« Cela n’a pas d’importance. Je n’ai pas besoin que tu te charges de l’éliminer, j’ai déjà quelqu’un d’autre pour cette tâche. Non, te concernant il s’agit d’autre chose. Si tout se passe comme prévu, je ferai en sorte que mon oncle parle de toi à ton maître afin qu’il te transmette des méthodes de cultivation. »
Un adjoint de maître de maison martiale n’était pas considéré comme un disciple de haut rang au sein de la secte. D’où la proposition d’Ouyang Dihua d’utiliser son oncle pour améliorer sa position auprès de son maître.
« Ha ! ha ! permets-moi de m’excuser pour ce que je vais dire jeune frère, mais pourquoi demander à quelqu’un d’assassiner Lin Ming pour toi ? Ne peux-tu pas le faire toi-même ? dit Bi Luo sur un ton amusé.
– Ce n’est pas une mince affaire ! Mieux vaut ne pas éveiller les soupçons et rester prudent, même si j’ai le support de mon oncle et que je ne laisse aucune preuve qui pourrait être utilisée contre moi. Il me suffira de me rendre à un banquet le jour de son assassinat pour être lavé de tout soupçon. Personne n’osera s’en prendre à moi ou m’interroger si les choses sont faites proprement, répondit l’intéressé.
– Qui comptes-tu envoyer ? S’il est trop faible, ce serait comme jeter un agneau en pâture à un loup ; il ne reviendrait pas, dit Bi Luo en se léchant les lèvres.
– Pas d’inquiétude. Je me suis déjà entendu avec une connaissance qui se trouvait non loin du Royaume du Grand Avenir. Il faisait partie de la Faction des Raffineurs, mais il a violé les règles de la secte et a été banni. J’ai une certaine amitié pour lui. Son niveau de cultivation est au sommet de la Condensation de l’Impulsion et ses capacités au combat ne sont pas inférieures aux miennes. Je ne m’inquiète pas, vu ce que je lui ai promis il fera ce que je lui ai demandé. C’est la meilleure solution que j’ai trouvée. En plus c’est quelqu’un de solitaire qui aime vagabonder d’un endroit à un autre. Même s’il se fait attraper, ils ne pourront rien en tirer. »
Ouyang Dihua était au milieu de la Condensation de l’Impulsion. Mais les méthodes d’entraînement de la Faction Acacia était principalement destinées à combattre et tuer. Quant à cet individu issu de la Faction des Raffineurs, c’était avant tout un artisan ; ses techniques de combat étaient moins développées. Ainsi, même si son niveau de cultivation était plus avancé que celui d’Ouyang Dihua, leurs capacités au combat se valaient plus ou moins.
« Sommet de la Condensation de l’Impulsion ? Ha ! ha ! tu comptes vraiment avoir recours à un maître de cet acabit pour régler son compte à un gamin qui vient tout juste d’atteindre la Transformation Musculaire ? Tu dois avoir une haute opinion de ce Lin Ming.
– Ce n’est pas un gamin à la Transformation Musculaire normal ! Non seulement cela, mais il a également une Perle de l’Eclair de Feu en sa possession. Il pourrait aisément tuer un artiste martial à l’ouverture de la Condensation de l’Impulsion grâce à elle, aussi difficile que cela puisse être de toucher quelqu’un de ce niveau avec cette arme. Voilà pourquoi je dois rester prudent et pourquoi j’utilise toute la force à ma disposition. Si ce n’est pour la difficulté d’en trouver un en si peu de temps, je n’aurais pas hésité un seul instant à recruter un artiste martial Houtian pour s’occuper de lui !
– Mm… si je comprends bien, dès lors qu’il se retrouvera seul, Lin Ming sera mort. Mais comment prévois-tu de créer cette opportunité ?
– J’en fais mon affaire, j’ai mes méthodes. Laisse-moi d’abord te demander quelle relation il a avec Qin Ziya ?
– En quoi est-ce important ? interrogea Bi Luo, sans obtenir de réponse. Eh bien ! Qin Ziya a une haute opinion de Lin Ming et de grands espoirs quant à ses réalisations futures. La secte devrait bientôt envoyer un officiel rassembler les disciples principaux des maisons martiales des pays alentours. Il est donc pressé de le faire progresser. A mon avis il place de grands espoirs en lui en vue du Grand Tournoi. Si Lin Ming s’y illustre, cela lui facilitera grandement les choses pour accéder au rang d’ainé de la secte.
Mais qu’importe sa considération pour Lin Ming, Qi Ziya aime avant tout voyager et ses déplacements sont imprévisibles. Il ne revient même pas nécessairement une fois par an à la Maison Martiale. Il a passé le plus clair de ces dix dernières années à traverser les grandes vallées pour nourrir son cœur de la cithare. Il ne peut pas constamment le protéger, c’est tout simplement impossible. De toute manière ils n’ont pas plus de liens que cela.
– Mm, très bien. Je suis convaincu que tout ira pour le mieux tant que Qin Ziya se trouve éloigné de la Maison Martiale », dit Ouyang Dihua en souriant malicieusement. La vie de Lin Ming était comme déjà entre ses mains.
…
Le jour venait à peine de se lever et les premiers rayons du soleil commençaient seulement à apparaitre à l’horizon, recouvrant les Montagnes Zhou d’une fine couche de rosée matinale. Sur le sol, les feuilles fanées étaient prisonnières d’une légère couche de givre.
Lin Ming tenait la Lance Lourde des Profondeurs dans ses mains, ressentant paisiblement le pouvoir de l’Esprit de Feu à l’intérieur de la Graine des Dieux Infernaux. Un long moment s’écoula ainsi, puis, soudainement, son bras gauche s’élança pour frapper un large tronc d’arbre. Le choc de son poing contre l’écorce émit un bruit sec, et il se mit à pleuvoir des feuilles qui tournoyaient sur elles-mêmes dans leur chute.
Lin Ming secoua sa lance, ‘Fleurs dans la Tempête’ !
L’on pouvait entendre le bruit du métal fendant l’air. La Lance Lourde des Profondeurs ne semblait plus être qu’un spectre, une sorte de mirage qui s’abattit sur chacune des feuilles tournoyantes.
Une petite quantité de feu émanait de la lance à chaque fois qu’elle transperçait une feuille, les réduisant instantanément en cendres.
Lin Ming n’avait rien remarqué de spécial en faisant circuler la Formule de l’Authentique Chaos Primordial depuis que la Graine des Dieux Infernaux avait évolué, si ce n’est que désormais, sa véritable énergie était imprégnée d’un léger attribut de feu.
Certains artistes martiaux possédaient naturellement un attribut spécifique. La véritable énergie de Bai Jingyun était par exemple d’attribut ‘eau’. Ce qui expliquait pourquoi elle avait déboursé beaucoup d’argent pour demander à Lin Ming de lui réaliser un symbole d’inscription spécifique avec un attribut eau.
L’Esprit de Feu à l’intérieur de la Graine des Dieux Infernaux permettait à Lin Ming d’utiliser librement le pouvoir du feu. A vrai dire, il s’y attendait. Les rares alchimistes et raffineurs qui possédaient un Esprit de Feu étaient capables de soumettre les flammes à leur volonté.
Ces derniers jours, Lin Ming avait passé la majeure partie de son temps à renforcer son corps et à le débarrasser de ses impuretés, à raison de cinq ou six heures quotidiennes dans la Cave de Lave.
Il était finalement parvenu à purifier son corps, la toute-puissance de la Graine des Dieux Infernaux ayant rendu docile le feu de lave pourtant violent et dangereux. Il n’aurait jamais été capable d’éliminer les impuretés aussi rapidement sans ce pouvoir dominateur.
La Graine des Dieux Infernaux faisait désormais la taille d’un haricot mungo. L’énergie contenue dans le feu de lave n’était plus du tout suffisante pour satisfaire son appétit vorace.
Lin Ming rangea la Lance Lourde des Profondeurs dans son anneau spatial et prit la décision de se rendre à la Vallée du Tonnerre. L’idée lui trottait dans la tête depuis maintenant plusieurs jours.
La Vallée du Tonnerre se situait, comme son nom pouvait le laisser penser, dans une vallée au fond d’un cirque de sommets reculés, dont les parois étaient recouvertes d’acier noir magnétique.
Ce minerai possédait un pôle positif et négatif, qui lui permettaient d’attirer la foudre et même d’en stocker le pouvoir. C’était un matériau courant en raffinage.
A chaque orage, une multitude d’éclairs fendaient le ciel pour s’abattre sur la vallée dans un vacarme assourdissant, les coups de tonnerre rugissant entre les parois des montagnes. Au loin, les éclairs ressemblaient à des serpents pourpres dansant de manière chaotique, c’était spectaculaire !
La matrice de la Vallée du Tonnerre avait été installée, comme toutes les autres, par un maître Xiantian lors de l’établissement de la Maison Martiale des Sept Véritables. Il y pleuvait désormais un déluge ininterrompu de foudre. La matrice enfermait toute cette énergie dans des pièces indépendantes les unes des autres, utilisables pour s’entraîner.
Il s’agissait probablement de la plus mystérieuse des sept matrices mortelles majeures de la Maison Martiale. Seuls les disciples du top vingt osaient s’y rendre. A la différence des six autres matrices mortelles majeures, la Vallée du Tonnerre possédait seulement deux niveaux de difficulté, le onzième et le douzième.
De manière générale, le douzième niveau de difficulté était inutile, et ce peu importe la matrice ; Ling Sen étant lui-même incapable de persister à l’intérieur. La difficulté du douzième niveau était sans commune mesure, et c’était particulièrement vrai concernant la Vallée du Tonnerre. Si bien qu’un vétéran à la Condensation de l’Impulsion ne pourrait pas y rester très longtemps.
D’où les recommandations de l’instructeur Hong Xi aux disciples de la Maison Martiale de ne pas choisir la Vallée du tonnerre. Sans parler du douzième niveau, les éclairs du onzième étaient suffisamment puissants pour carboniser sur place un artiste martial à l’Entraînement des Entrailles.
Lin Ming pouvait déjà entendre le grondement du tonnerre à l’intérieur de la matrice alors qu’il approchait seulement de l’entrée.
« Jeune condisciple Lin ! vint immédiatement le saluer le diacre en charge de la Vallée du Tonnerre.
– Condisciple aîné.
– C’est la première fois que jeune condisciple Lin se rend à la Vallée du Tonnerre, n’est-ce pas ? La matrice est divisée en cinq chambres distinctes. Les cinq premières sont réglées sur le onzième niveau de difficulté et la dernière sur le douzième. Je ne voudrais pas donner l’impression de vous dire quoi faire mais permettez-moi de vous recommander de choisir le onzième niveau. L’énergie contenue à l’intérieur de la dernière chambre est si sauvage et violente qu’un artiste martial à la Condensation de l’Impulsion pourrait ne pas réussir à y rester plus de quelques minutes.
– Mm, merci pour vos conseils condisciple aîné. »
Lin Ming avait déjà décidé de choisir le onzième niveau de difficulté. Il espérait même qu’il y ait des niveaux inférieurs. Moins le tonnerre était violent et plus il aurait de facilité à le contrôler, évitant ainsi au maximum tout imprévu comme l’explosion spontanée de la Graine des Dieux Infernaux à l’intérieur de son cœur.
Chaque chambre magnétique mesurait trois mètres par trois. Le sol et les parois étaient entièrement constitués d’acier noir magnétique et une lumière d’un bleu profond brillait à leur surface.
Les chambres étant de petits espaces clos, le son terrifiant des coups de tonnerre y résonnait avec une violence inouïe. Une personne ordinaire qui serait frappée par ces ondes sonores verrait ses tympans se rompre et ses oreilles saigner. Les basses fréquences des ondes étaient si intenses qu’elles pouvaient faire exploser les vaisseaux sanguins et les organes.
Ce phénomène particulier s’appelait le tonnerre du tigre. Il était nommé de la sorte car de puissantes vibrations émanait du corps du tigre lorsqu’il poussait des rugissements ou des grognements.
Le ‘tonnerre du tigre’ pouvait être utilisé pour renforcer les os, à condition de le laisser pénétrer de façon ciblée à l’intérieur du corps. Les os de tigres étaient d’ailleurs réputés pour être les plus résistants, et également les plus nourrissants dans les préparations médicinales.
Le tonnerre du tigre était l’un des signes distinctifs d’un artiste martial ayant atteint le Façonnage Osseux. La tête haute, il pouvait rugir comme un tigre, et la tête basse, grogner comme un léopard.
Lin Ming se boucha les oreilles avec de la véritable énergie avant de pénétrer à l’intérieur de la chambre magnétique.
Des éclairs violacés dansaient follement à travers la pièce, fendant l’air ou courant sur les murs. Tandis que le grondement du tonnerre se manifestait à l’œil nu sous forme d’ondes de choc qui, pour certaines et selon leurs fréquences, traversaient violement le corps en perturbant l’ensemble des organes. La sensation était particulièrement désagréable, comme si votre poitrine était comprimée et que vous n’arriviez plus à respirer, et ce malgré la protection de la véritable énergie.
Les ondes de choc les plus profondes pouvaient instantanément tuer quelqu’un sans produire le moindre bruit. Leur fréquence était si basse qu’elles n’étaient pas humainement audibles, ce qui ne les empêchait pas d’être bien réelles et de posséder un formidable pouvoir de destruction. Un être humain pouvait être pulvérisé sans même avoir le temps de réagir.
Zzzz !
Un arc électrique se précipita vers Lin Ming tel un serpent venimeux. Il n’eut pas plus le temps de le voir arriver que de réagir et sentit seulement l’ensemble de son corps s’engourdir. L’énergie du tonnerre parcourait déjà ses méridiens.
Son esprit passa immédiatement en état d’alerte et il manipula avec précaution cette lumière électrique pour qu’elle se dirige vers son cœur.
Le courant électrique pénétra dans la Graine des Dieux Infernaux sous le regard attentif de Lin Ming, qui utilisait sa force d’âme pour surveiller l’opération. Sa force d’âme était directement liée à la graine, si bien qu’il ressentait jusqu’à la plus petite variation d’énergie qui la parcourait. Il était prêt à annihiler ce fragment d’éclair avec toute sa force au moindre signe suspect.
Il n’en fit toutefois rien, le fragment disparaissant dans la Graine des Dieux Infernaux comme un caillou sombre dans la mer, sans qu’il ne se passe rien.
« Mm ? Aucun changement ? »
Le fragment d’éclair avait disparu sans laisser de trace. Lin Ming commença donc à en introduire davantage à l’intérieur de son corps, qui furent tous absorbés de manière identique par la Graine des Dieux Infernaux.
Ce premier résultat l’avait libéré de ses appréhensions, si bien qu’il alla directement se placer dans un serpent électrique dansant.
L’ensemble de ses muscles se raidirent sous le choc, le pouvoir de la foudre était comme un puissant torrent qui se déversait à travers son corps.
La foudre était des plus mystérieuses. Selon certaines rumeurs, c’était même la source de toute vie.
D’après les textes antiques, alors que le ciel et la terre venaient tout juste d’apparaître et commençaient seulement à se stabiliser, le monde était recouvert de nuages. Des éclairs seraient tombés de ces nuages, divisant les océans et donnant naissance à la vie.
Selon ces textes, la chair et le sang étaient nés de la foudre. Ce qui expliquait pourquoi son pouvoir était le meilleur pour renforcer la force du corps humain.