L'Anneau du Dragon Panlong | Coiling Dragon | 盘龙
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Chapitre 16 : Demi-tour
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Soulagés d’avoir repoussé Ojwin et Hanbritt, Linley, Dylin et Tarosse se rendirent en bavardant gaiement dans la salle principale du château pour fêter l’évènement autour d’un dîner. 

Si la bonne humeur régnait dans son camp, ce n’était pas le cas d’Ojwin!

Alors que lui et Hanbritt traversaient le ciel gris et nuageux en direction de l’empire O’Brien, ce dernier lui dit :

– « Ne fais donc pas cette tête. Comment aurais-tu voulu que nous tuions Olivier sous l’œil de Tarosse et Dylin, qui sont beaucoup plus forts que tu le pensais ? »  

Ojwin garda le silence. 

– « Le seul moyen pour nous de le faire est d’attendre qu’Olivier… ou Dylin et Tarosse quittent le Château du Sang de Dragon », reprit Hanbritt. « En attendant, laisse tomber. Le moment venu, si nous parvenons à obtenir l’aide du Seigneur Adkins, ou éventuellement de Barnas et Gatenby, la victoire sera certaine. » 

Dans les deux cas, en effet, ils n’auraient aucun mal à prendre le Château du Sang de Dragon et d’éliminer Olivier. 

Mais comment convaincre Adkins d’intervenir ?

– « Le Seigneur Adkins ? Je n’ose même pas lui adresser la parole. Quant à Barnas et Gatenby, il est très difficile de se lier d’amitié avec les deux. À moins d’y passer suffisamment de temps et d’énergie, il est quasiment impossible pour moi d’obtenir leur aide. » 

– « C’est bien que tu l’aies compris. Pour le moment, prends ton mal en patience », répondit Hanbritt.

Ojwin ne répondit pas. 

Comment le pourrait-il, lui qui ne pensait qu’à éliminer celui qui avait tué son fils ?  

Hanbritt le regarda et soupira intérieurement.

« Ojwin est comme possédé », pensa-t-il. « Mieux vaut que je l’empêche d’entretenir de faux espoirs ou des fantasmes à ce sujet. » 

– « Pour pouvoir tuer Olivier », dit-il, « nous serons obligés d’utiliser notre sens divin pour le localiser et nous serons découverts. Mieux vaut renoncer, car jamais nous n’y parviendrons tant que Tarosse et Dylin seront présents. »  

Soudain, Ojwin ouvrit grand les yeux et le regarda avec une expression de surprise mêlée de joie :

– « Que viens-tu de dire ???!!! »

– « Mais…Je … je n’ai rien dit! » 

– « Si! Tu as parlé d’utiliser notre sens divin pour le localiser! » Répondit Ojwin, les yeux brillants d’excitation. 

– « En effet », répondit Hanbritt, confus. « Si nous l’utilisons, Dylin et Tarosse ne manqueront pas de nous repérer et notre piège tombera à l’eau. Pourquoi ? » 

À sa grande surprise, Ojwin éclata de rire. 

Puis il prit une profonde inspiration et répondit en réprimant son enthousiasme qui transparaissait dans ses yeux : 

– « Tarosse ne pourra nous localiser que si nous utilisons notre sens divin. Mais si nous ne l’utilisons pas ? Suis-je bête! Pourquoi n’y ai-je pas pensé ? »  

Tout excité, il se mit à rire. 

Hanbritt commençait à comprendre : 

– « Ojwin, sans notre sens divin, jamais nous ne pourrons trouver Olivier dans un court laps de temps. »

– « Ne t’inquiète pas », répondit Ojwin, un soupçon de froideur dans le regard. « C’est très simple. Dylin et Tarosse n’utilisent pas leur sens divin en permanence, n’est-ce pas ? Il me suffira de m’introduire au château, d’y passer un moment et je parviendrai bien à localiser Olivier! » Expliqua-t-il, terriblement confiant. 

– « Fais attention de ne pas te retrouver face à ces deux Dieux avant d’avoir eu le temps de trouver ton adversaire! » Dit Hanbritt en riant.

– « Ce serait bien le comble de la malchance », s’empressa de répondre Ojwin. 

C’était le seul risque, mais si cela venait à se produire, il n’aurait plus aucun moyen de tuer Olivier.

– « Ton idée a de bonnes chances de fonctionner », acquiesça Hanbritt. « Mais c’est dangereux et je ne pourrai pas venir avec toi. La seule chose que je puisse faire est d’attendre ici et d’espérer que tu réussisses. » 

– « J’y arriverai seul », répondit-il. 

Sur ce, il sourit, fit demi-tour et reprit le chemin du Château du Sang de Dragon.  

En voyant disparaître Ojwin, Hanbritt soupira.

« La seule faiblesse d’Ojwin a toujours été le souci qu’il avait de son fils », pensa-t-il. 

En effet, tous deux étaient foncièrement méchants, Hanbritt ayant détruit la Montagne du Dieu de la Guerre et Ojwin le palais impérial de l’Empire Baruch.

Pendant ce temps, au château, Linley et Délia profitaient de leur intimité. 

Allongée dans les bras de son mari, la tête contre sa poitrine, Délia écoutait battre son cœur. 

Linley caressa les cheveux de Délia et tandis qu’il respirait leur parfum, il se sentit le cœur en paix.  

– « Linley », murmura son épouse. 

– « Hmm ? » 

– « Depuis quelque temps, il ne se passe pas un jour sans que j’aie peur qu’une guerre survienne », dit-elle en relevant la tête pour le regarder : « Quand tout cela va-t-il finir ? »  

En fait, beaucoup de personnes au domaine étaient très nerveuses.

– « Qu’est-ce qui t’inquiète ? » Soupira Linley. « Lorsque nous étions jeunes, que tu n’étais qu’un simple Mage et que je n’avais pas encore atteint le niveau Saint, nous avons réussi à traverser ce chemin semé de luttes et de guerres. Si nous n’avions pas peur à l’époque, qu’avons-nous à craindre maintenant que j’ai atteint le niveau Divin et que tu ne vas pas tarder à l’atteindre toi-aussi d’ici quelques années, lorsque tu auras terminé ta fusion avec ton Étincelle Divine ? » 

Délia se souvint alors de la période où elle était seule, Linley, qui était alors avec Alice, ayant disparu durant près de dix ans.  Réalisant qu’ils étaient ensembles à présent, elle sourit : Qu’avait-elle à craindre en effet ? 

Elle appréciait beaucoup cette vie paisible. Certes, tous deux devaient s’entraîner, mais ils prenaient souvent le temps d’être ensemble et profitaient de cette chaleur.

– « Linley, es-tu allé voir Alice ?» Demanda soudain Délia.

– « Alice ? Je ne l’ai pas vue depuis des décennies », répondit-il. « Pourquoi, tu… »

Linley ne ressentait rien lorsque l’on parlait d’Alice, sauf peut-être le sentiment que les choses avaient bien changé, le bleu de la mer étant devenu un champ de ronces.  Il ne l’avait pas revue depuis son mariage. 

– « En effet, je l’ai revue », répondit Délia. « À Baruch City. » 

– « Alice est dans la capitale impériale ? » S’exclama Linley, quelque peu surpris.

– « Tout à fait », acquiesça son épouse. « Elle dirige une succursale de la nouvelle Galerie Proux. Elle n’a pas beaucoup changé, tu sais, elle est toujours aussi belle. » Dit-elle d’un air taquin.  

Linley sourit, se remémorant le Jour de l’Apocalypse, lorsqu’il avait confié à Alice et Rowling le soin de veiller sur la directrice générale Maia.  

« De plus, Alice n’est toujours pas mariée », ajouta-t-elle en guettant attentivement le moindre changement sur son visage.  

– « Comment ?! » S’exclama Linley, plutôt surpris.

Cela faisait des décennies, après tout. L’amour qu’ils partageaient autrefois était aussi chimérique qu’un rêve. Et Kalan étant mort le Jour de l’Apocalypse, il pensait qu’Alice était mariée depuis longtemps. 

– « Tu penses à quelque chose de spécial ? » Demanda Délia avec un sourire sournois. 

– « Pas vraiment. Je suis seulement un peu ému », répondit son mari en riant. 

Cessant de le taquiner, Délia lui dit :

– « En toute franchise, c’est Jenne qui m’a dit qu’Alice était arrivée dans la capitale impériale. Elle y passe beaucoup de temps car depuis un moment, elle est plutôt célèbre dans le cercle aristocratique. Il est donc normal qu’elle voie Alice lors de réceptions. » 

Tandis que tous deux bavardaient, une silhouette émergea soudain de sous la terre dans les jardins arrières du château. C’était Ojwin. 

« Nous y voilà », pensa-t-il.  

Cela faisait trois ou quatre heures qu’il attendait à quelques centaines de kilomètres du domaine. Si ses calculs étaient exacts, il était l’heure de dîner lorsqu’il avait quitté le château aussi devait-il être environ minuit.  

« Tous doivent être dans leurs chambres respectives à présent », se dit-il, réprimant son excitation. « Il n’y a plus que quelques gardes qui patrouillent. »

 

Sur ce, il se faufila dans le domaine du château qui était presque aussi vaste qu’une petite ville. Des milliers de roturiers vivaient là et chaque nuit, il y avait quelques rondes. Mais pour un Dieu aussi puissant que lui, il était très facile de les éviter. 

 

– « Hé, les gars, prenez le relai. Nous allons nous reposer. » 

Lors de la relève, une patrouille se dirigea en bavardant vers les jardins côté Nord. En arrivant devant les quartiers où résidaient gardes et serviteurs, ils se séparèrent et prirent chacun le chemin de leurs appartements. 

Soudain, l’un d’entre eux se sentit pris de vertige tandis que sa conscience s’affaiblissait.

– « Dis-moi où se trouve Olivier », dit la voix d’Ojwin derrière lui.  

Il ne maîtrisait guère les techniques de contrôle mental, mais en tant que Dieu, son énergie spirituelle lui permettait de contrôler sans peine un citoyen ordinaire.

– « Je ne sais pas », répondit le garde, tendu. 

Ojwin fronça les sourcils. 

– « Et Tarosse et Dylin ? »

– « Aucune idée. » 

D’abord en colère, Ojwin comprit très vite. 

« Il semblerait que ces Divinités ne soient connues que de leurs serviteurs personnels », pensa-t-il, tout en réfléchissant à ce qu’il allait faire.  

– « Permettez-moi de vous poser une autre question. Auriez-vous vu un homme plutôt jeune avec des cheveux blancs et noirs ? Il est souvent avec Linley. » 

– « Oui, en effet », répondit machinalement le garde. 

– « Savez-vous où il vit ? » S’empressa de demander Ojwin, tout joyeux.  

– « Lors des rondes, j’ai aperçu ce Seigneur avec plusieurs autres dans les jardins Est. Le Seigneur Linley est souvent avec lui, en effet. 

« On dirait bien qu’ils résident tous dans les jardins Est, y compris Tarosse et Dylin », pensa Ojwin, ravi. 

– « Conduis-moi là-bas », dit-il.  

– « Bien sûr », répondit le garde sans opposer la moindre résistance. 

– « Hey, Will [Wei’er], ne rentres-tu pas te reposer ? Que fais-tu donc ici ? » Demandèrent plusieurs patrouilleurs qui revenaient des jardins de l’Est.  

Ojwin, qui se tenait caché, lui souffla : 

– « Dites-leur que vous avez perdu quelque chose lors de votre ronde et que vous êtes revenu le chercher. » 

Le garde obtempéra aussitôt. 

Les autres se mirent à rire :

– « Quelle négligence! Mais il fait nuit à présent, mieux vaudrait revenir de jour. » 

Sur ce, ils reprirent leur ronde. Certes, Will ne parlait pas comme d’habitude, mais ils en étaient sûrs, c’était bien leur vieil ami. Ils ne soupçonnèrent donc rien.  

– « Continuons », ordonna Ojwin en suivant le garde dans les jardins.

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