Alice sentit son cœur trembler. Un sentiment de chaleur traversa son cœur accompagné d’un sentiment de remerciement et de regrets infinis.
– Grand-frère Linley, merci. Merci. Alice ne put s’empêcher de se répéter. Des larmes commençaient déjà à briller dans ses yeux. Des larmes d’excitation et de soulagement.
Linley sourit.
– Rentre chez toi. Cet après-midi, j’irai au palais rendre visite à Sa Majesté.
Linley pouvait maintenant sentir que son cœur était très calme en voyant Alice. Lorsqu’il la voyait, tout ce qu’il voyait était une amie avec qui il était en de bon terme. Rien de plus.
– Bien. Merci. Alice regarda Linley une dernière fois puis se tourna et partit.
Originellement, Alice était effrayée à l’idée qu’à cause de leur passé commun, Linley en voudrait à Kalan et ne serait pas prêt à l’aider. Mais sa réaction avait été totalement différente de ses attentes. Linley n’avait pas du tout été agité. Il avait même été très calme.
Tout en regardant le dos d’Alice disparaître, Linley s’assit. Il attrapa un fruit et se mit à le manger nonchalamment. À ce moment, Bébé apparut.
– Boss, tu vas aider cette Alice ? Si c’était moi, je l’aurais renvoyée d’ici depuis longtemps. Elle devrait déjà être reconnaissante que tu ne l’aies pas écrasée avec ta main ! Dit Bebe, mécontent.
Linley posa son regard sur Bébé.
– Bébé, les humains ne sont pas des créatures magiques.
À ce moment, Doehring Cowart sortit de l’anneau Panlong. Il regarda Linley d’un regard approbateur et dit,
– Linley, tu as très bien agi. J’étais légèrement inquiet que tu agirais comme un enfant en colère et que tu l’enverrais voir ailleurs, pour remuer le couteau dans la plaie.
– Un enfant en colère ? S’écria Linley.
Aux yeux de Doehring Cowart, une telle attitude aurait en effet été celle d’un enfant.
– C’est vrai, quoi. Les femmes, pff… Il y en a partout, pourquoi se préoccuper d’en perdre une ? gloussa Doehring Cowart.
Linley fut instantanément sans voix. Il ne partageait pas du tout le point de vue de Doehring Cowart sur les femmes, qui était très similaire à celui de Yale et Reynolds.
– Bien, assez de parlote. Je dois continuer à m’entraîner. Linley se leva immédiatement avant de retourner dans le Jardin des Sources Chaudes.
Alice n’était pour lui qu’un court épisode, incapable d’affecter son humeur. Pour l’instant, la seule chose dont Linley se préoccupait était… de venger son père.
….
– Sa Majesté est actuellement dans son étude, il s’occupe des affaires du royaume. Seigneur Linley, je vous en prie, suivez-moi, dit respectueusement le serviteur du palais.
Linley acquiesça.
Bébé sur l’épaule, Linley se mit à suivre le serviteur. Après quelques minutes, ils arrivèrent finalement.
– Votre Majesté ! Le Seigneur Linley est arrivé ! Annonça le serviteur depuis l’extérieur de l’étude.
Clayde, qui avait été, jusque-là, absorbé dans la lecture de texte, leva alors la tête. Son regard de félidé tomba sur Linley et ses yeux brillèrent d’excitation. Avec un grand rire, il dit,
– Linley, viens, entre vite. Il n’y a pas besoin de mettre tant de cérémoniel entre nous deux.
– Oui, votre Majesté. Linley sourit tout en entrant dans l’étude. Aux yeux de Linley, Clayde était un homme franc et sincère qui était aussi incroyablement poli avec lui et n’utilisait jamais sa position de roi pour l’intimider.
– Si ce n’était pour la mort de mon père, songea Linley pour lui-même, peut-être que nous serions devenus amis. Mais viendra un jour où je devrai te tuer. Pour l’instant, la seule chose qui me manque est l’opportunité. Linley n’avait pas d’hésitation dans sa décision de tuer Clayde. Il était déterminé à aller jusqu’au bout.
Dès qu’il en aurait l’opportunité, il le tuerait définitivement.
Clayde donna un verre de vin à Linley avant de trinquer avec lui et de prendre une gorgée de son propre verre.
– Linley. C’est assez rare que tu viennes volontairement me voir au palais. Qu’es-tu venu discuter avec moi aujourd’hui, mon Premier Mage de Cour ?
Linley eut un petit rire.
Le Premier Mage de Cour avait en réalité quelques responsabilités mais Linley ne s’en était jamais occupé. Il laissait les autres mages de la cour s’occuper de ces responsabilités et Clayde ne lui avait jamais mis de pression pour qu’il s’en occupe. Après tout, Linley n’était un serviteur du Royaume de Fenlai que de nom. Tout ce qu’il faisait… était de montrer que lui, Linley, était du côté de Clayde.
– C’est vrai que je suis venu aujourd’hui pour discuter de quelque chose. Linley sourit tout en regardant Clayde. Avec la suspicion d’activités de contrebande reposant sur le clan Debs, Sa Majesté a ordonné que Kalan et Bernard soient arrêtés, n’est-ce pas ?
– En effet. Clayde fronça les sourcils. Quoi, es-tu aussi venu pour parler en leur faveur ?
Durant ces derniers jours, plusieurs nobles étaient venus pour parler en bien du clan Debs. La raison pour laquelle ils l’avaient fait était parce que le clan Debs avait utilisé sa fortune.
– Si tu veux réellement sauver leur clan, je peux en effet t’accorder cette faveur, dit directement Clayde.
La seule chose que Clayde voulait réellement démontrer, était la structure de pouvoir qui avait été construite par son jeune frère, Patterson. Quant au clan Debs, il pensait simplement s’en débarrasser. Il était totalement d’accord pour pardonner le clan Debs en échange d’une faveur que lui devra Linley dans le futur. Après tout, même s’il pardonnait au clan Debs, il pouvait quand même les vider de leur fortune dans le processus.
– Non. Linley secoua la tête. Je ne suis pas venu pour parler pour eux.
– Ah ? Clayde regarda Linley avec curiosité.
Linley dit alors,
– Votre Majesté, la question de savoir si le clan Debs s’était engagé dans de la contrebande d’eau de jade ou non, devrait naturellement être examinée de la plus juste des manières.
– Oh ? Alors Linley, la raison pour laquelle tu es venu aujourd’hui est parce que…
Linley se mit à rire,
– Je pense juste que c’est suffisant d’avoir emprisonné Bernard dû à la suspicion qui repose sur leur clan. Quant à son fils, il n’y a aucun besoin de l’emprisonner aussi. Après tout, quel est l’intérêt de prendre aussi le successeur ? Si le successeur est enfermé, un second sera nommé. Tant que le clan n’est pas exterminé, quelqu’un continuera la lignée.
– Linley, tu veux dire… Clayde regarda Linley.
– Votre Majesté, j’espère que vous pourrez libérer Kalan.
– Oh, relâcher Kalan. J’ai entendu dire que toi et Kalan… ? Clayde avait fait une enquête attentive sur Linley. Il connaissait naturellement l’histoire compliquée qu’il y avait entre lui, Kalan et Alice.
Linley laissa échapper un rire d’impuissance,
– Votre Majesté, c’était il y a longtemps.
Clayde lui rappela,
– Linley, je dois te rappeler que d’après ce que je sais, ce Kalan est un homme vicieux, fermé d’esprit qui est, en plus, rancunier.
– Je sais. Linley hocha légèrement la tête.
D’après le peu d’interactions qu’il avait eu avec Kalan, Linley avait déjà senti que ce dernier le voyait avec hostilité. Et… Linley savait que durant les sept jours d’exposition de sa sculpture, quelqu’un avait essayé de la détruire.
Détruire une sculpture était un acte qui ne bénéficiait à personne.
Hormis Kalan, Linley ne pouvait penser à personne d’autre qui aurait pu vouloir détruire « l’Éveil du Rêve ».
– Alors pourquoi l’aides-tu ? Continua Clayde.
– Votre Majesté. Pensez-vous qu’un homme aussi étroit d’esprit, et avec une vision aussi limitée, tel que lui est quelqu’un dont je devrais me sentir concerné ? En souriant, Linley regarda Clayde. Celui-ci se mit aussi à rire.
– En effet. Dans le passé, il pouvait être dit que toi et Kalan étiez de vieilles connaissances. Mais maintenant, non seulement il ne cherche pas à devenir ton ami, il arbore même de l’inimité envers toi. C’est son père qui continue d’essayer de se rapprocher de toi. Comparé à son père, la vision de Kalan est réellement très limitée, s’esclaffa fortement Clayde.
Clayde posa amicalement sa main sur l’épaule de Linley.
– Ne t’inquiète pas. Je vais dire à Merritt de s’occuper de l’affaire avec équité et d’enquêter minutieusement. Le clan Debs ne souffrira pas d’injustice. Mais s’il est réellement coupable de cette affaire de contrebande, je ne leur permettrai pas d’échapper sans punition non plus.
– Bien. Tant que l’affaire est jugée avec équité, c’est parfait, acquiesça Linley.
….
Sur le trajet du retour, dans sa calèche.
Bébé était allongé sur les genoux de Linley.
– Wow, Boss, tu es si démoniaque. Le patriarche du clan Debs était définitivement engagé dans l’affaire de contrebande. Plus tard, son clan sera fini. Même si Kalan est capable de s’échapper maintenant, dans le futur, il sera quand même dans une terrible situation ! Dit Bébé, excité.
Bébé avait voulu détruire Kalan depuis longtemps.
Linley secoua la tête tout en souriant.
– Savoir si le clan Debs sera fini ou non, est dur à dire. Par exemple, ils pourraient donner la grande majorité de leur fortune directement au Roi Clayde et peut-être qu’il leur donnerait une porte de sortie. Mais, quoi qu’il se passe, ils sont maintenant tombés entre les mains de Clayde. Même s’ils ne meurent pas, ils vont perdre plusieurs couches de peau et de chair.
Linley comprenait parfaitement à quel point le monde des nobles pouvait être sombre. Bien qu’en surface, ils parlaient de s’occuper des affaires avec équité, ce n’était rien de plus que des paroles.
– Comparé à Clayde, le clan Debs est trop faible. Linley secoua la tête.
Le frêle Kalan était quelqu’un dont Linley ne s’était jamais inquiété. Kalan n’avait simplement jamais été ne serait-ce que proche de son niveau. Celui dont Linley voulait s’occuper, c’était Clayde !
– Monseigneur, nous sommes arrivés, dit respectueusement le conducteur.
Linley ouvrit la porte de sa calèche avant de sortir. D’un bond, Bébé se repositionna de nouveau sur l’épaule de Linley. Au moment où Linley s’apprêtait à entrer dans son manoir, un garde à la porte lui dit respectueusement,
– Seigneur, un invité est arrivé. Il est actuellement dans la pièce principale et vous attend.
– Un invité ? Dans la pièce principale ? Linley se sentit suspicieux.
Il y avait souvent des nobles qui venaient rendre visite à Linley, mais, sans sa permission d’entrer, tous attendaient silencieusement à l’extérieur. Seules les personnes de haut statut, telles que le Duc Patterson, le Roi Clayde ou encore le Cardinal Guillermo pouvaient entrer directement à l’intérieur, sans attendre dehors.
– Qui est-ce ? Linley ne put s’empêcher de demander
– Je n’en ai aucune idée, mais il tenait dans sa main une médaille de Cardinal, dit respectueusement le garde. En tant que chevalier de l’Église de Lumière, il était très familier avec les insignes des Cardinaux.
Chaque Cardinal possédait un insigne. Naturellement, certains des plus puissants Ascètes en avaient aussi. La possession d’un tel insigne impliquait un certain statut et signifiait que la position de la personne n’était pas inférieure à celle d’un Cardinal.
– Un insigne ? Linley était surpris.
Sans hésiter, Linley s’avança rapidement jusqu’à la pièce principale de son manoir. Au moment où il sortit du couloir et atteint la pièce, il fut choqué par la personne qu’il découvrit.
À l’intérieur de la pièce se trouvait un homme d’une quarantaine d’années, aux cheveux bruns, portant une robe longue et lâche. Il se tourna immédiatement vers Linley, une lueur d’excitation dans les yeux.
– Maître Linley, vous êtes venu !
– Maître Linley ? L’esprit de Linley était empli de questions, mais il ne dit rien et s’avança à sa rencontre.
– Vous êtes… oh, je me souviens maintenant. Vous êtes celui qui a fait l’offre à dix millions de pièces d’or pour « l’Éveil du Rêve ». Linley se rappelait maintenant.
L’homme d’une quarantaine d’années hocha la tête, excité.
– Je ne m’étais pas attendu à ce que Maître Linley se souvienne de moi. Cela me rend si excité. Oh, oui. Laissez-moi me présenter. Mon nom est… César [Xi’sai].
– César ? C’était la première fois que Linley entendait ce nom.
– César ? La voix de Doehring Cowart résonna soudainement dans l’esprit de Linley. Je ne pensais pas que ce monstre de César serait encore sur ce plan, dans le continent Yulan.
Linley était stupéfait.
Papy Doehring connaissait ce César ? Alors qu’il avait vécu cinq mille ans plus tôt, pendant une autre ère ! S’il le connaissait, alors quel âge pouvait avoir ce César ?
– Linley, ce César est un monstre. C’est quelqu’un qui progressait très rapidement et il tuait en un clin d’œil. Quand j’étais en vie, il était déjà entré dans le royaume du niveau Saint. Bien qu’à ce moment, il n’était qu’aux premiers stages du niveau Saint, après cinq mille ans, d’après sa rapidité de progression, il devrait maintenant être bien plus puissant.
Le cœur de Linley rata un battement dans sa poitrine.
L’homme lui faisant face paraissait n’avoir que trente ou quarante ans, mais il était en réalité un combattant de niveau Saint de l’ère de Doehring Cowart. Son mentor n’avait vécu que mille ans avant de mourir, mais ce César, avait été en vie depuis maintenant quasiment six mille ans.
Un monstre de six mille ans !
– Maître Linley, que se passe-t-il ? Demande César avec inquiétude. Votre visage semble pâle.
– Rien, M. César. Je vous en prie, asseyez-vous. Linley se força à se calmer mais à chaque fois qu’il repensait à la personne qui se trouvait face à lui, il ne pouvait s’empêcher d’être stupéfait.
Un monstre de six mille ans, un super combattant qui avait survécu de l’ère de l’Empire Pouant jusqu’à maintenant, et qui était déjà un combattant de niveau Saint à l’époque. Et maintenant ?
– Maître Linley, je suis en grande admiration devant votre habileté pour sculpter. Si ce n’était pour le fait que cette petite fille, cette Délia, m’avait supplié durant l’enchère, j’aurais acheté votre sculpture. César fit la moue tout en parlant puis ses yeux s’illuminèrent. Alors, Maître Linley, quand est-ce que vous et cette fille, Délia, allez-vous vous marier ?
– Nous marier ?
Quel que soit le choc que Linley avait reçu en apprenant la puissance de César, en entendant ces mots, les yeux de Linley lui sortirent quasiment de ses orbites tandis qu’il regardait, sans voix, César.