L'Anneau du Dragon Panlong | Coiling Dragon | 盘龙
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Chapitre 25 : Les Profonds Mystères du Son
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– « Votre enfant se trouve actuellement à environ trois kilomètres de nous vers le Sud », dit Linley en souriant. 

 

– « Trois kilomètres au Sud ? » L’homme blêmit : « Vous voulez dire au Pic des Deux Cornes ? »  

 

Linley était un peu perplexe mais son sens divin lui disait que non loin de l’enfant, en effet, ce trouvait un étrange pic montagneux dont le sommet, peut-être était-ce dû à l’érosion du vent au fil des années, était divisé en deux et duquel émanait une aura solitaire. On aurait dit les deux cornes d’un bouquetin.

 

– « En effet », dit Bébé. « Non loin de l’enfant se trouve un pic montagneux qui évoque deux cornes de chèvre. » 

 

Aussitôt, l’homme se prosterna, le front contre le sol : 

 

– « Je vous en prie, Mes Seigneurs, sauvez mon enfant! Ce Pic des Deux Cornes est justement l’endroit dangereux dont je vous parlais. » 

 

À la vue de ce père, si inquiet pour son fils qui se prosternait à s’en blesser le front, Linley étendit son pouvoir divin pour l’arrêter. 

 

– « Nous le sauverons », dit-il en posant la main sur l’épaule de l’homme des plaines, lui transmettant ainsi l’influx vital de sa Perle de Vie qui eut pour effet de guérir instantanément sa blessure au front. 

 

Lorsqu’il s’en aperçut, l’homme fut convaincu que ces deux inconnus étaient d’incroyables experts, peut-être même de ces Saints légendaires. Il posa sur eux des yeux pleins d’espoir.  

 

– « Attendez-nous ici », recommanda Linley avant de disparaître avec Bébé.  

 

« Ils vont sauver mon enfant, j’en suis certain », pensa l’homme des plaines en serrant ses bras autour de sa poitrine.  

 

Pendant ce temps, au Pic des Deux Cornes… 

 

– « Le vent ici est étrange et puissant », dit Bébé dans un souffle.  

 

Linley hocha légèrement la tête. S’il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’un vent de montagne soit puissant, celui-ci était extraordinaire. Il hurlait autour du pic et une fois entré dans la zone, on n’entendait plus rien, comme si le Pic des Deux Cornes avait le don d’avaler le vent. 

 

Fort heureusement, l’enfant était encore à bonne distance.  

 

« Il dort tranquillement alors que son père est mort d’inquiétude » pensèrent Linley et Bébé, debout à côté du petit garçon au manteau rouge. Sous son petit chapeau de feutre, il avait le visage rougi et strié de larmes.   

 

De toute évidence, réalisant qu’il était perdu, l’enfant était parti à la recherche de son père mais en pleine montagne, il est très difficile de s’orienter. Un adulte qui ne connaissait pas les lieux se serait facilement perdu, alors que dire d’un enfant! 

 

– « Hey », dit Bébé en lui pinçant doucement le nez. 

 

L’enfant gémit et, gêné pour respirer, s’éveilla. Bébé, bien sûr, le lâcha. En les voyant tous deux devant lui, le petit parut ravi. 

 

– « Mes amis, aidez-moi à trouver mon père », dit-il en pleurant.  

 

– « Petit coquin », répondit Bébé en riant. « Vas-tu encore courir longtemps comme un sauvage ? » 

 

– « Je poursuivais seulement un lièvre », répondit l’enfant. « Je connaissais le chemin mais pour une raison que j’ignore, je n’ai pas réussi à retrouver mon père. Je l’ai cherché partout, en vain. Puis la nuit est tombée, bien noire et comme je mourais de faim, je me suis endormi », dit-il en posant sur Bébé de grands yeux noirs et ronds, pleins de larmes.  

 

– « Viens là », dit Bébé en le prenant dans ses bras. « Grand frère va te ramener à ton père. »  

 

Puis il prit son envol en compagnie de Linley.  Si, à vol d’oiseau, le père ne se trouvait qu’à trois kilomètres de là, à pied, ils auraient dû parcourir au moins dix kilomètres de sentiers montagneux avant de le rejoindre.  

 

« Cet enfant a dû bien souffrir tout à l’heure », pensa Linley en soupirant. 

 

– « Wow! » S’exclama le petit en ouvrant de grands yeux. De toute évidence, jamais encore il n’avait volé. Il était si excité qu’il en avait oublié ses malheurs. « Je vole! Tu es formidable, grand frère! » 

 

Bébé eut un large sourire, au point que ses yeux n’étaient plus que deux joyeuses petites fentes.

 

– « C’est père! je le vois! » S’écria soudain l’enfant en pointant du doigt une silhouette en contrebas. 

 

Apparemment, l’homme les avait vus lui aussi car aussitôt, il leur fit de grands signes. 

 

– « Va vite retrouver ton père », dit Bébé en le reposant à terre une fois qu’ils eurent atterri.  

 

Le petit se mit à courir. 

 

L’homme des plaines le serra dans ses bras en versant des larmes de joie et de soulagement :

 

– « J’étais mort de peur, mon enfant », dit-il. « Je t’avais pourtant dit de ne pas t’éloigner. »

 

Ce père aimait tant son fils qu’il avait passé toute une nuit et une demi-journée à le chercher.   

 

– « Je ne m’éloignerai plus, promis », répondit aussitôt le petit.  

 

– « Va vite remercier ces deux Seigneurs! » 

 

Comme il avait entendu dire que les Saints pouvaient voler, l’homme pensa qu’il s’agissait sans doute de Saints aussi s’empressa-t-il de s’agenouiller pour exprimer sa gratitude.

 

– « Merci, grands frères! », s’écria l’enfant.  

 

Linley et Bébé eurent un sourire. Ce n’était pas la première fois qu’ils aidaient des gens depuis qu’ils avaient quitté le château. 

 

– « À l’avenir, écoute ton père et tout ira bien », dit Linley en riant. « Bon, nous devons partir à présent. » 

 

 – « Je m’appelle Walsh [Wo’erhi] », s’empressa de dire l’enfant. « Un jour, je volerai et je viendrai vous retrouver. »  

 

Linley et Bébé se mirent à rire, puis, après avoir fait leurs adieux, prirent la direction du Pic des Deux Cornes. Ils voulaient absolument découvrir le secret que cachait ce lieu. 

 

– « Cet enfant était si adorable » Dit Bébé.

 

– « Ce père et ce fils m’ont rappelé Cena », soupira Linley. 

 

– « Cena ? » Bébé était un peu surpris.

 

 – « C’est suite à la destruction de la Grande Digue de Botha qu’Ojwin est arrivé sur le continent de Yulan et a détruit le palais impérial de l’Empire Baruch. Tout le monde est mort, y compris le petit Kass, le fils de Cena. Seul ce dernier et Ankh ont survécu et même si le temps a passé, Cena souffre toujours beaucoup. » 

 

Les Guerriers au Sang de Dragon ayant très peu de descendants, Cena n’avait toujours pas d’autre enfant bien qu’il se soit remarié vingt ans auparavant. Au fond de lui, il nourrissait toujours de la haine envers Ojwin. 

 

Ojwin ayant été tué par les Deux Rois des Rats Pourpres et Or, Linley et Cena avaient été surpris par la soudaine apparition de ces mystérieux experts à qui ils n’auraient jamais osé demander de tuer leur adversaire.   

 

Depuis leur retraite, Ojwin restait caché au sein de la capitale impériale de l’empire O’Brien, ne laissant aucune chance à Linley et à ses hommes de se venger.

 

– « Cet acte demande vengeance », dit Bébé. « Dès que nous en aurons l’occasion, nous nous occuperons d’Ojwin. Il ne s’en tirera pas comme ça. »  

 

Linley acquiesça discrètement. Mais pour le moment, il n’était pas assez puissant. 

 

– « Nous voilà », annonça Bébé. « Le Pic des Deux Cornes. »  

 

En leur qualité d’experts, Linley et Bébé ne craignaient rien, aussi filèrent-ils droit dans la gorge sans être gênés le moins du monde par le vent.  

 

– « Il y a pas mal de squelettes par ici », dit Bébé en fronçant les sourcils.

 

Linley acquiesça. Les parois de la gorge étaient assez accidentées avec, par endroits, des crevasses. Ce lieu était particulièrement étrange et alors que l’on pouvait entendre le vent hurler à l’entrée, lorsqu’on descendait, c’était le silence total.  

 

– « Bizarre. Vraiment bizarre », dit Bébé avec une moue.  

 

Le front plissé, Linley se déplaçait prudemment. 

 

« Qui sait combien de personnes sont mortes ici », pensa-t-il en regardant, à moins de dix mètres de lui, les cadavres qui, de toute évidence, étaient là depuis longtemps. 

 

Soudain, son cœur se serra et sa tête se mit à tourner. 

 

« Quelqu’un nous tendrait-il une embuscade ? » Se demanda-t-il en reprenant ses esprits.  Choqué, il répandit immédiatement son pouvoir divin dans son corps.

 

– « Attention Bébé! »  

 

Pour l’heure, il circulait avec son corps d’origine qui, depuis qu’il avait absorbé la goutte de sang dorée, était beaucoup plus puissant que son clone divin. Or cette force ne l’avait pas empêché de sentir son cœur se serrer et sa tête tourner. De toute évidence, on les attaquait de l’extérieur. 

 

– « Il n’y a personne ici, Patron », lui dit mentalement Bébé après avoir soigneusement inspecté les lieux. 

 

– « On vient de m’attaquer », répondit Linley qui en était certain. « Une attaque invisible. »

 

– « Comment se fait-il que l’on ne m’ait rien fait à moi ? » Demanda avec inquiétude Bébé qui trouvait cette attaque extrêmement curieuse.  

 

Tous deux redoublèrent d’attention durant un long moment mais ne découvrirent rien. 

 

« Ce n’est pas normal », pensa Linley. 

 

Il tenta de retirer son pouvoir divin de ses organes et aussitôt, la sensation de vertige et de serrement de cœur réapparut. Cependant, Linley restait lucide. Il étendit aussitôt son énergie spirituelle et scruta soigneusement les environs.  

 

Soudain, il comprit…

 

En raison de la forme étrange et particulière de cette gorge, une fois entré, le vent se transformait. Ses essences élémentaires se heurtaient, créant une curieuse vibration, inaudible mais qui se diffusait partout.  

 

C’était-elle qui, en pénétrant son corps, lui avait causé ce malaise. 

 

Si, en temps normal, Linley s’entraînait aux Vérités Profondes de la vélocité, il analysait parfois les Profond Mystères du Son. Bien qu’il n’ait guère progressé dans ce domaine en vingt ans, il en avait au moins une idée globale et avait compris de façon certaine que le son n’était rien d’autre que des ondes qui, pénétrant l’oreille d’une personne, lui permettaient d’entendre. 

 

Mais dans cette vallée, les étranges ondes sonores, quoiqu’inaudibles, pouvaient causer des dommages au corps. 

 

Or Linley était particulièrement puissant, ce qui laissait à penser que s’il s’agissait d’une personne ordinaire, elle serait morte sur le champ. 

 

Soudain, une lumière se fit dans l’esprit de Linley.

 

« Ce serait donc un nouveau mystère relatif aux ondes sonores ? » Pensa-t-il, tout joyeux.  

 

– « Je vais m’entraîner un moment, Bébé », annonça-t-il mentalement à son compagnon. 

 

Aussitôt, ignorant tout le reste, son clone divin quitta son corps d’origine, alla s’asseoir au fond de la gorge en posture de méditation et se mit au diapason de ces étranges “ondes sonores”. 

Le corps d’origine de Linley fit de même et tenta d’analyser et de percevoir les profonds mystères que recelaient ces ondes. 

 

« Le Patron viendrait-il d’avoir une révélation ? » Se demanda Bébé, à la fois surpris et ravi. « Plus il acquerra de connaissances, mieux ce sera. » 

 

Sur ce, il s’assit, bien décidé à veiller sur Linley pendant qu’il s’entraînait.  

 

Sadista, qui espérait que les deux experts se séparent pour que son subalterne puisse tuer le Guerrier au sang de Dragon, n’avait pas prévu que Linley ait une soudaine illumination. Vu la manière dont tournaient les choses… jamais il n’y parviendrait. 

 

Tout à son entraînement, Linley perdit toute notion du temps. 

 

Ses deux corps s’étant simultanément mis au diapason des ondes sonores, ils se mirent à visualiser. Tandis que son clone se concentrait sur les ondes audibles, son corps d’origine, lui, étudiait les ondes inaudibles afin de pouvoir établir des comparaisons. Linley acquit ainsi très rapidement une importante compréhension du son.  

 

Le temps passant, ses deux corps étaient recouverts de poussière et de saleté.  

 

De son côté, Bébé s’entraînait aussi. 

 

Deux années passèrent en un clin d’œil. Personne n’osant s’aventurer jusqu’au Pic des Deux Cornes, tous deux restèrent là, en position méditative, au milieu de ces ondes invisibles et inaudibles. 

 

Soudain, la poussière qui recouvrait Linley s’envola et ses deux corps se réunirent. 

 

– « je me suis trompé », dit-il avec un sourire. « Dans les Lois Élémentaires du Vent, le son est divisé en deux aspects : les Profonds Mystères des Ondes Sonores et les Profonds Mystères de la Musique.  Les Vérités Profondes du Son sont en faites la fusion des deux! »

 

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