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« Non non, je corrige mes devoirs. »
Notre conversation s’était terminée ainsi.
Sur ce, j’étais retourné au travail.
Rien n’avait changé mis à part la présence d’un téléphone supplémentaire dans mon sac.
J’avais continué à discuter avec Jiajia tous les jours après son école.
Après tout, j’avais peut-être sauvé Jiajia, mais il se trouvait dans un univers parallèle?
Mais dans l’univers dans lequel je vivais, il ne reviendrait pas.
Un après-midi trois jours plus tard.
Ding !
« Maman vient de recevoir un appel. J’ai été affecté au quatrième collège. Va-t’on être camarades de classe ? »
Je me rendis compte qu’il s’agissait de la dernière semaine de notre école primaire. Nous étions occupés à nous préparer pour l’examen et comme je n’avais pas de téléphone, nous discutions rarement. Bien sûr, je ne savais pas dans quel collège il aurait été affecté s’il n’était pas mort. Tout ce que je savais, c’est que j’avais été affecté au sixième.
« Dommage. J’étudierai dans la sixième. »
« Oui, on dirait qu’on doit rester en contact par messagerie. Je ne sais pas pourquoi je n’arrive pas à t’appeler. Ton numéro ne fonctionne pas. »
« J’ai acheté ce téléphone en cachette pour qu’il soit perpétuellement en mode silencieux. Désolé pour ça », répondis-je à la hâte, en pensant que le fait que nous ne soyons pas dans le même collège soit une bonne chose.
De cette façon je ne me ferais pas prendre. Ni dans son univers ni dans le mien.
« Restons en contact, d’accord ? », m’avait répondu Jiajia.
« Bien sûr. »
J’avais regardé son message, perplexe.
Comment seraient les choses entre nous maintenant s’il était encore en vie ?
« Hé, Lu Qiao. On a un nouveau collègue. Fais-lui faire le tour » , s’exclama Daihai, du service des ressources humaines, un sourire resplendissant sur le visage.
« Pourquoi moi ? Je suis déjà très occupé », répondis-je.
« Ne le prends pas comme si je te punissais. La nouvelle collègue est une vraie beauté. »
« Tu n’as pas le droit de dire ça, que connais-tu de mes gouts ? »
La chute de ma mâchoire avait malheureusement raccourci ma phrase.
Une belle femme aux cheveux noirs soyeux qui drapaient ses épaules se tenait juste derrière Daihai. Sa frange se séparait au centre et se terminait juste au-dessus de ses paupières.
« D’accord, je t’ai déjà donné une chance. Vieux Liu, viens. Ce… »
Avant que Dahai ne puisse continuer, je m’étais déjà précipité vers lui et l’avais coupé.
« C’est bon, retourne à ton travail, vieux Liu. »
« Arrête de parler. Je vais lui faire visiter » , chuchotais-je à l’oreille de Daihai.
« Regarde-toi. » Il se mit à rire avant de partir.
La beauté s’arrêta devant moi et sourit.
« Vous êtes Lu Qiao, c’est ça ? »
« Appelez-moi Xiaoqiao », avais-je répondu.
« Ok. Salut, Xiaoqiao. Je m’appelle Lu Qiaoqiao, vous pouvez aussi m’appeler Xiaoqiao », me dit-elle, un sourire brillant sur son visage.
Cet avorton insolent. Il l’avait fait exprès à cause de nos noms.
Néanmoins, la guider était une bonne chose, cela me donnait un prétexte pour avoir son numéro.
J’avais enregistré son numéro dans mes contacts sous le nom de Xiaoqiao.
Après le travail, j’étais rentré chez moi distraitement.
Tout ce que j’avais en tête, c’était la silhouette de Xiaoqiao.
Pour quelqu’un qui était célibataire depuis plus de vingt ans, Xiaoqiao était pratiquement une déesse.
Je voulais tellement apprendre à la connaître.
Mais bien sur, peut-être que je devrais lui envoyer un texto décontracté pour commencer.
Je n’avait pas vraiment fait attention quand j’avais fouillé mon sac, j’avais accidentellement sorti mon téléphone psychotique au lieu du nouveau.
J’allais le reposer quand une idée me vint en tête.
J’ajustais la date et je lui envoyais un SMS.
« Salut, je suis Lu Qiao. »
« Tu as deux numéros, Frère Qiao ? », demanda-t-elle.
C’est alors que je m’étais souvenu que les numéros des deux téléphones étaient différents.
« Ouais. J’ai un téléphone pro et un téléphone perso. »
« Comme c’est professionnel. On dirait que je vais devoir aussi prendre un autre portable. »
…
Les choses se sont plutôt bien déroulées, à part quelques détails.
« Quoi, tu aimes le lait de soja sucré ? J’aime bien le salé. On dirait que tu es une hérétique ! »
Non, non, non. Je remontais le temps une minute en arrière.
Effectivement, les deux derniers messages avaient disparu.
« Ce que j’aime boire ? Le lait de soja salé est le meilleur », avais-je envoyé.
« Wow, vraiment ? On dirait qu’on aime boire les mêmes choses ! Tu ne bluffes pas, hein ? »
« Bien sûr que non, pourquoi ferais-je ça ? », l’avais-je rassurée.
« Je vais dormir maintenant. A demain. »
« Bonne nuit. »
Immédiatement, j’avais avancé l’heure à la nuit suivante après le travail.
« Fatigué ? », lui avais-je demandé.
Et de cette façon, j’avais passé une nuit entière à finir une semaine de conversation avec Xiaoqiao.
J’avais préparé un carnet rempli de ses habitudes et de ses goûts.
Le lendemain, après le travail, je l’avais gardé comme référence.
Avec mon nouveau portable, je lui avais envoyé un SMS.
« Salut, je suis Lu Qiao. »
« Je risque d’avoir besoin de ton aide à partir de maintenant, frère Qiao. »
Le contenu de son message était différent, c’était quelque chose qui correspondait à mes attentes.
Je n’aurais qu’une seule chance dans la vie réelle, alors je devais en faire bon usage.
Et c’était le bon moment. J’avais regardé les informations que j’avais compilées.
« J’ai des billets supplémentaires pour le dernier film ‘Gaze’. Intéressée ? », lui avais-je demandé.
« Oui, Frère Qiao, comment l’as-tu su ? J’attendais sa sortie depuis des lustres ! Essaies-tu de sortir avec moi ? »
« Non, il se trouve que mon ami a dû annuler et je ne veux pas demander à un autre gars. Alors, ça t’intéresserait de venir avec moi ce week-end ? »
« Oui, oui, oui. »
Je sentais son sourire sur son visage.
Un semestre s’était écoulé de cette façon.
J’étais tombé dans une sorte de routine.
Chaque fois que je m’ennuyais au travail, je contactais Xiaoqiao avec le téléphone psychotique.
Et la chose merveilleuse était que je n’avais pas besoin de me presser pour lui répondre.
J’attendais simplement d’être moins occupé pour remonter le temps et répondre à ses messages.
Un jour, j’avais reçu ce message d’elle.
« Frère Qiao, ne me dis pas que tu attends toujours près de ton téléphone ? tes réponses sont presque instantanées. »
« C’est parce que tu me manques. »
« Ne fais pas ça, frère Qiao. Cela me gêne… »
Embarrassée ? Avais-je réussi ?
« Je t’aime bien, Xiaoqiao », avais-je testé.
Cinq minutes….
Dix minutes….
Avais-je échoué ?
Etait-ce une impasse ?
J’avais remonté le temps.
« C’est parce que tu me manques. »
« Ne fais pas ça, frère Qiao. Cela me gêne… »
« Je plaisante. N’y fais pas attention. »
« Oh, alors c’est moi qui me fait des idées… »
Qu’est-ce qui se passait ?
Avais-je été trop lent ? Avais-je raté ma chance ?
De toute façon, j’avais un nombre illimité d’essais.
Je commençais à expérimenter comme un fou.
« As-tu un petit ami ? »
« Pas pour le moment. »
« Comment était votre ancienne relation ? »
Pas de réponse.
Je remontais le temps.
« Pas pour le moment. »
« Alors que penses-tu de moi ? »
« Tu es un mec sympa. Tu n’essaies pas de devenir mon petit ami, hein ? »
« Effectivement. »
« A l’heure actuelle, je ne pense pas que l’on se convienne. »
J’avais commencé à réfléchir tout en feuilletant mon carnet.
J’allais me servir de cette information pour planifier une surprise.
Je l’avais invitée à sortir.
Après lui avoir donné 99 roses, je posais un genou au sol à l’entrée d’un parc animé, tout en lui tendant sa bague préférée, un diamant 30 carats.
Je l’avais fait.
Elle avait accepté ma demande devant tout le monde.
Mais il n’y avait pas de joie sur son visage.
Et ainsi, elle était devenue ma petite amie.
Je m’étais dit qu’elle avait peur que je me ridiculise devant les gens.
Ce qui me surprenait, c’était qu’elle ne me parlait que des événements récents.
Chaque fois que je lui posais des questions sur son passé, elle changeait de sujet.
J’avais commencé à harceler ses amis sur les réseaux sociaux.
Comme prévu, les détails la concernant datant de l’année dernière avaient tous été effacés.
Je n’avais pas accès à son profil car il n’était ouvert qu’aux amis.
Jusqu’au jour où, en regardant un film ensemble.
C’était une idée impromptue et le film était merdique.
Son téléphone était tombé par terre.
Je l’avais ramassé et j’étais sur le point de le lui rendre, quand je remarquais qu’elle dormait profondément.
Je l’avais déverrouillé grâce au code Pin que j’avais mémorisé depuis longtemps.
Finalement, j’avais pu obtenir quelques indices de son espace perso dans QQ.
Pendant que je faisais défiler les messages, il y avait un nom inconnu parmi ses contacts.
Qingfeng.
« J’ai tort. Appeles-moi au 158******0063. »
Xiaoqiao n’avais pas sauvegardé ce numéro.
J’avais silencieusement mémorisé ce numéro.
J’avais quitté QQ, verrouillé son téléphone et l’avais glissé dans la poche de sa chemise.
J’avais complètement perdu tout intérêt pour le film.
En utilisant le téléphone psychotique, j’avais sauvegardé ce numéro et j’avais envoyé un texto, sachant qu’il n’aurait aucun effet dans la vie réelle.
« Je suis Lu Qiaoqiao. »
Une réponse était arrivé quelques minutes plus tard.
« Après tout, tu as changé de numéro. »
« Ouais. »
« Après avoir servi dans l’armée pendant deux ans, j’ai été choisi en privé pour devenir agent infiltré. Tu me crois ? »
« Oh. »
C’était donc son ex-petit ami ? Un soldat devenu agent infiltré ?
« Je suppose que tu ne l’as pas toujours fait, à moins que tu ne m’ai pas bloqué et effacé tout ce qui me concernait. Peux-tu jeter un coup d’oeil à l’affaire du trafic de drogue à C City ? Le 29 juin de l’année dernière. J’espère que tu pourras m’appeler après. »
J’étais agité.
Etait-ce pour de vrai ?
Je m’étais souvenu de l’affaire bien connue du trafic de drogue, il y a six mois, où une demi-tonne de drogues avait été saisie.
Je m’étais enlisé dans une profonde réflexion.