Depuis qu’ils habitaient dans la province administrative du Nord-Ouest, on pouvait dire que Linley avait eu tout ce qu’il désirait. En un clin d’œil, lui et Bébé ainsi que le second frère, Ankh, avaient atteint le niveau Saint. Leur groupe possédait maintenant quatre experts au niveau Saint. Même les trois unions commerciales majeures ou les quatre guildes d’assassins ne pouvaient se vanter d’en avoir un tel nombre !
Ils représentaient maintenant une force cachée extrêmement puissante.
Malheureusement, dans la capitale impériale, c’était l’inverse pour Wharton.
Dans le large espace dédié à l’entraînement à l’arrière de son manoir, Wharton agitait sauvagement leur héritage ancestral, la lame de guerre « Massacreur ». De la sueur coulait de tous les pores de sa peau, mais il ne semblait pas ressentir la fatigue et continuait de s’entraîner.
L’intendant Hiri, qui regardait en silence depuis le côté, secoua la tête doucement.
– Wharton est tout comme son père. Il prend l’amour bien trop au sérieux. Hiri avait vu Hogg grandir, et avait vu à quel point ce dernier était tombé amoureux de la mère de Linley, Lina. Lorsque celle-ci s’était faite enlever, Hogg avait été malheureux pendant plus de dix ans. La seule raison pour laquelle il avait enduré cette situation était parce qu’il avait dû s’occuper de Linley et Wharton.
Dès que Hogg avait senti que Linley et Wharton n’avaient plus besoin de lui, il avait tout jeté pour aller enquêter sur la disparition de sa femme. Et finalement, il l’avait payé de sa vie.
– Wharton est pareil. Sa Majesté Impériale ne lui a pas totalement coupé tout espoir. Il a seulement demandé à Wharton d’attendre et a précisé qu’il n’y avait aucun besoin que la Septième Princesse se marie aussi tôt. Mais depuis, Wharton est comme ça… Hiri continuait à soupirer pour lui-même.
Hiri ne savait pas qu’il n’y avait pas que Hogg et Wharton qui étaient comme ça. Linley était pareil aussi.
– Rhaaaaaa.
Après ce cri bestial, Wharton s’arrêta lentement de bouger et laissa ses bras retomber doucement le long de son corps, son arme toujours en main. Après s’être entraîné pendant ces nombreuses années, Wharton avait déjà atteint un niveau de maîtrise important de la lame de guerre. Le cri bestial qu’il venait de lâcher était simplement l’une des marques du style de combat qu’il avait développé.
– Papy Hiri. Wharton regarda l’intendant Hiri, avec un léger sourire forcé sur son visage.
Maintenant qu’il avait relâché toutes ses frustrations, Wharton se sentait légèrement mieux.
– Wharton, ne sois pas trop triste. La Septième Princesse et toi avez toujours une chance. Hiri sourit. Je pense que la raison pour laquelle Sa Majesté Impériale joue la montre est parce que c’est dur pour lui de choisir entre toi et Caylan.
Wharton acquiesça.
En réalité, il comprenait très bien le conflit interne de l’Empereur.
Il était un Empereur qui tenait en haute estime la valeur des personnes et était aussi un homme qui prenait des décisions justes. Mais il avait une faiblesse. Et cette faiblesse était : sa famille et ses amis ! Il était parti pris dès qu’il s’agissait de proches !
Tout le monde à l’intérieur de la capitale impériale le savait.
Vingt ans plus tôt, par exemple, le clan qui contrôlait la province administrative de Sud-Ouest avait fait plusieurs erreurs. Puisque ce clan ne possédait pas le soutien d’un expert de niveau Saint, leur clan fut finalement destitué par l’Empereur. À ce moment, de nombreux clans cherchèrent à recevoir le contrôle de cette province laissée vide. Mais à la fin, l’Empereur la donna à son seul et unique jeune frère, le Duc Julin [Yu’lin].
L’Empereur avait tendance à être biaisé envers toutes les personnes dont il était proche.
Le père de Caylan, le Premier Ministre de Gauche, Judd Darryl [Jia’de Da’li’er], avait grandi aux côtés de l’Empereur. Ils étaient en très bons termes tous les deux. Lorsque l’Empereur prit le trône, il nomma naturellement Judd Darryl à un haut rang avant de le nommer plus tard Premier Ministre de Gauche. Ce dernier possédait maintenant un énorme pouvoir et pouvait être décrit comme n’étant le second en pouvoir que derrière l’Empereur lui-même.
Le fait que l’Empereur soit si proche du Premier Ministre de Gauche faisait qu’il était naturellement très partial et protecteur envers Caylan, son fils, aussi.
En plus de cela, Caylan était très talentueux. Il aurait donc été tout naturel que l’Empereur accepte la demande en mariage de Caylan avec Nina. Toutefois, Wharton souhaitait aussi se marier avec elle et Nina elle-même aimait Wharton. Cela faisait donc hésiter l’Empereur.
Caylan et Wharton étaient tous les deux très talentueux.
Il adorait Caylan, mais il adorait aussi sa fille, Nina.
Le père de Caylan était l’un de ses précieux amis et l’un des piliers de l’empire. Mais Wharton était un Guerrier Dragonblood.
C’était un choix très difficile à faire !
– Je comprends ce que Sa Majesté Impériale doit penser. Le fait qu’il ait refusé ma demande signifie que ce ne sera pas facile pour nous deux d’être ensemble, soupira Wharton.
– Wharton, aie confiance en toi, l’encouragea Hiri.
Wharton força un sourire sur son visage.
– Papy Hiri, j’ai conscience en la situation actuelle. Dans l’empire, les décisions de Sa Majesté Impériale font office de loi absolue. La seule personne dont il a peur est le Dieu de la Guerre lui-même. C’est la raison pour laquelle je voulais originellement prendre part à la compétition pour devenir un disciple d’honneur. Je voulais établir une certaine relation avec le Dieu de la Guerre afin d’obtenir potentiellement son appui. À partir du moment où il aurait été prêt à m’aider, tout aurait été réglé.
Le Dieu de la Guerre. Le vrai pilier et la réelle fondation de l’Empire O’Brien.
Un simple mot de sa part pouvait faire abdiquer l’Empereur sans que celui-ci n’ose se plaindre. Le Dieu de la Guerre était, après tout, le fondateur de l’empire ainsi qu’un expert de niveau Divin se tenant au sommet des pouvoirs du continent Yulan.
– Prends ton temps. Ne précipite pas les choses, le consola l’intendant Hiri.
– Seigneur Comte, la Septième Princesse est ici. Un serviteur arriva dans l’espace dédié à l’entraînement avant de s’incliner respectueusement et d’annoncer l’arrivée de Nina.
– Nina est venue ? Wharton était très surpris.
Bien que les deux soient très proches, Nina ne venait que très rarement le voir dans son manoir. Wharton se rinça rapidement avant de se changer et d’aller retrouver Nina dans le hall.
À l’intérieur du hall principal.
Une expression de bonheur était visible sur le visage de Nina. La servante qui se trouvait derrière elle rit doucement.
– Princesse, à votre avis quelle tête fera le Comte lorsqu’il entendra la nouvelle ?
– Quelle tête fera ce grand dadais ? Nina réfléchit à la question et son sourire s’élargit encore plus.
Tandis qu’elle discutait avec sa servante, Nina entendit soudainement des échos de pas. Après s’être tournée, elle vit une silhouette large et puissante entrer, aussi belle qu’un demi-dieu. Les yeux fixés sur la silhouette familière, Nina sentit son cœur s’accélérer. Dans son cœur, Wharton était déjà devenu son pilier mental de support.
– Nina, pourquoi es-tu venue ici ? N’as-tu pas peur que ton impérial père te gronde ? Wharton rit tout en s’approchant.
Nina fit une moue.
– Il peut me gronder s’il veut. Je voulais venir.
En voyant l’expression adorable présente sur le visage de Nina, Wharton sentit son cœur se réchauffer. Il alla s’asseoir à côté d’elle et lui prit les mains.
– Nina, d’après ton expression, je sens que tu me caches quelque chose.
Nina retroussa son nez avant de dire avec ravissement,
– Je ne peux rien te cacher. Je suis venu te donner quelques bonnes nouvelles.
– Des bonnes nouvelles ? Quelles sont-elles ? Ton père a-t-il changé sa décision et décidé de nous autoriser à nous marier ensemble ? demanda nonchalamment Wharton.
Les mots de l’Empereur étaient aussi précieux que de l’or. Comment aurait-il pu si facilement revenir sur ce qu’il avait dit ?
– Non, évidemment. Le sourire de Nina était brillant.
– Alors qu’est-ce que c’est ?
L’expression de Nina devint solennelle.
– Il y a deux jours, j’en ai parlé avec mon père, mais il n’a pas voulu changer sa décision. J’étais mécontente alors j’ai pensé à quelque chose. Je suis allée voir directement grand frère Caylan.
– Tu as été voir Caylan ? Les sourcils de Wharton bondirent. Caylan était son rival sur le plan amoureux. Pourquoi as-tu été le voir ?
Nina se trémoussa sur sa chaise.
– Ok, arrête d’essayer de deviner. Je suis juste allée voir Caylan pour discuter avec lui. Je lui ai dit que la seule chose que je ressentais pour lui était l’affection que j’avais envers un grand frère. Nous avons grandi ensemble et il a réellement toujours été un grand frère pour moi. Je lui ai demandé de nous aider tous les deux. Je lui ai dit que si je devais te quitter, je serai incapable de continuer à vivre.
Wharton se sentit soudainement très touché.
– Après cela, grand frère Caylan est resté silencieux un long moment, mais à la fin, il a accepté de m’aider. Il parlera à mon père et arrêtera de demander ma main, pour nous permettre d’être ensemble. Le sourire de Nina était incandescent.
– Caylan abandonne ? Wharton était choqué.
Cela faisait maintenant de nombreuses années qu’il vivait à la capitale impériale et il avait interagi avec Caylan plusieurs fois. Il avait été capable de voir clairement l’amour que ce dernier ressentait pour Nina. Il était réellement, totalement amoureux d’elle. Et pourtant, il était prêt à abandonner. Wharton se sentait très touché, tout en admirant d’une certaine manière la force de résolution de Caylan.
– Grand frère Caylan a abandonné et les autres ne sont pas vraiment une menace. Quant à Lamonte, il ne peut se comparer à toi dans le cœur de mon père. Une expression de joie était visible sur le visage de Nina. Grand dadais, il n’y a plus personne qui puisse nous empêcher d’être ensemble maintenant.
Excitation !
Il était impossible pour lui de juguler les sentiments d’excitation et de joie qui gonflaient dans son cœur. Son rival le plus puissant, qui lui donnait des cauchemars toutes les nuits, venait d’abandonner volontairement. Cette joie inattendue fit légèrement tourner la tête à Wharton.
Face au sourire incandescent de Nina, Wharton, se sentit encore plus touché qu’il ne l’avait jamais été.
– Bien. Plus personne ne peut nous empêcher d’être ensemble maintenant. Wharton prit Nina dans ses bras.
…..
Linley, Bébé, Haeru, Rebecca, Leena, Jenne, Zassler et les frères Barker quittèrent le village de Toit-de-Nuage avant de se diriger vers la capitale provinciale de Basil.
Un jour plus tard, ils arrivèrent devant les portes du château du clan Jacques.
– Qui va là ? Rugit un garde du château. Le clan Jacques représentait l’hégémonie locale et leur quartier n’était pas un endroit où n’importe qui pouvait entrer.
Le cinquième frère, Gates, répondit immédiatement d’une voix forte.
– Va informer McKenzie que notre Seigneur Linley est arrivé.
– Qui fait autant de bruit dehors ?!
Une voix familière résonna. Linley regarda avec attention en direction de la voix. C’était en effet ce dandy d’Albert qui arrivait avec une cohorte de serviteurs.
À la vue du groupe de Linley, le visage d’Albert changea.
– Tu t’appelles Ley, n’est-ce pas ? Comment oses-tu venir jusqu’à ma maison ? Une expression sauvage et vicieuse apparut sur le visage d’Albert. Je ne m’attendais pas à ce que ces six experts de l’Église de Lumière ne soient pas capables de te tuer. Mais mon clan Jacques ne sera pas aussi facilement tyrannisé par les personnes de ton genre.
Au même moment, Albert remarqua Jenne ainsi que Rebecca et sa sœur, qui se tenaient derrière Linley.
La beauté de Jenne ressemblait à une fleur au milieu de l’eau tandis que Rebecca et Leena possédaient une grâce mystérieuse qui était extrêmement hypnotisant.
– Par l’enfer, comment ce gars peut-il avoir autant de jolies filles qui le suivent ? Albert se sentait extrêmement jaloux.
– Comment oses-tu venir causer des problèmes aux portes de notre clan ? Gardes ! Arrêtez-les ! Ordonna immédiatement Albert d’une voix forte.
Les gardes qui se trouvaient autour chargèrent immédiatement vers l’avant mais avant même que Linley ait esquissé le moindre mouvement, Barker et ses frères chargèrent à leur rencontre.
– Épargnez leurs vies, dit calmement Linley.
– Bien, dit Gates avec excitation.
– Tant qu’ils ne meurent pas, c’est bon, c’est bien ça ? Les yeux de Barker contenaient une pointe de joie aussi. Les cinq frères avaient été renommés dans les Dix-huit Duchés de Nord pour leur attitude de guerriers sanguinaires. À la tête de leurs armées, ils avaient tué d’innombrables ennemies.
Les cinq étaient comme une machine de guerre. Ils attrapaient un garde après l’autre, aussi facilement que des poulets, et les balançaient sans peine, comme des sacs de sable, vers les portes du château. La force des jets des frères Barker était assez puissante. Les guerriers du cinquième et sixième rang, qui gardaient les portes, se retrouvèrent avec les os brisés en retombant au sol.
– Vous… Albert était si furieux que son corps entier tremblait. Vous êtes trop arrogants et sauvages. Vous osez agir ainsi dans le manoir du clan Jacques ?
– Que se passe-t-il ICI ?
Un autre rugissement furieux put se faire entendre alors qu’un autre groupe de personnes apparaissait du château. La personne qui était à leur tête, était un homme d’âge mûr qui avait un visage lisse. Albert s’inclina immédiatement.
– Père. Ces hommes causent des problèmes à nos portes. Ils ont même blessé plusieurs de nos gardes.
– Oh ? L’homme était le patriarche du clan Jacques, Odin [Ao’deng] Jacques.
Celui-ci regarda froidement le groupe de Linley.
– Haha, mon frère Linley est arrivé ! Un rire puissant résonna tandis qu’une silhouette floue descendait des cieux, avant d’apparaître devant les portes du château.
Une silhouette fine, bien droite. Quelques cheveux blancs.
Odin et Albert, en voyant l’homme, abandonnèrent tout sens d’arrogance et s’inclinèrent immédiatement.
– Odin, que fais-tu ici ? McKenzie regarda froidement Odin.
Ce dernier trembla, n’osant même plus parler. Il avait entendu les mots qu’avait dit précédemment McKenzie : « frère Linley ». Il n’osait plus prononcer un mot.
– Cela n’a rien à voir avec cet Odin. Il s’agit seulement d’une légère dispute entre son fils, Albert, et moi-même. C’est pourquoi, il voulait utiliser les forces du clan pour résoudre ses problèmes privés, dit Linley d’un sourire calme.
– Dispute ? McKenzie hocha la tête.
Après avoir jeté un simple coup d’œil à Albert, McKenzie se tourna vers Odin.
– Odin, fais en sorte qu’Albert soit envoyé dans la ville préfectorale de Déco pour assister son oncle. La capitale provinciale de Basil n’est plus la bienvenue pour lui pour le moment.
Le visage d’Albert devint instantanément blanc.
La capitale provinciale de Basil n’était plus la bienvenue pour lui ? Cela revenait au même que de dire que sa position d’héritier du pouvoir du clan venait de lui être retirée. Qui plus est, il était exilé dans une ville préfectorale et il ne serait même pas gouverneur, il serait juste là-bas dans un rôle d’assistance. Dans le futur, il ne serait même pas au niveau de pouvoir de Keane.
– Bien, père de mon père. Odin n’osa pas hésiter une seule seconde.
Dans la province administrative du Nord-Ouest, le statut de McKenzie était équivalent à celui qu’avait le Dieu de la Guerre dans l’Empire O’Brien. Même s’il voulait qu’Odin abandonne sa position de patriarche du clan, ce dernier n’oserait pas émettre une seule complainte.
– Frère Linley, je suis vraiment désolé. J’étais sorti pour une petite balade un peu plus tôt donc je suis arrivé légèrement trop tard. McKenzie accueillit avec chaleur Linley dans son château.
En souriant, Linley entra dans le château aux côtés de McKenzie et avec Odin qui les suivaient respectueusement. Quant au pâle Albert, plus personne ne lui prêtait attention.