Le Véritable Monde des Arts Martiaux|True Martial World|真武世界
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Chapitre 33 : Le Grand Arbre Aux Pagodes
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– « Quel âge avez-vous ? » Demanda Zhang Yuxian en jetant un coup d’œil sur la première personne. 

C’était un homme petit et trapu à la peau sombre comme tous les guerriers du camp d’entraînement.  

Très considéré au sein de la tribu, cet homme était l’un des plus forts de tout le camp. Il fut donc honoré d’être le premier choisi par Zhang Yuxian.

– « J’ai vingt-six ans votre seigneurie et je suis capable de soulever un rocher de plus de 180 kilos, 5 fois et sans efforts. Si vous voulez, je peux vous faire une démonstration! » Dit le jeune homme, confiant.  

Zhang Yuxian n’avait que faire de cet élan de force. Il mit la main sur l’épaule de l’homme et lui injecta du Qi Originel.

Avec l’”Ouverture de l’Oeil Spirituel”, il est possible de voir les muscles, les os et méridiens d’une personne et ainsi déterminer si elle est apte ou non à la pratique des arts martiaux. Mais Zhang Yuxian n’avait pas cette capacité. Sa méthode consistait donc à injecter du Qi Originel à la personne et voir comment son corps réagissait!

Zhang Yuxian demeura sans voix. Le corps de cet homme n’avait absorbé que 10 % du Qi Originel!

– « Pensez-vous que soulever des rochers puisse vous aider à vaincre vos ennemis ? » Demanda Zhang Yuxian en le regardant dans les yeux. « Vous êtes normalement constitué mais ne convenez pas à la pratique des arts martiaux. »

« Comment ça je ne conviens pas ? Mais je suis fait pour ça! » Pensa l’homme, le visage déconfit! « Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été le plus fort. Si je ne convenais pas à la pratique des arts martiaux, serais-je capable de soulever un lourd rouleau de pierre ? »

Le jeune homme était extrêmement mécontent mais par respect, il ne pouvait contredire le vénérable Zhang Yuxian.

– « Restez ici pour le moment », dit Zhang Yuxian qui n’avait pas décidé s’il le garderait.

Depuis des générations, il était difficile pour ces gens issus de milieux très pauvres de devenir experts en art martiaux.  

Mais très vite, Zhang Yuxian réalisa qu’il avait mal évalué le faible niveau des hommes issus des vastes plaines et en vint à la conclusion qu’il n’y avait rien de pire. 

Tandis qu’il inspectait la rangée, il se dit que cet homme qui se vantait tout à l’heure n’était peut-être pas si mauvais. Il était arrivé à la fin et la plupart n’avaient pas pu absorber plus de 6 ou 7% de Qi, certains à peine 4 à 5%.

Face à ce déplorable constat, Zhang Yuxian se vit dans l’obligation de revoir ses standards à la baisse et décida finalement de garder ceux qui dépassaient les 6 %.

Les évaluations terminées, le maître n’avait retenu que la moitié des candidats. 

Sur la quarantaine de membres que comprenait le camp d’entrainement des guerriers, seule une vingtaine avaient été qualifiés. 

– « Il est vraiment strict! » Dit l’un d’entre eux. « Il a éliminé la moitié des guerriers du camp qui sont pourtant très forts. » 

– « Heureusement que nous ne nous sommes pas vantés, nous aurions subi une véritable humiliation. »

Avec de telles pratiques d’évaluation, seuls les plus doués pouvaient être sélectionnés. Lian Chengyu ayant réussi l’examen, l’honneur du village était sauf!

– « Yun’er… » dit Jiang Xiaorou en lui prenant la main, le regard inquiet. Elle savait que son frère pratiquait secrètement les arts martiaux mais était loin de s’imaginer que ses capacités dépasseraient celles des membres du clan d’entraînement des guerriers!

Avec une sélection aussi draconienne, comment Zhang Yuxian pourrait-il choisir Yi Yun ?

Debout près de son frère, Jiang Xiaorou était extrêmement gênée par le regard réprobateur des gens. 

– « Ne t’inquiète pas, Jiang, tout ira bien », dit Yi Yun qui percevait le stress de sa sœur. 

À ces mots, Zhao Tiezhu éclata de rire : 

– « Bon sang, tu es le roi des baratineurs! Le Seigneur Zhang ferait mieux de choisir un chien errant plutôt que toi tellement tu es faible. »  

Face à un tel sarcasme, Yi Yun répondit : 

– « Personnellement je n’ai aucune inquiétude à avoir mais je ne dirais pas la même chose de vous! »

– « Tu crois que tes paroles m’atteignent ? S’il te choisit, je suis prêt à déraciner le grand arbre aux pagodes à l’entrée du village et à le manger feuille après feuille, jusqu’à la racine », dit Zhao Tiezhu en riant.

Un autre membre du camp d’entrainement des guerriers, qui se tenait à côté de Zhao, entendit leur conversation et ajouta d’un air moqueur : 

– « …Et moi je mangerai cet énorme rouleau de pierre là-bas! »

– « Quel humour, les gars! Si vous voulez, je peux boire toute la Rivière de l’Est » Renchéri Yi Yun.

Tous les hommes du camp d’entraînement firent de même, allant des railleries aux dérisions les plus grotesques.

« Quelle bande d’idiots » Pensa le jeune Yun en haussant les épaules.

Zhao Tiezhu ravala son sourire et se redressa. Maitre Zhang posa la main sur son épaule et demanda : 

– « Vingt Huit ? »

– « Comme mon Seigneur est fort! En effet, j’ai 28 ans », répondit respectueusement Zhao Tiezhu. 

Zhang Yuxian fronça les sourcils car Zhao Tiezhu n’était guère mieux que les autres, mais comme il devait respecter un quota, il fallait bien s’en contenter : 

– « Vous remplissez les conditions minimales », dit-il. « Vous pouvez rester dans les rangs. »

Il commençait à se demander si le recrutement dans les Plaines n’était pas une perte de temps.

« Formidable! J’ai réussi! » Pensa Zhao en serrant les poings. 

Il était très fier d’afficher sa réussite devant le jeune Yun. Certes, ce n’était pas une grande victoire mais c’en était une quand même.  

Zhao Tiezhu allait pratiquer les arts martiaux avec le Maitre Zhang Yuxian. Le chef du camp d’entraînement des guerriers se voyait déjà sur la plus haute marche, avec plusieurs épouses, à diriger le monde. 

C’est alors que Zhang Yuxian arriva devant Yi Yun. Tous les yeux étaient rivés sur lui et le dévisageaient.

« Je suis curieux de savoir comment tu vas t’en sortir », pensa Lian.

Seul un déséquilibré oserait tenter cette aventure mais Yi Yun était pleinement conscient de ses actes et comptait bien le leur prouver!

– « Yi Yun, c’est ça ? » Demanda Zhang Yuxian.

– « Oui maître! » Répondit-il.

– « Avez-vous déjà pratiqué les arts martiaux ? »

N’ayant atteint que le Domaine du Sang Pourpre, Zhang Yuxian ne pouvait pas voir le niveau du jeune garçon mais il sentait qu’un pouvoir émanait de lui.

« Peut-être un surdoué », pensa-t-il.

– « Je me suis un peu entrainé », dit Yi Yun en choisissant ses mots avec soin. 

– « Cet enfant ment, Seigneur! » S’écria Zhao Tiezhu, soudain nerveux. « Je puis vous jurer qu’il n’a jamais pratiqué les arts martiaux! »

Yi Yun regarda le chef Zhao : 

– « Comment pourriez-vous le savoir ? J’ai traversé à plusieurs reprises les terres tribales et ai suivi l’enseignement du Maître Yao Yuan. »

Par ces quelques mots, Yi Yun reconnaissait ouvertement qu’il avait pratiqué les arts martiaux. Il s’était préparé pour le jour où il révèlerait son véritable talent. En se faisant passer pour un prodige, il réduisait le risque que le Cristal Pourpre ne soit découvert!

– « Tu as appris secrètement les arts martiaux ? » Dit Zhao en souriant. 

Les guerriers du camp durent se retenir de plaisanter. 

– « La technique “Résistance du Tigre, Puissance du Dragon” enseignée par le maitre Yao est si profonde et complexe qu’il nous est difficile de la comprendre », dit l’un d’eux. « Comment as-tu pu l’apprendre en secret, faible comme tu es ? »  

Yi Yun ne répliqua pas et resta concentré.

Maitre Zhang plaça alors sa main sur son épaule et lui injecta lentement son Qi Originel.

Même s’il avait su apprécier la bravoure et le courage de cet enfant, Zhang Yuxian ne s’attendait pas à grand-chose. Si l’appréciation est une chose, la pratique des arts martiaux en est une autre!

« Voyons quelle quantité il a pu absorber », se dit-il.  

Le Qi Originel injecté avait disparu sans laisser de trace!

– « Comment est-ce possible ? » S’exclama Zhang Yuxian en sourcillant.

Refusant de croire qu’il avait rêvé, il injecta une nouvelle fois son Qi Originel dans le corps de Yi Yun.

Celui-ci pénétra entièrement dans les Méridiens du jeune garçon, comme aspiré par un trou noir! Arrivé au cœur, il fut totalement absorbé par le Cristal Pourpre.

– « Vous… » 

Zhang Yuxian était abasourdi.

Voyant son regard médusé, Lian Chengyu se dirigea vers lui, complètement déprimé.

S’il considérait les pauvres gens du village comme de vulgaire vermisseaux, il se refusait à croire que tout allait s’arrêter là à cause de cet impétueux et prétentieux garnement!

– « Seigneur, Grand Ambassadeur, nous pourrions peut-être nous rendre au banquet, tout est prêt », suggéra-t-il à contrecœur dans l’intention de détourner l’attention de Zhang Yuxian et de faire oublier l’impudence de Yi Yun. 

Zhang Yuxian avait jaugé le jeune Yi. Comment une pauvre tribu, perdue dans le désert, avait-elle pu produire un tel talent ? Outre le fait qu’il soit doué pour les arts martiaux, ce jeune homme était très courageux!

– « Tu es bon, très bon! Je n’aurais jamais pensé trouver quelqu’un comme toi dans une aussi petite tribu. » 

Zhang Yuxian n’était pas avare de compliments et tout le village pouvait entendre sa voix tonitruante. 

– « Ah bon ? » Répondit Yi Yun.

Zhao Tiezhu, qui se tenait aux côtés de Yi, n’en crut pas ses oreilles.

« Qu’est-ce que le Seigneur Zhang vient de dire ? Aurais-je mal entendu ? »

Lian Chengyu qui se tenait prêt à partir pour le banquet en compagnie du Seigneur Zhang en resta sans voix. Il ne savait plus comment réagir. 

En entendant Zhang Yuxian complimenter le jeune garçon, l’assistance, qui ne savait pas ce qui se passait, comprit aussitôt.  

– « Vous avez un “Corps sans Déperdition” ce qui est une excellente chose pour un Guerrier de Sang Pourpre, même de bas niveau. Dans une grande tribu, vous seriez très apprécié!

« Un Corps sans Déperdition ? »

Personne au village, pas même Lian Chengyu, ne savait de quoi il s’agissait.

Tous les membres du camp de formation étaient sous le choc.  Zhao Tiezhu, qui pourtant n’était pas très futé, avait compris que les compliments du Maître pour Yi Yun dépassaient de loin ceux qu’il avait adressés à Lian Chengyu!

« Mon frère, il… » Jiang Xiaorou en avait les larmes aux yeux. Elle avait toujours été la seule à croire en lui. « C’est trop beau pour être vrai », pensa-t-elle.

Jiang avait vu grandir son frère depuis tout bébé mais n’avait jamais décelé en lui un quelconque talent. Se pouvait-il que Zhang Yuxian dise vrai ?

– « Ce gosse, un prodige des arts martiaux ?! Comment est-ce possible ? » 

Lian Chengyu serra les poings, furieux! Lui qui s’était toujours considéré comme le numéro un, ne pouvait tolérer un tel affront, surtout venant d’un sous-fifre d’esclave.

Tous doutaient des paroles de Zhang Yuxian, mais seul Zhao Tiezhu osa demander :

– « Sei… Seigneur, Honorable Ambassadeur, vous dites que cet enfant est doté de qualités exceptionnelles ? Auriez-vous pu vous tromper ? » 

Le regard froid, Zhang Yuxian répondit : 

– « Vous doutez de moi ? »

– « Euh… » Zhao Tiezhu secoua vigoureusement la tête : « Non, noble Seigneur. Comment moi, un homme insignifiant, pourrais-je douter de votre expertise ? »

– « J’ai peu de temps. Mes cours commenceront dans une heure. Que tous les candidats sélectionnés se rassemblent ici. » Dit-il d’un ton soutenu, en pesant chaque mot.

Zhao Tiezhu, Lian Chengyu et tous les membres du camp d’entrainement demeurèrent ébaubis quant à la tournure que prenaient les évènements. Leurs regards étaient rivés sur Yi Yun, qu’ils considéraient comme la bête à abattre. Comment était-il possible que celui-ci ait réussi les évaluations, qui plus est avec les félicitations de l’expert enseignant ? 

Voyant le regard noir que Lian Chengyu et ses sbires jetaient sur son jeune frère, Jiang, inquiète, lui prit la main. 

– « Je n’y crois pas, je n’y crois pas! Le Maître a dit que je n’étais pas fait pour les arts martiaux, allant même jusqu’à affirmer que ce minus-habens avait un “Corps Sans Déperdition”. Je peux soulever un rouleau de 180 kg alors que ce gamin n’arriverait même pas à tenir fermement un poulet », criait le petit homme costaud à qui voulait l’entendre. « Ce vaurien à vraiment de la chance! » ajouta-t-il, dépité.

Au même moment, Zhao Tiezhu s’approcha de Yi Yun : 

– « Eh mon bonhomme, ne fais pas le malin alors que tu n’es même pas capable de soulever 13 kg. Je ne sais pas ce que le Seigneur Zhang a pu voir chez toi mais tu n’es certainement pas un prodige des arts martiaux! »

« Un Corps sans Déperdition ? » Yi Yun n’en revenait toujours pas. Avec l’aide du Cristal Pourpre et ayant atteint le Domaine des Méridiens, il avait pu deviner quelle technique le Maitre Zhang utilisait : Injecter de l’énergie dans le corps d’une personne pour déceler sa force et ses capacités!

Mais pour être honnête, Yi Yun n’avait pas de réel talent, encore moins de “Corps sans Déperdition”. Ce n’est que grâce au Cristal Pourpre qu’il avait pu franchir toutes les étapes nécessaires pour se voir promu au rang de Prodige en arts martiaux.

Ce titre lui permettrait de justifier sa force.

Yi Yun regarda Zhao Tiezhu, le sourire aux lèvres.

– « Qui y-a-t-il ? Que regardes-tu ? » S’écria le chef du camp de formation, méprisant.  « Tu cherches à me provoquer ? Tu sais que je pourrais t’écraser d’un simple doigt! » 

Il mourait d’impatience de donner une leçon au jeune garçon.

Mais Yi Yun lui répondit calmement : 

– « Monsieur Tiezhu, avez-vous fini de manger le grand arbre aux pagodes ? »

Zhao Tiezhu avait encore quelques goguenardises à lui sortir mais les paroles de Yi lui restèrent en travers de la gorge, le laissant pantois avec des yeux de merlan frit!

– « Et ce guerrier qui était prêt à manger un rouleau de pierre! » reprit Yi Yun, amusé. 

Il était peut-être frêle avec son visage d’enfant mais il savait faire mal sans lever le petit doigt. Nul besoin de démonstration de force, le pouvoir des mots pouvait être bien plus virulent!

Tous les guerriers du camp d’entrainement revinrent sur leurs déclarations, nul de voulant assumer la responsabilité des mots prononcés.

– « Chers compagnons, Je vais devoir me préparer pour suivre l’enseignement de Maître Zhang. Mais avant cela, permettez-moi de prendre congé, mon corps a besoin de repos! Jeune Maître Lian, compte tenu de la situation, autorisez-vous votre serviteur à quitter le raffinage ? » Demanda Yi Yun d’un ton sérieux.

Lian Chengyu était noir de rage. Comment osait-il ?

– « Vous pouvez. La pratique des arts martiaux est plus importante », répondit-il le ventre noué.

 



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