Le Véritable Monde des Arts Martiaux|True Martial World|真武世界
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Chapitre 3 : Et si je devenais un expert ?
Chapitre 2 : Une sœur aînée Menu Chapitre 4 : Qui a dit qu’il n’y avait pas d’homme chez moi ?

Avant de suivre Jiang Xiaorou, Yi Yun n’aurait jamais pensé que son nouvel univers soit, à en juger par l’homme à l’épée qu’il avait aperçu chevauchant cette énorme bête, un monde peuplé d’experts en arts martiaux dotés de la capacité de voler et d’élites issues de toutes sortes de clans.  

Lui qui était mystérieusement passé d’un monde à l’autre pourrait, si un jour il parvenait à intégrer un important clan ou une secte, apprendre les arts martiaux et même s’il manquait de talent, survivre sans avoir à s’inquiéter. 

Mais en voyant la maison délabrée qui se dressait devant lui, Yi Yun manqua de s’évanouir. 

Les habitations rurales qu’il avait pu voir autrefois dans les villages étaient bien au-dessus de cette demeure spartiate faite de boue et de pierres, qui ne contenait rien d’autre qu’une table, deux tabourets, deux vieux lits et un poêle.  

Jiang Xiaorou entra dans la maison, Yi Yun toujours sur son dos. 

Lui qui n’était pas habitué à être porté par une jeune fille avait tenté plusieurs fois de mettre pied à terre mais au bout de quelques pas, il se fatiguait tant son corps était faible et Jiang Xiaorou était contrainte de le porter à nouveau, pour son plus grand embarras. 

– « Tu dois avoir faim, Yun’er », dit l’adolescente en le déposant sur l’un des deux lits de bois.  

Elle transpirait abondamment, mais son visage plein d’énergie reflétait sa joie à l’idée que son jeune frère soit revenu d’entre les morts. 

En voyant ses vêtements couverts de sueur, Yi Yun se dit que cela n’avait pas dû être facile pour une jeune fille de quinze ans de parcourir deux à trois kilomètres en le portant la plupart du temps sur son dos, même s’il était mince et léger.  

Sur Terre, une adolescente de son âge qui aurait parcouru la même distance les mains vides serait totalement épuisée, alors que dire si elle avait dû porter quelqu’un!  

– « Oui… Un… Un peu », répondit-il, les lèvres sèches.  

C’étaient là les premiers mots qui sortaient de sa bouche depuis qu’il avait été transporté dans ce monde. Lui qui avait cru qu’il lui serait difficile, voire impossible de parler une langue qui n’était pas la sienne fut surpris de constater qu’il la maniait avec autant de facilité que s’il s’agissait de sa langue maternelle.

Jiang Xiaorou essuya délicatement le visage maculé de terre de Yi Yun qui était dans un état second, lui installa un oreiller pour qu’il puisse se reposer et d’un geste à la fois doux et sûr, le recouvrit d’un léger plaid.  

– « je vais préparer le repas », annonça-t-elle avec un sourire.

Il était évident que cette jeune fille n’était pas sa sœur, cependant, du fait qu’elle l’ait porté sur son dos et prenne autant soin de lui, Yi Yun commençait à éprouver une certaine tendresse à son égard.

Il aurait voulu l’aider, allumer le feu dans le poêle, mais elle insista pour qu’il reste au lit. 

– « Tu te remets à peine d’une grave maladie, il ne faudrait pas que tu prennes froid! Reste allongé, ta sœur sera bientôt de retour », dit-elle en s’emparant d’un sac de céréales presque vide. 

Quinze minutes plus tard, en effet, Jiang Xiaorou approchait du lit une table de bois cassée où elle avait disposé de gros bols de riz, un saladier de légumes sauvages bouillis et deux fruits qu’ils n’avait jamais vus.

À la vue de cette nourriture, l’estomac de Yi Yun se mit à gronder.  

Il aurait volontiers mangé du porc, du poulet rôti ou encore du canard, voire du poisson. 

« Je meurs de faim! Comment vais-je pouvoir me rassasier avec ça ? » Pensa-t-il. 

L’énorme gorgée de porridge qu’il avala ayant eu pour effet d’attiser encore davantage sa faim, il prit encore quelques cuillerées de porridge accompagnées de légumes bouillis dans lesquels il n’y avait même pas d’huile. Mais malgré sa faim extrême, ceux-ci étaient si amers qu’il avait du mal à en manger davantage.  

Tandis qu’il peinait à avaler ce repas peu appétissant, il s’aperçut que Xiaorou ne mangeait rien et gardait les yeux rivés sur lui. 

– « Pourquoi ne manges-tu pas ? » Demanda-t-il. 

La jeune fille blêmit :

– « J’avais déjà mangé lorsque je t’ai trouvé », balbutia-t-elle. 

Yi Yun marqua une pause. Comment Jiang Xiaorou aurait-elle pu trouver le temps de manger alors qu’elle était au cimetière vers trois heures de l’après-midi ? 

Il réalisa soudain que même une nourriture comme celle-ci n’était certainement pas facile à obtenir.

« Dans quel genre de monde suis-je tombé où, pendant que de puissants experts chevauchent des bêtes féroces, d’autres meurent de faim ? »

Yi Yun repoussa son bol de porridge et se leva pour aller inspecter le sac de céréales posé dans un coin de la maison. Comme il s’y attendait, celui-ci était vide.  

Yi Yun se dit alors qu’habituellement, Xiaorou devait préparer beaucoup moins de porridge et que si elle en avait fait autant ce jour-là, c’était parce qu’il venait à peine de ressusciter.

Elle voulait lui redonner des forces. 

– « Je suis rassasié. Prends-en, toi aussi », dit-il en poussant le bol vers elle. 

D’une part il avait perdu l’appétit et d’autre part, il ne pouvait pas accepter qu’une jeune fille soit obligée de se priver pour qu’il puisse manger à sa faim.  

En proie à des sentiments mitigés, il se demandait s’il lui était encore possible de quitter ce monde parallèle pour revenir dans le sien. Dans le cas contraire, il envisageait de trouver une occasion pour se former et prendre son envol en tant qu’expert. 

Mais à première vue, la survie elle-même posait problème. Peut-être même serait-il mort de faim avant d’avoir pu trouver quoi que ce soit.

– « Je n’ai pas faim », répondit Jiang Xiaorou, obstinée. « Demain, c’est le jour de la distribution des rations. Nous pourrons alors nous procurer un morceau de viande que je te préparerai. »  

À voir son visage s’empourprer en prononçant ces paroles, il était évident que Jiang Xiaorou attendait ce moment.  

Yi Yun demeura silencieux. Si, sur Terre, il trouvait que la vie était dure, cela n’avait rien de comparable avec celle que menaient les gens dans ce monde parallèle menacés à tout moment de mourir de faim faute d’approvisionnement suffisant.

Au milieu de la nuit, alors qu’une légère brise soufflait et que des grenouilles, cachées dans les herbes du marais, coassaient, Yi Yun, qui ne dormait toujours pas, se tourna et se retourna, le mystérieux cristal pourpre à la main.  

S’il avait pu sortir de la grotte montagneuse effondrée, c’était bien grâce à cette petite carte. Nul doute qu’il s’agissait d’un trésor qui, s’il l’étudiait, pourrait certainement lui être profitable. 

Entre l’imposante aura de cet homme qui, dans ses souvenirs, chevauchait une énorme bête en pleine nature et le pauvre peuple souffrant pour lequel ce monde était plein de dangers, c’était le jour et la nuit. 

« Si je devenais un expert, je serais libre et au moins, je ne risquerais pas de mourir de faim… » 

Yi Yun porta la main à son estomac. Il avait finalement réussi à donner une partie de son dîner à Jiang Xiaorou mais comme il était encore en pleine croissance et avait depuis longtemps digéré sa bouillie, la faim se faisait à nouveau sentir.  

Il en était à ce constat lorsque soudain, le cristal pourpre lisse et froid qu’il tenait dans sa main émit une légère sensation de froid, comme si… 

« Hein ? »

Yi Yun, qui venait de remarquer quelque chose, se redressa sur son lit et observa le cristal, un sourire extatique sur le visage.  

Après un examen attentif, il s’aperçut que de minuscules points de lumière pourpre flottaient tout autour de la carte. Peu à peu, ils pénétrèrent à l’intérieur et disparurent, comme absorbés par le cristal. Ce processus se poursuivit jusqu’à ce que la lueur émise par la carte s’intensifie. 

« Qu’est-ce que cela signifie ? » Se demanda Yi Yun dont le souffle s’accélérait. 

À mesure que la lumière émise par le Cristal Pourpre devenait plus brillante, il eut le sentiment qu’il se refroidissait. Une incroyable sensation de fraîcheur se répandit dans tous ses membres, comme si cette mystérieuse lumière purifiait son corps. 

Yi Yun se souvint avoir éprouvé cette impression alors qu’il creusait dans la grotte. À chaque fois qu’il était à bout de souffle et sur le point de défaillir, cette fraîcheur le revigorait. 

Pour qu’une personne reste en vie et puisse se mouvoir, il fallait fournir au corps une énergie sans cesse renouvelée. Sans nourriture, pas de nutriments et bien sûr, pas d’énergie non plus d’où la famine.  

Or, il en fallait pour creuser péniblement un tunnel aussi long sans manger ni boire pendant des jours. Cette fraîcheur était sans doute le signe que le cristal lui fournissait de l’énergie vitale. 

En y réfléchissant, il se souvint que lorsqu’il avait découvert ce cristal dans la grotte, celui-ci brillait comme une perle dans la nuit. Or, depuis qu’il était arrivé dans ce monde étrange, cette lueur s’était affaiblie, sans doute parce que l’énergie s’épuisait. 

Et voilà qu’à présent, elle semblait se régénérer et s’intensifier à nouveau. À quelle source d’énergie ce Cristal Pourpre pouvait-il bien se recharger ? 

En observant attentivement, Yi Yun s’aperçut que ces minuscules points lumineux formaient comme une nappe qui s’étendait jusque de l’autre côté de la fenêtre. On aurait dit qu’ils étaient issus de la lumière des étoiles.

Était-ce là la source d’énergie qui régénérait le cristal ? 

Yi Yun réfléchit un moment, sauta de son lit, se dirigea vers le poêle et remua un peu les braises, y jeta une poignée d’herbe et regarda danser les flammes jaunes.

Puis il déposa doucement le Cristal Pourpre dans le feu. 

Sa théorie était simple. Si ce cristal pouvait absorber l’énergie issue de la lumière des étoiles, peut-être pouvait-il également absorber celle de son environnement ?

À sa connaissance, le feu était une forme d’énergie certainement plus puissante que la lumière des étoiles. Le cristal allait-il l’absorber, et ce plus rapidement ? 

Il ne lui vint pas une seconde à l’idée que les flammes pourraient le détruire. 

Mais il eut beau le laisser dans le feu, le Cristal Pourpre ne présentait aucun changement, pas plus qu’il ne chauffait. 

On aurait dit un bloc de glace incapable de fondre. Lorsque le feu mourut, il était encore froid. 

Yi Yun secoua la tête et, abandonnant l’expérience, décida de s’aventurer hors de la maison où, pensait-il, la lumière des étoiles serait plus dense et susceptible de fournir davantage d’énergie au cristal. 

Une fois plein à ras bord, qui sait quels changements pourraient se produire ? 

Yi Yun était impatient de le savoir! 

Craignant de réveiller sa “sœur” qui dormait dans la pièce adjacente, il ouvrit la porte de la maison, celle de la cour et les referma soigneusement derrière lui. 

Là, une surprise l’attendait. 

À quelques mètres de lui, assise sous un arbre, une jeune fille vêtue de bleu était occupée à polir avec soin une pointe de flèche.

Celle-ci reflétait sur son délicat visage la froide lueur de la lune, tel un voile fait de milliers de fils d’argent. Des dizaines de lucioles volaient autour d’elle comme s’il s’agissait d’une déesse. 

« Jiang Xiaorou ?! »

À ses côtés brillait un tas de flèches parfaitement réalisées, chacune dotée d’une tête bien pointue.  

« C’est… »

Bien que Yi Yun ne connaisse rien aux armes, il pouvait apprécier l’élégance de ces flèches.

– « Yun’er ? Que fais-tu donc debout ? La nuit est humide et tu es en pleine convalescence. Retourne vite te coucher », dit-elle en se levant dans l’intention de le renvoyer à la maison.  

– « Pourquoi tant de flèches, ma sœur ? » Demanda-t-il, intrigué. 

À voir Jiang Xiaorou, on n’aurait jamais dit qu’elle était en mesure de tendre un arc. 

– « Pour les échanger demain contre des rations, comme nous l’avons toujours fait… », répondit-elle en posant sur lui un regard étrange.   

Yi Yun, qui, par un grand mystère, s’était retrouvé dans ce monde dont il comprenait la langue, n’avait pas la moindre idée de la vie que menait son double, ses souvenirs étant restés les siens. 

Il était un peu comme un amnésique qui aurait perdu la mémoire suite à une blessure à la tête, à la différence près que si un amnésique perd le souvenir des évènements, il n’oublie pas ses compétences linguistiques.

Yi Yun avait longtemps cherché une excuse parfaite, du genre :

– « Désolé, Sœurette, je reviens d’entre les morts, aussi j’ai oublié certaines choses… »  

– « Tu ne t’en souviens pas ? » Demanda Jiang Xiaorou, surprise. 

Comme, à l’époque, après avoir été cloué un bon moment au lit, Yi Yun avait finalement succombé aux blessures consécutives à une chute qu’il avait faite dans la montagne en ramassant des herbes, il était parfaitement possible qu’il se soit blessé à la tête. 

À cette pensée, la jeune fille éprouva de la peine et s’inquiéta :

– « Yun’er, tu… »

– « Je vais bien », coupa-t-il aussitôt, pour la rassurer.  « Sœurette, parle-moi de ce monde et de l’homme que nous avons vu chevauchant cette énorme bête. Il y a tellement de choses dont je ne me souviens pas… »



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