Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
A+ a-
Chapitre 117 : La Chasse (Partie 1)
Chapitre 116 : La Bataille de Border Town (Partie 2) Menu Chapitre 118 : La Chasse (Part 2)

C’était la première fois que Carter assistait à une bataille.

Une formation de plus de trois cents chevaliers n’était même pas parvenue à égratigner le bord de leur ligne défensive : ils avaient été littéralement écrasés.

A la fin, ces chevaliers n’étaient même pas parvenus à pénétrer dans la zone de portée de 50 mètres. Celle-ci relevait de la ligne de tir des chasseurs, ces derniers ouvrant le feu sitôt que l’ennemi approchait de cette limite.

Les quatre canons eurent raison de l’assaut ennemi. Dans une zone située entre cent cinquante et cent mètres, gisait, bien alignée, une rangée de vingt corps. On aurait dit qu’ils avaient foncé dans un mur. Ces hommes, tout comme lui, appartenaient à la catégorie des Chevaliers, qui étaient les plus forts parmi les combattants. Sans cela, ils ne seraient jamais parvenus à contrôler leurs chevaux sous les tirs.

Finalement, Carter était heureux de ne pas y avoir pris part. Il avait le petit pressentiment que les futures batailles seraient très différentes, et que bientôt, Roland Wimbledon, qui maîtrisait cette force si puissante, aspirerait au trône et viserait la Royauté. Ce n’était qu’une question de temps.

Lorsque les membres de la Première Armée aperçurent ce champ de bataille sanglant, ils eurent le vertige et se mirent à vomir ou à ressentir d’autres effets indésirables. Ils n’auraient jamais eu cette réaction s’ils avaient déjà tué des ennemis en combat rapproché. La force de dissuasion générée par le fait de tuer à distance étant bien moindre que lorsque l’on tuait avec un couteau, on ne pouvait les en blâmer. Carter choisit quelques hommes au sein de son équipe pour ramasser les membres coupés et les rassembler avec les corps, en même temps qu’ils recherchaient d’éventuels survivants.

Le soleil disparaissait doucement derrière les montagnes. Lorsque Carter vit ce ciel rouge-sang, au loin les bois et leurs corbeaux crieurs, il se sentit soudain envahi d’un sentiment lugubre.

L’ère des Chevaliers était révolue.

Le Duc ne comprenait toujours pas.

Il ne parvenait pas à comprendre sa défaite, à plus forte raison contre une ligne de défense aussi fine que la peau d’un oignon. En temps normal, il lui aurait suffi de tendre le doigt  pour la traverser, mais ce jour-là, ses chevaliers s’étaient enfuis comme s’ils avaient vu le diable en personne. En vérité, il ne pouvait même pas les blâmer dans la mesure où cet assaut était placé sous le commandement de ses chevaliers d’élite.

Ses gardes personnels avaient même été contraints d’abattre certains mercenaires afin qu’aveuglés dans leur fuite ils ne viennent à s’approcher du lieu où se tenait le Duc. Mais il était incapable de faire quoi que ce soit : même en criant de toutes ses forces, il n’aurait pu regrouper les vaincus. En désespoir, Ryan lui-même fut contraint de battre en retraite avec les fuyards, cette fuite inconsidérée n’ayant pris fin que lorsqu’ils furent éloignés de 16 kms.

À la nuit tombée, le Duc choisit un endroit près de la rive pour y camper. Ils allumèrent des torches afin que les chevaliers et les mercenaires qui s’étaient égarés puissent rejoindre le campement, mais la plupart manquaient à l’appel. Comme si cela ne suffisait pas, les esclaves affranchis n’avaient pas hésité à fuir avec les charrettes contenant la nourriture, aussi ce soir-là furent-ils contraints d’abattre quelques chevaux en guise de rations alimentaires.

Réunis sous la plus grande tente, les cinq nobles contemplaient le duc Ryan avec inquiétude. Celui-ci  n’était pas dans son meilleur jour.

– « Quelqu’un peut-il me dire quelle sorte de nouvelles armes ils ont utilisé ? Elles sont bien plus efficaces que les arbalètes et visiblement, elle ne se limitent pas à lancer des pierres comme le font les catapultes », commença le Duc. Il regarda René : « Vous étiez à l’avant-garde, dites-moi ce que vous avez vu. »

– « Mon Seigneur, je… je n’ai pas vraiment vu », répondit René, « Je sais seulement qu’à chaque fois que l’on entendait ce rugissement, nos hommes tombaient par paquets. En particulier la dernière fois : on aurait dit que les chevaliers qui donnaient l’assaut avaient frappé de plein fouet un mur invisible. De plus, j’ai vu leurs têtes et leurs bras se séparer de leurs corps, c’était juste comme si… » il réfléchit un instant « nous étions semblables à des œufs que l’on aurait lâchés du haut des remparts de la ville. »

– « Cela aurait-il pu résulter du pouvoir d’une sorcière ? » murmura le Comte Earl effrayé.

– « Non », répondit le Duc, « Mes chevaliers portaient une Pierre du Châtiment Divin. Le pouvoir d’une sorcière n’aurait jamais pu les blesser! Nous n’avons pas été attaqués par des sorcières qui, face à ces pierres, ne sont plus que des femmes ordinaires. »

– « Oh, mais c’est vrai, monsieur! » s’écria soudain René, comme s’il se souvenait de quelque chose. « Avant d’entendre ce gros bang, j’ai vu des charrettes bien alignées munies d’une sorte d’énorme tube de fer qui émettait une lumière rouge accompagnée d’un nuage de fumée. »

– « Un tube de fer ? Quelle lumière rouge et quelle fumée ? Cela ne ressemble-t-il pas à un canon de cérémonie ? » Demanda le Comte dubitatif.

Il va de soi que le Duc savait ce qu’était un canon de cérémonie. Auparavant, seul le Roi les utilisait pour ouvrir les grandes célébrations, mais à présent, presque tous les Seigneurs y avaient recours. Ryan lui aussi possédait deux canons de cérémonie en bronze dans son château, que l’on utilisait pour enflammer de la poudre de neige. Mais le bruit qu’ils faisaient était très loin de celui-ci, à couper le souffle, qu’ils avaient entendu ce jour-là.

– « Des canons de cérémonie n’auraient jamais pu tuer de chevaliers », dit le Comte Chèvrefeuille. « Quelle que soit l’arme que le Prince a utilisée, elle était assez puissante pour nous vaincre, tous autant que nous sommes. Qu’allons-nous faire à présent ? »

En entendant cela, le Duc Ryan regarda dans sa direction : le mot « défaite » en particulier lui transperçait les tympans.

– « Nous n’avons pas perdu », s’exclama-t-il avec insistance, « Perdre une bataille ne signifie pas perdre la guerre. Nous devons atteindre la Forteresse : une fois là-bas, je pourrai rassembler une autre armée et parallèlement, je bloquerai le commerce par la rivière Redwater. Privée de fournitures alimentaires, Border Town ne tiendra pas plus d’un mois, et aussitôt que le Prince se risquera à évacuer ces villageois, mes chevaliers surgiront de toutes parts et finiront par le vaincre. »

Finalement, ainsi qu’il le souhaitait,  le Duc en sortirait peut-être vainqueur, mais les pertes qu’il avait subies ne sauraient être compensées par une si petite ville… son rêve de reprendre le Nord tournait court. « Zut! Si jamais j’attrape ce Roland Wimbledon, je le découperais en un million de morceaux! », pensa-t-il.

– « Monseigneur, nos navires ne sont pas les seuls à croiser sur la rivière Redwater , il y en a d’autres en provenance de Willow Town, de Fallen Dragon Ridge et de  Redwater City. Si nous bloquons tout, ne…»

Le comte Chèvrefeuille n’était manifestement pas convaincu.

– « J’achèterais tout. Peu leur importe à qui ils vendent. Du moment qu’ils sont payés, ils seront satisfaits », répondit le Duc d’une voix glacée. « À présent, que chacun rejoigne sa tente et se couche. Demain matin, nous nous lèverons de bonne heure pour reprendre la route avec les chevaliers. Tous ceux qui n’ont pas de cheval resteront derrière pour guider les mercenaires. »

« Personne ne se risquerait à marcher de nuit. Si le 4ème prince a l’intention de nous poursuivre, il devra attendre l’aube et alors, il se retrouvera face à face avec les mercenaires », pensait-t-il. « Même si ce groupe de déchets s’est effondré lors de la première rencontre, beaucoup sont encore prêts à se battre pour moi. »

Le lendemain matin, le Duc n’avait toujours aucune nouvelle du 4ème Prince. Afin d’en avoir la confirmation, il envoya ses fidèles collaborateurs pour étendre les recherches, mais ceux-ci ne firent que corroborer ses informations. Ryan se sentit quelque peu soulagé : « Il est très probable que cette nouvelle arme pose les mêmes problèmes que nos trébuchets, elles sont trop lourdes à transporter et ne peuvent être utilisées que pour la défense. Le Prince sait qu’il ne peut compter que sur une armée de mineurs armés de leurs bâtons : il ne commettrait pas une telle imprudence. »

A trois heures de l’après-midi, le Duc ordonna à ses chevaliers de s’arrêter pour le reste de la journée, en attendant que les retardataires puissent les rejoindre. Peu avant le crépuscule, mercenaires et affranchis ayant pu rattraper les 66 chevaliers restants, ils se mirent tous ensemble à ériger à la hâte un cercle de tentes.

S’il parvenait à rester en vie cette nuit-là, le Duc, dès le lendemain, pourrait se précipiter vers la Forteresse de  Longsong. Il serait alors en sécurité, protégé par ses murs calcaires de 30 pieds de haut, ses centaines de gardes et ses fossés naturels. Si son adversaire utilisait sa nouvelle arme à longue portée, il n’aurait qu’à contre-attaquer à l’aide des trébuchets. Dans ces conditions, il était impossible que le Prince l’emporte.

Cependant, durant toute la journée, le Duc se sentit mal à l’aise. Il avait constamment la sensation que quelqu’un l’épiait de loin.

« Ce n’est certainement qu’une impression », pensa-t-il, « je dois être un peu trop nerveux. »

Mais le lendemain matin, Ryan fut réveillé par des coups de feu.

Il sortit de sa tente et s’aperçut que toutes parts, les hommes protégeaient leur tête et tentaient de se faufiler comme des rats. De temps en temps, il pouvait voir une fontaine de sang jaillir dans les airs. Ryan regarda vers l’Ouest : revêtus de leur étrange uniforme,  ses ennemis, bien alignés, se tenaient silencieusement devant son camp. À cet instant, le Duc n’avait qu’une seule idée en tête : « Comment nous ont-ils rattrapés ? Comment se fait-il que les chevaliers que j’ai envoyés hier ne les aient pas repérés ? »

– « Mon Seigneur, vous devez fuir! » s’écria l’un des membres de sa garde personnelle en lui amenant un cheval.

Sortant de sa torpeur, Osman Ryan sauta sans attendre sur le dos de l’animal et suivit son garde en direction de l’Est. Mais à peine avaient-ils quitté le camp qu’ils aperçurent à nouveau cette curieuse armée, toujours revêtue de cet uniforme de cuir et tenant d’étranges et courts bâtons, soigneusement alignée sur deux rangs. Leur expression faciale était presque identique.

Une fois de plus, la joyeuse mélodie au rythme extrêmement riche retentit tandis que les troupes du Prince s’avançaient d’un pas franc en direction du Duc.

 

❤️Soutenez le novel sur Tipeee Je soutiens la trad de Galadriel ! Je clique ici ! 
🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Charon
  • 🥈2. K1nggor
  • 🥉 3. Jimmy
  • 4. Julien Martin
  • 5. Guillaume Vomscheid
  • 6. Julien
  • 7. Lawliet
  • 8. Xetrix
  • 9. Frederic
  • 10. Damou
  • 11. Cesar
🎗 Tipeurs récents
  • K1nggor
  • Xetrix
  • Cesar
  • Julien Martin
  • Frederic
  • Charon
  • Lawliet
  • Jimmy
  • Damou
  • Guillaume Vomscheid
  • Julien


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 116 : La Bataille de Border Town (Partie 2) Menu Chapitre 118 : La Chasse (Part 2)