Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 714 : Une nouvelle vie
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Après le départ du couple, Carter s’approcha de son épouse :

– « Avez-vous vraiment l’intention d’y aller ? Vous n’y êtes pas obligée, vous savez. »

– « Pourquoi ? Vous ne voulez pas de ma compagnie ? »

– « Bien sûr que si! » Répondit-il en secouant vigoureusement la tête. En cet instant, il n’avait plus rien du sombre Chevalier. « Je voudrais passer tout mon temps avec vous! » Ajouta-t-il sur un ton dont l’emphase n’avait rien à envier aux répliques des tragédies où les acteurs se faisaient part de leur amour.

Jamais May n’aurait pensé rencontrer quelqu’un qui se montre aussi dramatique dans la vie réelle. Elle lui jeta un regard et demanda :

– « Ah bon ? Avec qui comptez-vous rester ? Sa Majesté ou moi ? »

– « Euh… eh bien… »  Carter ne savait que répondre. Probablement n’avait-il jamais envisagé avoir à choisir entre devoir et amour.

Amusée, May lui tapota doucement la joue.

– « Bien! Il semblerait que je sois aussi importante à vos yeux que le Roi. »  

Soulagé, le Chevalier en Chef serra son épouse dans ses bras. Très vite, ses mains se mirent à se promener.  

– « Arrêtez! La journée n’est pas encore terminée », se défendit-elle.

Soudain, une nausée la prit.  

Carter cessa immédiatement. Inquiet, il demanda :

– « Que se passe-t-il ? Auriez-vous un malaise ? »

May secoua la tête, repoussa le chevalier et prit une profonde inspiration. Elle savait très bien qu’elle n’était pas malade, pourtant, elle avait l’impression que son estomac se révulsait.

Prise de hauts-le-cœur, elle se dirigea vers la salle de bain mais rien ne sortit de sa bouche, excepté de la salive.

De plus en plus inquiet, Carter enfila sa veste

– « Je vais chercher Mlle Lily », dit-il, prêt à partir.

– « Attendez, attendez… » Implora May. « Je ne suis pas enrhumée! »

– « Mais vous semblez si malade… Dans son manuel, Sa Majesté explique que les premiers symptômes d’un refroidissement sont les vomissements et la diarrhée. Mlle Lily est en mesure de vous guérir rapidement. Par contre, si l’on ne vous soigne pas, cela pourrait s’aggraver. »  

– « Je ne suis peut-être pas malade … »

« Pas malade ? » S’exclama Carter en fronçant les sourcils. « Dans ce cas, pourquoi ces nausées ? »  

« Quel idiot! », Pensa-t-elle, les joues rouges. « Aucun sens commun! »  

En effet, elle avait entendu dire qu’une femme pouvait présenter des réactions similaires lorsqu’elle était… Mais ne l’ayant jamais vécu, elle craignait de se rendre ridicule si jamais elle se trompait.  Même si elle était ravie de voir son mari se comporter de façon amusante, elle ne pouvait se permettre une erreur sur un sujet aussi sérieux, sans quoi il se moquerait d’elle tout le reste de ses jours.

– « Je crois savoir qu’il y a, au sein de l’Association des Sorcières, une jeune fille aux cheveux verts qui peut voir à travers les choses… »

– « Mademoiselle Sylvie ? » Carter hocha la tête : « En effet, elle voit des choses cachées que les gens ordinaires ne peuvent pas voir… Mais elle n’a pas le pouvoir de guérir. »

– « Pourriez-vous lui demander de venir me voir ? » Demanda Mai en se dirigeant vers le lit. Ce n’était encore qu’une supposition, mais la jeune femme s’assit doucement, comme si elle craignait de perturber la petite vie en elle. « Mlle Sylvie sera peut-être en mesure de me dire le pourquoi de ces malaises. »

À ces mots, une pensée traversa l’esprit de Carter :

– « Vous voulez dire… » Surpris, il ouvrit grand la bouche tandis que ses yeux s’éclaircirent. Puis, serrant fermement le poing et dit : « Je vais aller trouver Dame Wendy. Si elle est en ville, il ne devrait pas y avoir de problème. »

La porte refermée, May soupira doucement. Ce sentiment était vraiment merveilleux : on aurait dit qu’en moins d’une heure, la vie venait de prendre un tout autre sens. À l’idée de porter la vie, elle sentait tout son corps se réchauffer.  Elle ferma les yeux et ne put s’empêcher de revoir le regard de Jasmine au moment où elle lui avait tendu le poisson salé.

« C’est probablement… le goût de l’espoir. »

Le soir même, Sylvie vint confirmer ses soupçons :

Elle était enceinte.

Roland apprit la nouvelle dès le lendemain et tapota l’épaule de Carter Lannis qui était très excité :

– « Félicitations! » Dit-il. « Mais n’en oubliez pas pour autant votre devoir, car le bébé ne naîtra pas avant plusieurs mois. Lorsque votre épouse sera sur le point d’accoucher, je vous donnerai de longues vacances afin que vous puissiez rester auprès d’elle. »  

– « Bien votre Majesté! » Dit Carter en saluant, la main sur le cœur.

Soudain, une question importante traversa l’esprit de Roland.

« Mais j’y pense : comment les femmes donnent-elles naissance à leurs enfants ? »

– « Y a-t-il une sage-femme à la Cité Sans Hiver ? »

– « Une sage-femme ? » Le Chevalier en Chef était confus : « De quoi s’agit-il ? »  

– « C’est une dame chargée d’aider les jeunes mamans à accoucher. Une fois que l’enfant est né, quelqu’un doit… enfin, veiller aux suites. »

Tandis qu’il répondait à la question du Chevalier, Roland fouilla les souvenirs de l’ancien Prince : de toute évidence, les précepteurs du palais n’enseignaient rien d’utile à ce sujet. « La mère ne peut pas couper seule le cordon ombilical, n’est-ce pas ? »

– « Quant à cela, ce sont généralement les aînées qui s’en occupent, la plupart ayant l’expérience de ce genre de choses. »  

– « Et lorsqu’il n’y a pas d’aînée disponible ? »

– « Et bien… » Carter était abasourdi : « Je ne sais pas vraiment. »

Si les familles aristocratiques ne manquaient pas de main-d’œuvre, les gens du peuple, quant à eux, ne bénéficiaient certainement pas de tels privilèges. Il y avait désormais un an que la Cité Sans Hiver avait été créée et la plupart des résidents étant issus du recrutement et de l’immigration, il n’y avait pas encore eu beaucoup de naissances. Mais une fois la vie des résidents stabilisée, le taux de fécondité allait considérablement augmenter et il était à prévoir qu’à compter de l’année suivante, de nombreux enfants naîtraient chaque année.

Cependant, il n’y avait pas encore à la Cité Sans Hiver de système médical fiable.

On ne pouvait pas reprocher à Roland de s’être montré négligent dans la mesure où les autres villes n’avaient pas non plus de maïeuticiennes. Les patientes ne pouvaient donc que prier les divinités ou acheter pour quelques Royals d’argent d’herbes étranges aux apothicaires.  S’il avait différé la mise en place d’un système médical, c’était parce que grâce à Naela et Lily, la maladie et la douleur avaient pratiquement été éradiquées de la ville.

Au départ, il pensait que même si la science et la technologie progressaient à pas de géant et entraient directement dans l’ère de l’information, la médecine moderne, même très avancée, ne serait rien comparée aux capacités des deux jeunes filles. De ce fait, la question ne lui semblait pas urgente.

Mais à présent, Roland était d’avis qu’une ville de plus de cent mille habitants devait absolument disposer d’un système médical, aussi succinct qu’il puisse être.

En effet, jamais Naela et Lily ne pourraient gérer les accouchements. Elles auraient bien trop à faire et une fois commencée la guerre contre les Diables, elles devraient se précipiter au front et les résidents seraient contraints de s’occuper eux-mêmes des malades.  

Carter parti, Roland prit son carnet et consigna son idée au sujet d’une institution médicale primaire.

Comme rien n’avait encore été fait dans ce domaine, peut-être pourrait-il commencer par les accouchements.  

Il allait ensuite falloir établir des hôpitaux, former du personnel médical, démocratiser les connaissances en matière de santé et les traitements les plus élémentaires… Heureusement, la Première Armée ayant déjà quelques connaissances de base en la matière, il lui suffirait de modifier quelque peu la brochure destinée aux soldats et il pourrait ainsi l’utiliser pour sensibiliser le public. Il serait même judicieux de choisir le premier groupe d’enseignants médicaux au sein même de l’armée.  

Bien qu’il ne connût rien à la médecine moderne, Roland savait cependant combien il allait être important de stériliser les instruments médicaux et de prévenir les infections dans le cadre des futures naissances.   

Quant aux autres domaines de la science médicale, il pourrait, par la suite, mener des recherches plus poussées.

L’après-midi même, le Roi apprit une excellente nouvelle :  

Accompagnée de Cendres et de quelques autres sorcières, Tilly était sur le point d’arriver dans la Région de l’Ouest.

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