Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 1074 : Une lettre inattendue
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Dans son théâtre situé au centre de l’ancienne capitale, Carmine Fels était assis à son bureau en train de lire un scénario. 

Soudain, une salve d’applaudissement signalant la fin d’une pièce magnifique vint rompre le silence au moment même où il terminait sa lecture. 

Il ôta ses lunettes, se frotta les yeux, puis referma le script et rangea le livret dont la couverture titrait : “La Princesse Louve”, sur l’étagère près de son bureau parmi de nombreux autres scénarios provenant de la Cité Sans Hiver.

Il y avait entre autre “Journal d’une Sorcière”, “Une Nouvelle Cité” ou encore “L’Aube”, que May lui avait offerts en guise de cadeau d’adieu. Même si ses élèves considéraient ceci comme une manière de se moquer de lui, contre toute attente, le célèbre dramaturge les avait acceptés de bon gré, emmenés à son théâtre et placés de manière bien visible sur son étagère. Depuis, il les avait lus plusieurs fois.  

De son avis, l’intrigue de ces scripts n’était pas assez stimulante ni la narration suffisamment vivante. L’auteur était sans doute un débutant qui se limitait à la simplicité. Cependant, n’ayant rien d’autre à faire, il lisait et relisait ces histoires. 

Depuis quelques temps, en effet, Carmine ne pouvait plus écrire car à chaque fois qu’il prenait sa plume, les scènes qu’il avait vues dans le film magique lui revenaient à l’esprit et l’accaparaient, l’empêchant de visualiser une performance sur scène.

Il est difficile pour quelqu’un qui a goûté au miel de se satisfaire de la douceur de la rosée et c’était exactement son ressenti.  Le fait de voir ce film lui avait ouvert les yeux. En effet, il était beaucoup plus réaliste qu’une pièce de théâtre et permettait même d’offrir au public des gros plans sur les personnages. Si cette expérience époustouflante l’inspirait et lui donnait des idées, il n’avait pas encore eu la chance de participer à la production d’un film magique.

Ceci dit, il avait appris beaucoup de techniques nouvelles et à chaque fois qu’une histoire lui venait à l’esprit, il se demandait comment il la mettrait en scène dans un film.  

Il aurait voulu user de gros plans de visages souriants pour montrer au public ce que les gens ressentaient lors d’une première rencontre ou encore, pour illustrer une séparation, montrer les silhouettes s’éloignant sur un fondu au noir. Des tonnes d’idées comme celles-ci l’assaillaient, mais aucune n’était réalisable dans le cadre d’une pièce de théâtre. 

Acculé et déprimé, il n’oubliait temporairement qu’en relisant les scenarii de la Cité Sans Hiver, même si, bien évidemment, cela ne résoudrait pas ses problèmes. 

Mais dans l’immédiat, il n’avait pas le choix, May ayant refusé de divulguer plus de détails sur le film magique. Quant au Bureau Administratif, il n’avait pas répondu à sa demande. Apparemment, la Cité Sans Hiver lui fermait ses portes et il savait qu’il souffrirait jusqu’à ce qu’il ait trouvé un moyen d’en apprendre davantage. 

Soudain, sa domestique frappa à la porte :

– « Votre courrier, M. Fels », annonça-t-elle.  

Carmine ferma les yeux, s’adossa à son siège et répondit :

– « Laissez-le dehors, je regarderai cela plus tard. » 

Après chaque représentation, ses élèves, dont Réjane et Amelio, avaient l’habitude de venir le voir à son bureau pour discuter avec lui de leur performance et lui demander conseil. Et il voulait se reposer un peu avant leur arrivée.

– « Mais… L’une des enveloppes porte le sceau royal de Graycastle. Or vous m’avez demandé de vous remettre immédiatement toute lettre en provenance de la Cité Sans Hiver… » 

Elle n’avait pas terminé sa phrase que Carmine ouvrit soudain la porte : 

– « Où est-elle ? » 

Surprise, la domestique s’empressa de lui remettre la pile de lettre. Il trouva rapidement celle qu’il cherchait et rendit les autres à la femme, puis il claqua la porte et retourna à son bureau, la laissant abasourdie. 

Impatient, il décacheta l’enveloppe, examina la lettre et eut la surprise de s’apercevoir qu’elle était du Roi en personne! 

« Aurait-il enfin été informé que nous avions l’intention de jouer une pièce pour son couronnement ? » Se demanda-t-il. « Si je parviens à entrer en contact direct avec le Roi, peut-être en apprendrai-je davantage sur le film magique! » 

Enthousiasmé à cette pensée, il s’empressa de lire la lettre.

– « Combien de roses avez-vous reçu aujourd’hui ? » Demanda Amelio à Réjane tandis qu’ils se dirigeaient vers le bureau de Carmine.  

– « Environ une douzaine », répondit la comédienne. « Je ne les ai pas comptées. J’en reçois beaucoup moins qu’avant, mais ça m’est égal. »   

– « Ah, si vos admirateurs vous entendaient, leur cœur se briserait », dit Amelio en riant. « Mais c’était inévitable. Depuis que le Roi a envoyé les nobles travailler dans les mines et a fait de la Cité Sans Hiver la nouvelle capitale, notre public s’est restreint. Mais tant que cette ville subsistera, tout finira par s’arranger. » 

– « Estimons-nous heureux, étant donné la situation, de recevoir encore des fleurs », murmura Bernis. « Trois des six troupes de la ville sont déjà en faillite. J’espère que nous ne serons pas la prochaine. » 

– « Hélas, cette guerre a tout changé… » soupira Réjane. 

Amelio s’éclaircit la voix :

– « Il faut aussi considérer les avantages, mesdames », dit-il. « Notre troupe s’est rapidement agrandie avec les membres des troupes dissoutes que nous avons récupérés. Quel que soit le Roi régnant, nous survivrons. Allez, relevez la tête et ne faites pas grise mine comme ça! M. Fels nous attend. »

À la pensée du maître, tous acquiescèrent et se sentirent ragaillardis. Suite à l’amertume avec laquelle Carmine était rentré de la Cité Sans Hiver, tous avaient travaillé d’arrache-pied pour s’améliorer et tenter de faire honneur à leur professeur. Ils détestaient May pour avoir refusé de dire à M. Fels comment le film magique avait été tourné, allant jusqu’à déclarer qu’il s’agissait d’informations confidentielles. 

Lorsqu’Amelio ouvrit la porte du bureau, il demeura immobile. Le maître n’avait pas l’air dans son état normal. Il s’attendait à ce qu’il les attende confortablement assis dans son fauteuil, au lieu de quoi Carmine était debout devant son bureau, comme apathique. 

– « Quelque chose ne va pas, M. Fels ? » Demanda Bernis, inquiète.  

– « Je viens de recevoir une lettre de la Cité Sans Hiver. Elle est du Roi en personne », dit-il en s’emparant de la missive posée sur son bureau. « Tenez, jetez-y un coup d’œil. »   

– « Tout va bien ? » 

– « Oui. Lisez. » 

Amelio s’empara de la lettre et ses collègues se penchèrent pour la lire. 

Carmine soupira en voyant leurs visages enthousiastes. Ils devaient penser, comme lui au premier abord, qu’il s’agissait d’une lettre d’excuses. Ravis de voir que le Roi avait écrit, ils s’imaginaient que celui-ci avait identifié et puni la personne qui avait empêché la Troupe Carmine de jouer pour la cérémonie du couronnement.

Cependant, le contenu de la lettre dépassait tous leurs espoirs. 

Le Roi, désormais disposé à répondre à ses questions sur le film magique, expliquait clairement qu’il s’agissait d’un instrument spécial capable d’enregistrer des images. Sa Majesté se disait dans l’incapacité de fournir cet outil dans la mesure où il avait été fabriqué à partir de matériaux rares provenant d’une relique antique et ne pouvait être conçu et exploité que par des sorcières. 

« À l’heure actuelle », écrivait-il, « nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles dans toutes les régions de Graycastle en vue de la guerre, désormais imminente. Compte tenu de l’expérience de visionnage unique et du formidable effet de diffusion des films magiques, dont je pense que vous avez déjà été témoin avec “La Princesse Louve”, j’ai décidé que ces films joueraient un rôle important dans la diffusion d’informations et la sensibilisation à l’effort de guerre. Il est regrettable qu’à l’heure actuelle, je ne puisse me permettre d’utiliser cet instrument pour tourner d’autres films qui ne soient pas directement liés à la politique nationale. 

« Mais rassurez-vous, cette situation n’est que temporaire. Après la guerre, lorsque la paix sera revenue à Graycastle, les films magiques deviendront une forme d’art de plus en plus populaire et arrivera un jour où tout le monde pourra tourner. Je suis persuadé qu’alors, vous et votre troupe réaliserez un film exceptionnel. » 

Si Carmine pouvait accepter cette explication, il n’en avait pas moins le cœur brisé car en lisant cette lettre, il venait de comprendre que c’était le Roi lui-même qui avait refusé sa proposition de donner une représentation lors de son couronnement.  

Il se sentait blessé car il avait toujours rêvé de jouer pour le Roi. 

Voyant que, malgré toute l’attention apportée aux préparatifs, sa pièce n’avait pas réussi à retenir favorablement l’attention du monarque, il était convaincu que les compliments adressés à sa troupe n’étaient que pure courtoisie. 

Carmine regrettait d’avoir été aussi imbu de sa personne et d’avoir injustement accusé May.

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