Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 946 : Une question de salaire
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Roland referma le cahier et soupira. Certes, l’arrivée des sorcières de l’Île Dormante insufflerait une vitalité incommensurable à l’industrie de la Cité Sans Hiver mais quelques problèmes épineux se posaient, en particulier la question du salaire.  

En effet, en théorie, ces sorcières membres des Sortilèges de l’Île Dormantes étaient sous la direction de Tilly et il leur appartenait de décider si elles souhaitaient ou non être employées. Même si ses relations avec la Princesse s’étaient considérablement améliorées, il lui serait difficile de revenir sur sa promesse et d’utiliser ce lien pour faire avancer les sorcières.

Les postes prévisionnels consignés dans son cahier n’étaient donc que des prévisions, leur concrétisation dépendant entièrement du nombre de sorcières désireuses de rejoindre la production.

Si leur inculquer des slogans tels que “le travail est glorieux” ou “le travail peut changer une destinée » pouvait avoir une légère influence sur elles, en revanche, il était parfaitement vain de mettre en avant l’idée de “se battre pour sa patrie”, leur seule patrie étant l’Île Dormante.  

Roland était persuadé que quiconque vivrait quelques années dans sa ville finirait par en tomber amoureux et la considérer comme son foyer, mais le moment n’était pas encore venu. Par ailleurs, il était tout à fait naturel pour un nouvel arrivant de se montrer méfiant. Comme il ne pouvait pas se permettre d’attendre quelques années pour développer l’industrie, il lui fallait donc proposer un salaire suffisamment alléchant pour leur donner le désir de travailler.  

Roland avait déjà questionné Tilly au sujet de leur salaire. Sur l’Île Dormante, les services rémunérés par primes offerts aux commerçants ou aux explorateurs étaient assez onéreux, la plupart rapportant des dizaines voire des centaines de Royals d’or. Certes, Tilly utilisait cet argent pour acheter le matériel indispensable à la vie quotidienne, cependant, les sorcières étaient payées selon un système primitif d’attribution des quotas. Elles menaient peut-être une vie assez pauvre, mais cela ne signifiait pas qu’elles ne savaient pas ce qu’est l’argent.  

En outre, Tilly disposait actuellement de 30% des bénéfices tirés de la vente des Boissons du Chaos. Il était donc normal qu’elle en utilise une petite partie pour améliorer le niveau de vie des sorcières. Autrement dit, quand bien même elles ne travailleraient pas, celles-ci ne mourraient pas de faim et mèneraient, quoi qu’il en soit, une vie bien meilleure que sur l’Île Dormante.  

Quelques Royals d’or supplémentaires ne suffiraient donc pas à les motiver.

Par ailleurs, un autre problème pourrait se poser. En effet, la plupart des sorcières de l’Association touchaient entre un et trois Royals d’or par mois. Même si Roland les augmenterait, elles pourraient ne pas comprendre pourquoi des étrangères étaient mieux rémunérées qu’elles, voire se demander comment il se faisait que leur salaire, inchangé depuis près de deux ans, augmente soudain avec l’arrivée des sorcières de l’Île Dormante. Les anciennes devaient-elles compter sur de nouvelles arrivantes pour obtenir une augmentation de salaire ?

Même s’il savait que les membres de l’Association des Sorcières ne se permettraient pas de soulever ainsi la question, Roland préférait ne pas s’engager dans cette voie.

Tout en réfléchissant, il ne put s’empêcher de contempler la jeune femme étendue sur sa chaise longue en train de lire un livre d’images.

Rossignol, qui avait dû sentir son regard posé sur elle, tourna la tête de demanda :

– « Que se passe-t-il ? »

Une courbe parfaite.

« Ce n’est pas le moment de s’égarer », pensa Roland qui, s’éclaircissant la voix, s’enquît :

– « Depuis combien de temps êtes-vous ici ? »

– « Deux ans, 11 mois et 26 jours », répondit la sorcière en se redressant. « Pourquoi cette question ? »  

« Quelle précision! » Pensa Roland.

– « Si j’ai bonne mémoire, votre salaire de départ était de deux Royals d’or par mois, n’est-ce pas ? »

– « C’est exact », répondit Rossignol avec un sourire ambigu.  « À l’époque, je touchais deux fois le salaire d’Anna. Au départ je n’étais pas d’accord, mais sous votre insistance, j’ai fini par céder et accepter d’être votre garde personnel, un peu à contrecœur. »  

« Quelle insistance ? Après vous êtres aperçue qu’Anna avait passé sereinement le jour de son passage à l’âge adulte, vous avez décidé de repartir pour tenter de dissuader Cara, vous vous êtes disputée avec elle et c’est alors que vous avez pris la décision de rester! » Répondit Roland en levant mentalement les yeux au ciel. « Ce que je voudrais savoir, c’est si, durant votre séjour, vous avez déjà eu le sentiment que votre salaire n’était pas proportionnel au travail que vous fournissiez et peut-être même envisagé de partir. »

– « Pardon ? » Le sourire sur le visage de la jeune femme céda la place à une légère inquiétude : « Pourquoi… pourquoi voudriez-vous que je m’en aille ? »

– « Ce n’était qu’une métaphore », s’empressa de répondre le Roi, réalisant que ce qu’il venait de dire pouvait être mal interprété. « Considérez seulement la première partie de ma phrase. Pensez-vous que certaines sorcières trouvent leur salaire trop bas ? »

Voyant qu’il parlait sérieusement, Rossignol soupira, soulagée et, en un éclair, fut devant son bureau.  

– « Comment le pourrions-nous ? Un Royal d’or représente six mois du salaire d’un homme ordinaire. Or nous ne travaillons pas plus dur que ces ouvriers. Notre salaire est disproportionné et la question ne se pose pas. Si nous gagnions davantage, nous ne saurions même pas comment dépenser notre argent. N’oublions pas que nous n’avons plus à nous soucier de notre quotidien, ce qui, autrefois, aurait été inimaginable. »  

– « Toutes les sorcières ne sont peut-être pas de votre avis… »

– « Bien sûr que si! D’ailleurs, demandez à Wendy si vous ne me croyez pas! » Répondit Rossignol avec assurance. « Elle connaît nos sœurs mieux que moi. »

– « Très bien », dit Roland en haussant les épaules. « Par ailleurs, je voudrais votre avis sur une autre question. »  

– « Laquelle ? » S’enquit la sorcière, intriguée.

– « C’est encore un secret », répondit Roland avec un sourire, « mais vous n’allez pas tarder à le savoir. »

– « Jamais cette pensée ne m’a traversé l’esprit, Majesté! » Répondit Wendy avec conviction alors qu’il lui posait la question. « Même sans salaire, j’aurais fait tout mon possible pour construire cet endroit. Du reste, je dis toujours que la Cité Sans Hiver est la Montagne Sacrée des sorcières. Quant aux autres sœurs, elles vous servent dans le même état d’esprit. Si l’Hôtel de Ville est à court d’argent, je peux vous donner mes économies. »

– « Je… je voulais seulement avoir votre avis », répondit le Roi, particulièrement touché par sa réaction. Il se toucha le nez, la regarda et demanda : « Y’aurait-il quelque chose de particulier que vous pourriez souhaiter ? »  

– « Mais… »  Sous le coup de la surprise, Wendy vit Rossignol lui faire un clin d’œil : « Eh bien… puisque vous me posez la question… nous serions ravies si… nous pouvions avoir chacune une bouteille de Boissons du Chaos supplémentaire par mois. »  

– « C’est aussi votre avis ? » Demanda Roland à Rossignol.

– « Est-ce une sorte de jeu consistant à émettre des vœux ? Si je puis exprimer librement mon souhait, je propose plutôt deux bouteilles supplémentaires », répondit la sorcière avec un doux sourire.

« Cela ne m’étonne pas », pensa Roland qui disposait désormais d’un cadre approximatif pour réformer les salaires des sorcières.

En effet, ce qui était plus précieux à leurs yeux que l’argent, c’était ce qu’elles ne pouvaient pas s’offrir. Si certaines sorcières fréquentaient souvent la maison de spiritueux d’Evelyne, d’autres, en raison de ses prix élevés, préféraient se tourner vers des vins de fruits bon marchés. Non pas qu’elles ne puissent pas se le permettre, mais leur philosophie de consommation leur interdisait de dépenser autant dans ses produits de luxe.  

Par ailleurs, les Boissons du Chaos vendues à la taverne d’Evelyne étaient toutes des variétés anciennes, les faibles ventes ne permettant donc pas de remplacer souvent les stocks. Rien de comparable, donc, avec la fraîcheur des nouveaux produits créés chaque mois.

« Et si je faisais de ce produit de bien-être un achat spécial ? » Se demanda-t-il.

On pourrait qualifier cela de système de points ou de système de double devise. Ceci dit, les sorcières ne seraient-elles pas plus motivées à travailler s’il proposait de les récompenser avec quelque chose qu’elles n’auraient pas à acheter avec de l’argent ? Cela pourrait du même coup éviter que celles-ci ne ressentent un sentiment d’inégalité face à l’augmentation des salaires.

Outre les Boissons du Chaos, Roland avait de nombreuses autres idées concernant des articles d’autant plus attractifs que nulle autre entreprise n’était en mesure de les imiter.   

« Vous en voulez ? Eh bien, venez travailler! »

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