Le soleil brillait clairement dans le ciel. Reynolds était en train de traverser une montagne particulièrement large.
– Je devrais être rentré dans les Terres Chaotiques maintenant. Reynolds lui-même n’était pas trop sûr de la distance qu’il avait parcourue en marchant, après s’être dépêché pendant dix jours. Il s’était dirigé généralement vers l’endroit qui lui semblait toujours le plus désolé. Même s’il apercevait des villes au loin, il n’y entrait jamais.
La montagne que gravissait Reynolds à cet instant était extrêmement grande et large et occupait un espace considérable.
Après avoir continué son ascension pendant un certain temps, Reynolds arriva à l’un des sommets de la montagne et put alors observer clairement les alentours. Soudainement, il découvrit que cette montagne géante contenait en réalité un tout petit village en son centre. Reynolds lécha ses lèvres sèches et gercées. Attrapant une poignée de racines pour s’aider, il se mit alors à descendre la pente pour rejoindre le petit village caché au milieu de la montagne.
Ce petit village était habité. Lorsque ses habitants virent Reynolds entrer dans le village, ils le regardèrent avec curiosité.
Clairement… ils voyaient rarement des visiteurs.
Il y avait tout de même un certain nombre de personnes dans ce petit village de montagne. D’après ses estimations tout à fait objectives, Reynolds supposait qu’il devait y avoir quelques milliers d’habitants. Il y avait même une auberge à ciel ouvert qui était assez simple. Il s’approcha et s’assit immédiatement et demanda,
– Deux verres d’eau, quelque chose à manger et une bouteille de vin.
Mais dès qu’il s’assit, Reynolds remarqua quelque chose…
– Cet endroit… Le cœur de Reynolds trembla.
Il découvrit soudainement que de chacune des personnes ici présentes émanait l’aura d’un expert. D’après ce qu’il pouvait en dire, il y avait un grand nombre de guerriers du sixième et du septième rang, et même des guerriers du huitième rang… ainsi que des puissants mages. Pas que des guerriers. Des mages. Et des mages extrêmement puissants.
– Mon ami, comment es-tu arrivé ici ? demanda un homme chauve en apportant une bouteille de vin et deux bols. Tiens, buvons ensemble.
Reynolds se rendait compte maintenant que ce village de montagne n’était en rien ordinaire. Il répondit immédiatement,
– Je suis arrivé par la frontière avec l’Empire Rohault. Je voulais entrer dans les Terres Chaotiques. Je n’ai suivi aucune grande route, j’ai directement traversé les montagnes vers le Nord. À chaque fois que je me suis retrouvé face à une rivière je l’ai traversée à la nage. À chaque fois que je me suis retrouvé face à une montagne, je l’ai gravie. Je ne m’attendais pas à ce qu’en traversant cette montagne, je me retrouve devant ce petit village de montagne.
L’homme chauve hocha la tête et rit.
– Alors, c’est donc pour ça.
– Pas étonnant. Il n’existe aucune route à côté de notre village, et cette montagne est très isolée. En général, nous ne voyons des étrangers que tous les huit ou dix ans, expliqua un autre homme qui s’était avancé pour discuter avec eux en riant.
Reynolds commençait à devenir nerveux.
Les deux personnes en face de lui étaient extrêmement puissantes, peut-être au septième ou au huitième rang.
– Mais c’est quoi cet endroit ? Pourquoi y a-t-il autant d’experts ici ? se demanda intérieurement Reynolds.
En buvant et en discutant avec les deux hommes, Reynolds découvrit… que les habitants de ce mystérieux village de montagne n’étaient pas totalement coupés du monde extérieur. En vérité, ils connaissaient beaucoup de choses du monde extérieur.
– La Princesse Monica [Meng’ni’ka] arrive, dit soudainement l’aubergiste chauve. De nombreuses personnes se tournèrent pour regarder dans une direction, ce que fit aussi Reynolds…
Il découvrit une magnifique jeune femme avec de longs cheveux de jade avancer vers eux, suivie par une domestique, qui saluait chaleureusement les autres villageois qu’elle rencontrait. En voyant cette magnifique jeune femme, Reynolds fut instantanément stupéfié. Ce magnifique visage… ce sourire chaleureux…
Malgré tous ses batifolages parmi les nombreuses belles fleurs, Reynolds se sentait absolument ensorcelé et amoureux.
– Je pense… que j’ai trouvé l’endroit où je devais être.
Reynolds le coureur de jupons avait badiné avec un certain nombre de jeunes femmes nobles. Mais il n’y en avait pas eu une seule qui avait réussi à le faire vibrer… ce qui expliquait pourquoi il était toujours célibataire à ce jour. Mais cette femme dans ce mystérieux village de montagne possédait une aura tout à fait particulière, qui faisait vibrer le cœur de Reynolds.
La jeune femme nommée Monica jeta un regard à Reynolds. Celui-ci découvrit instantanément que les yeux clairs de Monica contenaient un soupçon de couleur de jade. Elle ressemblait à l’un de ces légendaires esprits, absolument enchanteresse. Monica rit et lui dit,
– Tiens, bonjour étranger.
Reynolds se leva immédiatement et dit avec une grande courtoisie,
– Magnifique Princesse Monica, je me nomme Reynolds.
Monica jeta soudain un regard vers la main gauche de Reynolds. Elle ouvrit la bouche de surprise et le regarda.
– Que vous est-il arrivé à la main ?
– J’ai été blessé par quelqu’un, répondit nonchalamment Reynolds.
Monica s’approcha immédiatement de lui.
– Donnez-moi votre main.
Reynolds ne posa pas de question, et lui tendit immédiatement sa main gauche. La blessure qui avait été laissée par les pinces métalliques était absolument affreuse à regarder. Les lèvres de Monica se mirent à bouger légèrement, et peu de temps après…
D’innombrables points de lumière entrèrent dans la main gauche de Reynolds, comme une sorte de nébuleuse fantomatique. Reynolds pouvait clairement sentir que la blessure de sa main gauche était en train de se guérir rapidement, et que deux nouveaux doigts étaient en train de pousser. En un clin d’œil, la main gauche de Reynolds revint à un état parfait, comme si elle n’avait jamais été blessée.
– C’est… c’est… Reynolds était choqué, et il fixait la jeune femme, Monica, avec stupéfaction.
Il ne s’était pas attendu à ce que cette jeune femme soit une mage de lumière, et extrêmement puissante avec ça. Sa puissance n’était en rien inférieure à la sienne.
Lorsqu’il vit l’air de concentration sur le visage de Monica, le cœur de Reynolds se mit à battre violemment dans sa poitrine.
……..
La nuit était en train de tomber. Le soleil se couchait à l’Ouest, et les cieux étaient emplis de nuages aux teintes carmines, presque flamboyants.
Reynolds et Monica marchaient côte à côte au milieu des herbes du village. Reynolds regardait le magnifique visage de Monica, et dans son cœur, il ressentait une pointe de satisfaction. Il était déjà resté ici, dans ce mystérieux village de montagne, depuis plus d’un mois maintenant.
Personne dans le village n’avait suggéré qu’il parte.
Durant le mois qu’il venait de passer au village, Reynolds avait appris que la vaste majorité des villageois d’ici ne quittaient jamais le village. Seul un très faible pourcentage de personnes faisaient occasionnellement des voyages jusqu’au monde extérieur. Lorsqu’ils rentraient, ils informaient les autres villageois des événements qui s’étaient produits hors de leur village.
Monica n’avait que vingt ans, mais elle était déjà une mage de lumière du septième rang. Son talent était en vérité même supérieur à celui de Reynolds.
– Je ne peux pas continuer comme cela. Je dois informer mes parents et Troisième Frère que je suis en vie. Reynolds voulait retrouver ses amis et sa famille, mais l’attrait qu’avait Monica sur lui était tout simplement trop puissant. Et pour Monica, cet étranger, Reynolds, connaissait beaucoup de choses. À chaque fois qu’elle discutait avec lui, Monica découvrait qu’elle pouvait en apprendre beaucoup sur le monde extérieur.
Reynolds était particulièrement doué pour faire la conversation. Ce qui rendait Monica heureuse de passer du temps avec lui.
– Si j’étais pour toujours avec Monica, qu’est-ce que ce serait merveilleux ? Le cœur de Reynolds était empli d’espoir.
– Miss Monica. Une voix résonna soudainement de derrière eux, et un homme d’âge mûr aux cheveux argentés s’approcha d’eux. Reynolds fut surpris. Il n’avait pas remarqué cet homme s’approcher d’eux. Clairement, ce devait être une personne extrêmement puissante.
– Oncle Miller [Mi’le]. Lorsque Monica tourna la tête et vit cet homme aux cheveux argentés, elle l’accueillit immédiatement en riant.
Miller possédait un visage simple et honnête. Jetant un regard à Reynolds, il rit ensuite pour Monica et lui dit,
– Miss Monica, il se fait tard. Ta mère attend que tu rentres et que tu les rejoignes pour dîner.
Monica hocha la tête, puis sourit à Reynolds.
– Grand frère Reynolds, je vais rentrer alors. À plus tard.
Reynolds sourit, et lui souhaita une bonne soirée.
Après que Monica soit partie, Miller regarda Reynolds.
– Jeune étranger, tu es dans notre village depuis quelque temps maintenant. Tu dois maintenant faire un choix…
– Un choix ? Reynolds fut pris de court.
Miller hocha calmement la tête.
– Comme tu as été capable de nous trouver, cela signifie que le destin t’a conduit ici. Tu as maintenant deux choix. Le premier est de rester pour toujours dans notre village, et de devenir l’un de nos habitants, et donc de ne jamais partir d’ici. Le second choix est de partir immédiatement, et de ne jamais revenir. Tu n’as que deux choix. Si tu désobéis, tu mourras définitivement.
Ces mots calmes, et froids firent trembler le cœur de Reynolds.
Partir pour toujours ? Ou ne plus jamais quitter ce petit village de montagne ?
Reynolds ne voulait choisir aucune des deux options.
– Monsieur Miller, dit rapidement Reynolds, d’après ce que je sais, il y a bien quelques personnes dans le village qui vont dehors de temps à autre ?
Miller le contempla, puis gloussa,
– C’est vrai. Notre village organise un tournoi annuel. Toute personne qui finit parmi les dix meilleurs de ce tournoi est autorisé à quitter le village pour se rendre dans le monde extérieur. Mais avec ton pouvoir actuel… tu n’es même pas capable de finir parmi les cent meilleurs, sans parler des dix meilleurs.
Reynolds était très nerveux.
– Même si je ne peux pas y prétendre, dans le futur, je le pourrai peut-être. Reynolds avait déjà pris sa décision. – Monsieur Miller, j’ai décidé de devenir un membre de ce village.
Bien qu’il aime ses parents, lorsqu’il avait été dans l’armée, il avait plusieurs fois passé une année ou deux sans voir une seule fois ses parents. Tant qu’ils savaient qu’il était en vie, c’était tout ce qui comptait. Dans le futur, il aurait une occasion de les retrouver. Cela ne devrait pas trop être un problème.
Reynolds savait que ses parents pouvaient définitivement vivre encore pour un siècle ou deux.
Mais Monica… Reynolds avait peur que s’il partait, il le regretterait pour le reste de sa vie.
Miller hocha légèrement la tête.
– Bienvenue parmi nous. Souviens-toi. Tu n’es pas autorisé à quitter le village sans permission. S’il est découvert que tu l’aurais fait… tu mourrais définitivement. Quoi qu’il arrive, tu ferais bien de n’avoir aucun doute sur la puissance de notre village.
Miller se tourna immédiatement après ces mots et se prépara à partir.
– Monsieur Miller, s’exclama précipitamment Reynolds.
Miller se tourna pour le regarder de nouveau.
– Qu’y a-t-il ?
– Lorsque les autres personnes du village partent, peuvent-elles m’aider à porter un message pour moi ? demanda Reynolds.
Miller acquiesça.
– Oui, ils peuvent. Cependant, tu ne peux révéler aucune information sur le village. Dans deux jours, je vais partir. Si tu as un message, je peux t’aider à le transmettre.
Reynolds sentit une bouffée de joie le traverser, et il se dépêcha de dire,
– Seigneur Miller, lorsque vous quitterez le village, pourriez-vous vous rendre dans n’importe quelle branche du Conglomérat Dawson pour leur dire que moi, Reynolds Dunstan, je ne suis pas mort. En ce moment, je suis heureux et bien vivant, et j’espère que mes amis et ma famille ne vont pas s’inquiéter pour moi.
– Le Conglomérat Dawson ? Miller le regarda, puis hocha la tête.
– Seigneur Miller ? Reynolds réalisa soudainement quelque chose. Ne venez-vous pas de dire à l’instant que seuls les dix meilleurs du tournoi sont autorisés à faire des voyages ? Pourquoi est-ce que vous pouvez partir quand vous voulez ?
Miller lui jeta un dernier regard.
– Quand tu seras au même niveau de pouvoir que moi, tu pourras aussi partir quand tu voudras.
Après ces mots, en un seul mouvement, Miller disparut soudainement de la vue de Reynolds. Le cœur de ce dernier rata un battement ; cette vitesse était beaucoup trop terrifiante !
– Monseigneur, ce Reynolds n’est pas très puissant, mais il semblerait que Miss Monica soit plutôt… Miller se tenait respectueusement debout, à côté d’un magnifique homme d’âge mûr à l’air raffiné qui avait de longs cheveux noirs, qui buvait nonchalamment du vin, assis sur sa chaise.
Cet homme rit calmement.
– Monica est libre d’aimer qui elle veut. Ne la force pas. Que Reynolds choisisse de rester dans le village signifie qu’au moins, il a du courage.
– Mais Madame… dit Miller.
Ce à quoi son interlocuteur répondit en riant,
– Haha… pour ça, il n’y a rien que je puisse faire non plus. Si ce Reynolds s’est vraiment épris de ma fille, alors tout ce que je lui suggère, c’est de travailler dur. Autrement, il ne sera même pas capable de gagner l’approbation de ma femme.
– Demain, lorsque tu iras dans la Forêt des Ténèbres, sois prudent. Ne va pas irriter le Roi de la Forêt des Ténèbres, précisa l’homme d’âge mûr à l’air raffiné en jetant un regard à Miller.
– Bien Monseigneur, dit respectueusement Miller.
Le matin suivant, une ombre jaillit soudainement à toute vitesse dans les cieux depuis le village de montagne. En un clin d’œil, cette ombre avait percé la couche nuageuse entourant le village et s’était dirigée vers le Nord. La vitesse à laquelle elle voyageait était bien plus rapide que même celle de Linley dans sa forme de Corps de Dragon. Une bonne heure plus tard, cette ombre arriva à la Forêt des Ténèbres.
– Hum ? Cette vitesse stupéfiante diminua, et depuis les cieux, Miller fixa le sol, sous ses pieds.
Noire-terre était située non loin de la Forêt des Ténèbres, à seulement une cinquantaine de kilomètres de là. Miller se trouvait actuellement juste au-dessus du Mont du Noir-Corbeau. Bien qu’il ait été en train de voler à grande vitesse, il pouvait sentir une quantité importante d’énergie du vent émaner d’en dessous de sa position.
– Quelqu’un d’autre s’entraîne aussi dans les Lois du Vent ? Les yeux de Miller s’illuminèrent.
Miller étudiait lui aussi les Lois du Vent. Il examina attentivement le Mont du Noir-Corbeau, et vit une silhouette humaine, vêtue d’une longue robe bleu marine qui maniait une épée longue violette. Cette silhouette humaine disparaissait et apparaissait sans cesse à plusieurs endroits sur la petite montagne à une vitesse absolument stupéfiante.
– Son niveau de compréhension est plutôt excellent. Cela fait des siècles que je ne me suis pas entraîné contre un autre expert du vent. Le cœur de Miller trépidait d’impatience. Il descendit à toute vitesse.
À présent, Linley avait remarqué cette silhouette humaine qui tombait des cieux à toute vitesse vers lui.
Miller atterrit directement au sommet d’un arbre du Mont du Noir-Corbeau. Debout sur la cime de son arbre, il regarda Linley et dit d’une voix forte et chaleureuse,
– Je m’appelle Miller, et j’étudie aussi les Lois du Vent. Mon ami, voudrais-tu bien échanger quelques mouvements un instant avec moi ?