales et ennuyeuses comme la recherche de chiens et de chats est désormais à la charge des détectives privés. » 

– « Combien sommes-nous chez les Faucons de Nuit ? » Demanda Klein à ce propos.

– « Comme il n’y pas beaucoup d’incidents surnaturels, nous sommes très peu de Transcendants. La ville de Tingen ne compte que six Faucons de Nuit officiels, dont moi, et six membres du personnel civil avec vous. »

Klein hocha la tête et posa enfin la question qui le préoccupait :

– « Dites-moi, Capitaine, qu’avez-vous voulu dire en parlant de Transcendants qui perdent le contrôle ? À quoi cela est-il dû ? »

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