Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 13 : Faucon de Nuit
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Klein fit un pas en arrière. Rêvait-il ? Était-il éveillé ?

La silhouette ôta son haut-de-forme noir et s’inclina légèrement :

– « À nouveau, je me présente : Dunn Smith, ou Faucon de Nuit. »

« Faucon de Nuit ? N’est-ce pas un nom de code issu de l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle et qui fait partie des Transcendants dont Justice et le Pendu m’ont parlé ? »

Une pensée lui ayant traversé l’esprit, Klein établit le lien et s’écria :

– « Est-ce vous qui m’avez fait faire ce rêve ? Vous avez le pouvoir de contrôler les rêves ? »

Dunn Smith, qui avait remis son chapeau noir, répondit :

– « Non, je suis seulement entré dans votre rêve pour vous donner les conseils nécessaires. »

Sa voix profonde et apaisante résonnait dans le sombre couloir sans toutefois perturber les rêves des autres. « Même si les rêves amplifient une grande partie de vos émotions réprimées et de vos craintes et que tout vous semble chaotique et fou, il y a toujours une part de vérité cachée », reprit-il. « Pour un vétéran comme moi, tout est clair comme de l’eau de roche. J’ai davantage confiance en celui que vous êtes dans vos rêves qu’en vous lorsque vous êtes éveillé. »

« Mais… Quel est l’être humain normalement constitué qui ait le pouvoir de contrôler ses rêves ? Si je rêvais de quelque chose en relation avec la Terre, Dunn Smith s’en apercevrait-il ? » Se demanda Klein, pétrifié par ce qui s’était passé dans son rêve.

Mais ce qu’il trouvait étrange, c’est qu’il s’était montré posé et rationnel, sachant exactement ce qu’il fallait dire et ce qu’il valait mieux taire.

Pour tout dire, il n’avait pas du tout l’impression de rêver.

« Dunn Smith aurait-il simplement “vu” ce que je voulais qu’il voie ? »

L’esprit de Klein tourbillonnait et il commençait à comprendre.

« Serait-ce un bénéfice lié à la transmigration comme le fait d’avoir un corps et une âme spéciaux ou est-ce lié au rituel destiné à augmenter la chance ? » Il réorganisa ses pensées et, en guise de réponse, demanda :

– « Alors, M. Smith, croyez-vous vraiment, à présent, que j’ai perdu la mémoire ? »

Pour toute réponse, Dunn Smith le regarda profondément :

– « Vous n’êtes pas surpris par le cours que prennent les événements ? J’ai rencontré des gens qui ne croient pas au pouvoir des Transcendants et préfèrent croire qu’ils ne se sont pas vraiment éveillés. »

– « Peut-être ai-je toujours prié pour qu’un tel pouvoir me vienne en aide. »

– « Voilà des pensées intéressantes… Peut-être que si vous avez survécu, ce n’est pas uniquement parce que vous avez eu de la chance », dit Dunn, impassible, en hochant la tête. « Je suis en effet certain, désormais, que vous avez vraiment perdu une partie de vos souvenirs suite à l’incident, en particulier ceux qui y sont liés. »

– « Dans ce cas, puis-je rentrer ? » Demanda Klein, soulagé.

Dunn mit une main dans sa poche et s’avança lentement vers lui dans l’obscurité paisible.

– « Non, il faut que vous m’accompagniez pour rencontrer l’experte », répondit-il aimablement.

– « Pourquoi ? » Lâcha Klein. « Vous ne croyez toujours pas à ce que vous avez vu dans mon rêve ? »

« Vous voulez rire! Je n’ose pas imaginer ce qui se produirait si cette experte était spécialisée dans l’hypnose ou dans la lecture mentale et venait à découvrir mon secret! » Pensait-il.

– « En général, je suis quelqu’un de plutôt modeste mais pour ce qui est des rêves, je suis assez confiant », répondit calmement Dunn. « Pour des raisons importantes, je ne vois aucun mal à confirmer tout cela. Par ailleurs, nous sommes spécialisés dans des domaines différents. Peut-être pourra-t-elle vous aider à recouvrer certains de vos souvenirs. » Puis, sans attendre la réponse de Klein, il ajouta d’une voix grave : « Après tout, vous êtes lié à la localisation du fameux carnet de notes de la famille Antigonus. »

– « Pardon ?! » S’exclama Klein, figé sur place.

Dunn s’arrêta devant lui et plongea ses yeux gris dans les siens :

– « Nous n’avons retrouvé aucune trace de ce carnet sur les lieux du suicide. Welch et Naya étant morts, vous êtes notre seule piste. »

– « …D’accord, je vois », répondit Klein. Il demeura un moment silencieux puis poussa un soupir de soulagement.

« Les notes ont disparu ? C’est vraiment étrange… pourquoi ne me suis-je pas demandé ce que ce carnet datant de la Quatrième Époque était devenu ? »

Dunn passa devant lui :

– « Fermez votre porte et venez avec moi chez Klein. L’experte nous y attend. »

Le cœur de Klein battait à tout rompre. Au bord du malaise, il prit une profonde inspiration.

Il aurait voulu refuser, voire s’enfuir mais étant donné ce qui s’était passé dans son rêve, Dunn Smith avait certainement renforcé la garde. Que pouvait-il faire contre un Transcendant, même en recourant à la force ? De nombreuses pensées lui traversèrent l’esprit :

« Il est certainement armé et entraîné à manier le revolver… »

Finalement, il décida de se rendre à l’évidence.

« Très bien », dit-il en pensant : « Chaque chose en son temps. Voyons comment les choses se passent. Peut-être ce pouvoir miraculeux que j’avais dans mon rêve va-t-il reprendre effet… »

– « Dans ce cas, allons-y », dit Dunn d’un ton indifférent.

Klein le suivit mais après quelques pas, il s’arrêta brusquement :

– « M. Smith, je… j’aimerais d’abord utiliser la salle de bain. »

« N’est-ce pas là que je me rendais ? »

Dunn lui jeta un regard attentif :

– « Pas de problème, Klein », dit-il. « Mais croyez-moi, la nuit, je suis beaucoup plus puissant que vous ne pouvez l’imaginer. »

« La nuit ? »

Il ne tenta pas de s’échapper. Il se contenta de soulager sa vessie, se passa le visage à l’eau froide pour retrouver son calme après quoi il retourna se changer et ferma la porte de son appartement. Puis il suivit tranquillement Dunn jusqu’à la sortie de l’immeuble.

Soudain, Dunn Smith rompit le silence :

– « Pourquoi avez-vous tenté de vous échapper à la fin du rêve ? De quoi aviez-vous peur ? »

– « N’ayant aucun souvenir de ce que j’ai fait chez Welch, je ne sais pas si je suis ou non impliqué dans ces deux décès », improvisa-t-il. « J’ai préféré m’échapper dans le cas où les preuves seraient établies que tout cela est de mon fait, pensant que je pourrais recommencer une nouvelle vie sur le Continent Sud. »

– « À votre place, j’aurais fait la même chose », dit Dunn en poussant la porte du bâtiment. Aussitôt, la brise nocturne dissipa la chaleur étouffante qui régnait à l’intérieur.

Il n’avait visiblement aucune crainte de voir Klein s’enfuir au moment de monter dans la voiture. Celle-ci était exactement comme dans le rêve de ce dernier : une calèche à quatre roues tirée par un cheval et menée par un cocher, jusqu’à l’emblème de la police peinte sur son flanc.

Klein monta. Un épais tapis recouvrait l’intérieur et il y régnait un parfum apaisant.

Il s’assit et se mit à réfléchir au sujet qui pourrait lui fournir de plus amples informations.

– « Qu’adviendra-t-il, Monsieur Smith, si, et je dis bien si, l’experte confirme que j’ai partiellement perdu la mémoire et que rien d’autre ne prouve que je sois l’assassin ou une victime ? En aurons-nous terminé ? »

– « En théorie, oui. Nous chercherons le carnet de notes par d’autres moyens et s’il existe, nous le trouverons. Mais avant cela, nous devons nous assurer que vous n’êtes pas maudit, que vous n’avez aucune accointance avec des esprits mauvais ni aucun problème psychologique connexe. Nous nous devons de veiller à ce que vous puissiez passer sereinement le reste de votre vie », répondit Dunn Smith avec un sourire étrange.

– « En théorie ? » Demanda Klein, à qui ce mot n’avait pas échappé.

– « Oui, en théorie seulement car dans le cadre de notre travail, il se passe souvent des choses tordues, peu orthodoxes, voire inexplicables. » Expliqua Dunn en le regardant droit dans les yeux : « Et nous ne pouvons absolument pas savoir si elles se poursuivront. »

– « Par exemple ? » Demanda Klein, soudain effrayé.

Tandis que la voiture traversait une rue quasi déserte, Dunn sortit sa pipe et renifla le tabac : 

– « C’est souvent quand nous pensons que tout est terminé et que les choses ont repris leurs cours que tout refait surface de manière terrifiante. Il y a quelques années, nous avons eu affaire à un culte pervers qui offrait des sacrifices à un démon et poussait ses disciples au suicide. L’un d’entre eux a un jour pu s’échapper et prévenir la police, son instinct de survie ayant été plus fort que sa folie, ses fausses croyances et les drogues psychédéliques qu’on lui faisait prendre. C’est nous qui avons été chargés de l’affaire. Une bien petite affaire, somme toutes, dans la mesure où elle n’impliquait pas de Transcendant. Leur gourou avait choisi au hasard une divinité à leur faire adorer pour des raisons de profit personnel et d’argent.

– « Nous n’avons eu recours qu’à deux de nos membres, pour, avec le soutien de la police, éradiquer ce culte. Personne n’en a réchappé. Nous nous sommes assurés que le dénonciateur n’avait plus aucun lien avec les esprits maléfiques, n’était pas maudit et n’avait pas de problème psychologique. Il n’avait aucun trouble de la personnalité, rien, absolument rien.

« Par la suite, il a été promu dans sa carrière, a trouvé une très bonne épouse avec laquelle il a eu un fils et une fille. Son sombre passé semblait loin derrière lui, l’horreur et les effusions de sang ayant complètement disparu. » Dunn s’interrompit, eut un petit rire et reprit : « Mais cette année, en mars, alors que ses finances étaient au beau fixe, qu’il avait une femme aimante et des enfants adorables… il s’est étranglé dans son bureau. »

Sous le clair de lune rouge, le sourire de Dunn Smith qui, visiblement, se moquait de lui-même, le terrifia à un point qu’il n’aurait su l’expliquer.

Klein aspira une bouffée d’air froid avec d’avance l’impression de la tragique fin qui l’attendait.

« J’en ai peut-être réchappé mais se pourrait-il que ce ne soit que temporaire ? Existe-t-il un moyen de mettre fin définitivement à tout ça ? Faut-il que je devienne un Transcendant ? »

Le silence retomba, pesant. Les pensées se bousculaient dans l’esprit de Klein.

La voiture roulait vite, le voyage était long.

Au moment précis ou Klein se décidait enfin à consulter Smith au sujet des possibles solutions, ils s’arrêtèrent.

– « Nous sommes arrivés, Monsieur Smith », annonça le cocher.

– « Allons-y », dit Dunn en lissant son manteau noir qui lui arrivait aux genoux. « À propos, j’oubliais : officiellement, cette experte est le médium le plus renommé d’Awwa. »

– « Mais qui est-elle véritablement ? »

Dunn se retourna, le fixa de ses yeux gris perçants et répondit :

– « Un véritable médium. »

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