Les dix Démons qui avaient eu la chance de survivre et la centaine de participants à l’épreuve, en se voyant encerclés par un important groupe de Dieux Supérieurs qui les regardaient comme s’il s’agissait de cadavres, étaient en état de choc et tremblaient.
« Mais que signifie ceci ? » Se demandait Linley qui n’osait en croire ses yeux.
Alors qu’ils étaient sur le point de rejoindre la Cité de l’Aile Impériale et de devenir des Démons, voilà qu’ils étaient attaqués!
– « Que faites-vous ? » Demanda Loysius, le plus fort des experts du groupe de Linley en regardant les gens qui l’entouraient, les sourcils froncés.
S’il n’avait pas confiance en sa capacité d’affronter les Dieux Supérieurs, en revanche, il était certain de pouvoir s’échapper.
– « Ce que nous faisons ?! » Ricana l’un des hommes en robe noire.
Soudain, quelques-uns s’écartèrent, formant comme un couloir dans les airs et un personnage en robe grise surgit.
– « Maître! Seigneur! » S’écrièrent les hommes en robe noire en s’inclinant respectueusement.
Mais l’homme en robe grise fixait sur Loysius un regard profond et lugubre : on aurait dit qu’il voulait le dévorer vivant.
Loysius et les autres le regardèrent, stupéfaits : cet homme ressemblait trait pour trait au maître du château!
– « Vous… Vous êtes… »
C’est alors qu’une pensée leur traversa l’esprit : et s’ils avaient seulement tué un clone divin ?
L’homme en robe grise avait un visage froid et sinistre avec, au coin des lèvres, un léger sourire cruel. Son regard balaya l’assistance et revint se poser sur Loysius, l’homme qui avait détruit son clone, celui qu’il haïssait le plus.
– « Qui êtes-vous, vous qui avez osé détruire la créature métallique du Château du Démon ? » rugit soudain une voix tandis que l’aîné aux cheveux d’argent, s’approchant, lui lançait un regard furieux. « Visiblement, vous cherchez à nous attaquer! Vous êtes vraiment très arrogant! »
– « Le Château du Démon ? » L’homme en robe grise leva un sourcil et tourna vers lui : « Et après ? Pensez-vous que si je vous tue, les véritables experts du siège de votre château se lanceront à ma poursuite ? Par ailleurs, il n’existe qu’une relation de travail entre les puissants Démons Sept Étoiles et vous autres membres du château. Jamais ils n’obéiront à vos ordres! »
L’ancien aux cheveux d’argent en fut abasourdi. L’homme en robe grise le regarda avec mépris et sa mâchoire bougea légèrement.
– « Vous me demandez qui je suis ? Je vais vous le dire : mon nom est Wyrnessin! Avez-vous déjà entendu parler de moi ? »
« Wyrnessin ? » L’ancien fronça légèrement les sourcils.
En entendant ce nom, Loysius et les autres furent convaincus qu’ils ne s’étaient pas trompés : cet homme en robe grise était bien le maître du château. Ou plus précisément l’autre clone divin.
– « Lui! »
Linley, Délia, Bébé et Regina, stupéfaits, se souvinrent soudain que juste avant d’être tué, le dragon noir du château avait crié qu’il était Wyrnessin.
« Pas étonnant qu’il soit venu pour se venger », pensa Linley, un peu effrayé à présent. « Avant de mourir, il a dit à son assassin qu’il le regretterait. Visiblement, personne ne se souvient de son nom. »
Cet homme avait peut-être été très célèbre mais aucune des personnes présentes ne semblait au courant.
Wyrnessin laissa échapper un petit soupir.
– « Il semblerait que je sois resté trop longtemps caché. Même le personnel du Château du Démon m’a oublié. »
Il dégageait naturellement une force si terrifiante que tous comprirent qu’il s’agissait d’un expert extrêmement puissant!
Loysius et son troisième frère, pendant ce temps, se parlaient télépathiquement.
Soudain, on entendit un grand bruit et deux ombres s’envolèrent vers le Nord.
Leur ennemi se tenant au Sud, les deux frères avaient opté pour la direction opposée.
Wyrnessin eut un ricanement froid.
La vingtaine d’hommes en robe noire qui se trouvaient au Nord tendirent brusquement la main droite, générant une énergie noire qui forma comme une gigantesque toile qu’ils envoyèrent en direction de Loysius et son frère.
En voyant se déployer cette “toile” géante, les deux hommes, terrifiés, battirent en retraite.
Soudain, Loysius se retrouva face à face avec Wyrnessin et du revers de la main, balaya l’air de son cimeterre bleu pâle avec un rire sauvage. Cependant, son adversaire l’arrêta d’un simple geste du doigt.
Un son clair et métallique retentit : Loysius lâcha son cimeterre, poussa un cri de douleur extrême et porta les mains à sa tête.
– « Mon frère ?! » S’empressa d’appeler le musclé aux cheveux bleus mais visiblement, Loysius ne l’entendait pas et continuait à se tordre de douleur en se tenant la tête, hurlant toujours.
« Mais que se passe-t-il, mon frère ?!! » Cria l’autre, totalement hors de lui.
– « Stop! » Dit alors calmement Wyrnessin.
Aussitôt, Loysius cessa de hurler et revint à lui.
– « Vous possédez une Sangsue Spirituelle ? » Demanda-t-il, terrifié.
À ces mots, l’homme musclé et les autres Démons devinrent tout blancs. Les gens expérimentés avaient parfois entendu parler de cet objet interdit, rarement disponible à la vente au Château du Sable Noir et dont le prix était renversant.
– « En effet », répondit Wyrnessin avec un petit rire. « Il m’a fallu beaucoup d’efforts pour la créer. »
– « Parce que vous l’avez fait vous-même ?! » S’écrièrent bon nombre des personnes présentes, estomaquées.
Il y avait peut-être beaucoup, beaucoup de Dieux Supérieurs entraînés aux Édits de la Mort mais rares étaient ceux capables de créer une Sangsue Spirituelle. Il y avait 108 Asuras dans le Royaume Infernal mais difficile de dire s’il y en avait autant qui soient en mesure de créer une telle arme.
– « Pensiez-vous que je vous laisserais mourir si facilement ? » Ricana Wyrnessin. « Vous devriez être fier que je gaspille pour vous une Sangsue Spirituelle. »
« Fier ? » Tremblant de tous ses membres, Loysius repensa aux terribles effets et à la douleur qu’il venait de vivre et des gouttes de sueur apparurent sur son front.
Il serra les dents et tenta de se suicider en se frappant la tête mais avant même que sa main n’atteigne son front, il se remit à hurler de douleur et à convulser, le regard fou.
Quelques instants plus tard, il cessa de crier et, le visage gris, tel un infirme, fixa son ennemi, terrifié.
– « Je vous avais dit que je vous le ferais regretter », dit Wyrnessin qui, en cet instant, ressemblait à un souverain, loin au-dessus d’eux et qui tenait leur vie entre ses mains.
Leurs cœurs tremblaient de terreur.
S’il était capable de créer une Sangsue Spirituelle, cela signifiait que ce Wyrnessin avait déjà atteint un niveau de réalisation étonnant dans les Édits de la Mort.
Soudain, l’expert éclata d’un rire fou qui terrifia tout le monde, y compris Linley et son groupe et balaya du regard les autres Démons :
– « Toutes les personnes impliquées dans cette affaire mourront! »
Les Démons ainsi que les quelque cent survivants parmi les candidats et le personnel du château étaient morts de peur.
– « Patron », appela Bébé avec son sens divin.
Linley, qui ne savait que faire, répondit :
– « Vois comment les choses évoluent. Au dernier moment, nous devrons nous enfuir. »
Même quelqu’un aussi puissant que Loysius n’était pas capable de résister à Wyrnessin.
S’il n’avait jamais entendu parler de Sangsue Spirituelle, à voir l’expression du visage de Loysius et à entendre leur discussion, il devinait sans peine que ce n’était vraiment pas un objet ordinaire.
– « Wyrnessin, vous… vous ne pouvez pas! » S’empressa d’intervenir l’ancien aux cheveux argentés « Pas si près de la Cité de l’Aile Impériale… »
– « Qu’ai-je à craindre du moment que je ne tue personne en ville ? » Gloussa l’expert. « Je peux bien tuer quelques personnes insignifiantes comme vous. »
Linley réfléchissait à toute vitesse. Il regarda Délia et Bébé qui se trouvaient près de lui :
« Si nous voulons vivre, nous n’avons pas d’autre choix que de fuir. Comme nous sommes près de cent, ils ne pourront pas tous nous rattraper. Par ailleurs, étant très proches de la Cité de l’Aile Impériale, nous avons peut-être une chance d’y arriver. »
« Je ne peux pas mourir! Je ne veux pas mourir! » pensaient les autres participants qui, eux aussi, voulaient rester en vie.
Soudain, une voix résonna dans l’esprit de tous :
– « Fuyons mes frères, fuyons! »
Linley, Délia et Bébé n’hésitèrent pas.
– « Vers l’ouest. Vite! » Envoya télépathiquement Linley.
Immédiatement, plus de la moitié des personnes encerclées prirent la fuite dans des directions différentes.
Tous les hommes en robe noire balayèrent l’air de leur paume droite et comme précédemment, émirent une dense couche d’énergie noire. En les regardant de près, on pouvait voir de complexes runes magiques sur leur corps ou leur robe. Tous unirent leurs forces et quadrillèrent toutes les directions d’un filet qui englobait les cieux.
Les premiers qui avaient fui se heurtèrent à la toile noire et furent repoussés par une puissante vague d’énergie.
N’ayant nulle part où fuir, Linley et les autres retournèrent d’où ils venaient.
Wyrnessin les regarda avec dédain.
– « Si je laissais s’enfuir des petits gars comme vous, je ne pourrais pas rester un instant de plus au Royaume Infernal » dit-il. Puis, jetant un regard méprisant à l’ancien aux cheveux argentés, il ajouta : « Cependant, je peux vous laisser une chance de rester en vie. »
Tous les regards se tournèrent vers lui.
– « C’est très simple », reprit le maître du château du Lac avec un large sourire en pointant du doigt le groupe : « je laisserai en vie un Dieu et un Dieu Supérieur. « Vous ne direz pas que je ne vous ai pas laissé de chance! »
D’abord abasourdi, tous se lancèrent immédiatement un regard méfiant.
– « Qu’allons-nous faire ? » Demanda mentalement Délia à Linley.
Mais celui-ci, le regard fou d’inquiétude, gardait le silence.
Que devraient-ils faire ? Que pouvait-il faire ?
Soudain, quelqu’un attaqua et aussitôt, le fil qui les liait en tant que groupe fut rompu!
– « Ne me poussez pas à bout! » Rugit Linley en brandissant son épée adamantine.
– « Massacrez-vous! Massacrez-vous! » Beuglait Wyrnessin, les yeux remplis de sauvagerie, ses longs sourcils dansant dans les airs. « Je ne tuerai pas les derniers survivants. »
Il déchargeait toute sa colère, bien décidé à condamner tous ceux qui étaient impliqués dans la destruction de son clone divin.
« Il fallait bien que je vous laisse un peu d’espoir », pensait-il, « et lorsque je tiendrai les deux derniers survivants, je vous ferai subir les pires tourments. Je ne vous tuerai pas de mes mains, mais je suis capable de vous pousser au suicide! »
Il était tout excité et impatient de voir les deux survivants confrontés à cette issue terrifiante.
« Je vous l’avais dit : vous allez le regretter! »
Pouvait-il en laisser un seul s’enfuir alors qu’il avait l’intention d’assouvir sa vengeance ?
Soudain, il plissa les yeux : Loysius dégringolait si vite que les hommes en robe noire autour de lui étaient incapables de le bloquer.
« Fuirait-il ? »
Il le prit aussitôt en chasse.
À nouveau, le Loysius qui flottait dans les airs poussa un cri de douleur tandis que son clone divin chutait toujours à grande vitesse.
Soudain, cependant, Wyrnessin l’intercepta et lui lança un regard dédaigneux :
– « Pensiez-vous que j’ignorais que vous possédiez un clone divin ? »