Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 936 : Combat rapproché
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– « Qu’avez-vous dit ? » S’écria le Roi de l’Aube en se levant d’un bond, repoussant la danseuse qu’il tenait dans ses bras.

La magnifique jeune femme, qui ne portait rien d’autre qu’un voile rose sur son corps à demi dévêtu, s’écroula sur le sol et bien que sérieusement blessée, elle n’osa pas crier.  

Les serviteurs, interprètes et jongleurs baissèrent la tête, affolés.

Le silence se fit dans le palais.

Le Secrétaire d’État ravala sa salive et répondit :

– « Votre Majesté… Votre Premier Ministre se rebelle. »

– « Êtes-vous certain qu’il s’agit d’une rébellion ? Ne se contente-t-il pas simplement de soutenir ces imbéciles d’étrangers ? »

Alban se demandait si c’était lui qui avait mal entendu son ministre ou si ses gens avaient démesurément exagéré les choses.

Il connaissait bien sûr les intentions de ces traîtres. Tous ceux qui étaient revenus vivants d’Hermès ayant été témoins de la destruction de la Chevalerie personnelle du Roi et de misérable fuite, il aurait été naïf de sa part de s’imaginer qu’ils resteraient loyaux envers la famille royale.

Une certaine rébellion était à prévoir et bien entendu, ils s’empresseraient, pour obtenir du soutien, de faire alliance avec les trois grandes familles de la capitale. Si Alban était méfiant à ce sujet, connaissant ses trois anciens ministres, il pensait que ceux-ci respecteraient les règles et resteraient à l’écart derrière des portes closes. Après tout, la capitale était toujours entre ses mains et tout acte de défi équivalait à un suicide.

Jamais il n’aurait cru que les premiers à poser problème soient la famille Quinn.

En s’alliant avec des seigneurs de rang inférieur, Alban avait déjà franchi ses limites. Peut-être le vieux Comte voulait-il seulement se laisser une issue ou prendre position… Mais quoi qu’il en fût, un acte aussi impertinent ne pouvait rester impuni. Il s’était déjà montré suffisamment miséricordieux en ne tuant pas sur le champ Otto Luoxi, son ami d’enfance.

Mais qu’entendaient-ils par rébellion ?

Le Comte Quinn, en effet, habitait toujours la Cité de Lumière où il n’avait ni sujets, ni soldats. Entendait-il se rebeller avec seulement une douzaine de gardes ? Ce serait ridicule!

– « Le Comte a pris contact avec les autres nobles. Ce n’est pas un secret, il leur a littéralement envoyé une invitation! » Répondit le ministre en essuyant la sueur qui perlait à son front. « Il les a tous conviés dans sa demeure pour les convaincre de soutenir la famille Quinn! »

Abasourdi, Alban n’était pas certain de comprendre ce qu’il venait d’entendre.

Certes, cela pouvait être perçu comme une rébellion, mais sa façon de faire était ahurissante!

Au lieu de demander de l’aide aux nobles, voilà que Rodolphe sollicitait leur appui. Était-il seulement conscient de ses actes ?  

Lui qui était semblable à un navire susceptible de couler à tout moment, comment pouvait-il espérer gagner le soutien de l’aristocratie ? Cet acte allait sans aucun doute en faire des ennemis acharnés et jamais les Misra ne tolèreraient pareille provocation. Une situation aussi ridicule aurait pour effet de lui attirer le mépris des nobles.  

Mais tout de même, le Premier Ministre s’était-il déjà montré si arrogant ?

Après un long moment de réflexion, Alban répondit :

– « Transmettez mes ordres! Que le Duc Bachov qui commande la patrouille se rende avec ses hommes chez le Comte, l’arrête et me l’amène. Tous les autres occupants de la résidence seront gardés à vue. Si jamais quelqu’un tente de s’opposer à lui, le Duc a ma permission de le tuer sur-le-champ!  Je suis curieux de savoir ce que le Compte aura à dire pour sa défense. »

– « Entendu, Votre Majesté. »

Comme il n’était plus d’humeur à se réjouir, le Roi renvoya toute la salle et resta seul, paralysé sur son trône.  

En fait, il ne cherchait pas vraiment le plaisir, mais plutôt l’abrutissement car aussitôt qu’il se retrouvait plongé dans le silence, les bruits de tonnerre résonnaient dans sa tête.

Jamais il ne pourrait oublier la profonde impression que lui avait laissée cette guerre, qui avait pourtant pris fin un mois auparavant.

En fait… ce n’était pas une guerre, mais un massacre unilatéral qui n’avait laissé à ses troupes aucune chance de riposter.

Chevaliers et serfs étaient égaux devant l’assaut de Graycastle.

De retour dans la capitale, Alban réalisa qu’il n’avait plus le courage d’affronter Roland, la défaite qu’il venait de subir l’ayant affecté plus encore que la mort de son père.

Pire encore : la famille Misra avait désormais perdu le Royaume de l’Aube.

Voilà ce qu’il en coûtait d’offenser un puissant voisin! Tôt ou tard, ce pays annexerait la terre qu’il avait hérité de son père sans qu’il n’y puisse rien faire!

En montant sur le trône, il était plein d’ambition et bien déterminé à gouverner ce royaume de façon à ce que le peuple puisse mener une vie stable et n’aie plus à redouter les sorcières, les bêtes démoniaques ou autres menaces extérieures. Mais un an après son arrivée au pouvoir, il avait déjà perdu toute illusion et tout intérêt pour les affaires politiques ou le commerce. Tout ce à quoi il s’attendait désormais était que l’armée ennemie passe à l’attaque et suspende son cadavre sur les remparts.

À cette pensée, Alban sentit sa haine grandir envers le Roi de Graycastle. Il aurait voulu le dévorer vif!

Sans Roland Wimbledon, il aurait laissé une trace dans l’histoire de sa génération en tant que célèbre dirigeant!

Tout était de sa faute : le nouveau Roi de Graycastle avait été ensorcelé par des sorcières!

Il frappa sa paume contre l’accoudoir, n’ayant aucun moyen d’évacuer le feu qui ravageait son cœur.

– « Une fois capturé, le Comte Quinn va savoir ce qu’est la colère d’un Roi! »

Mais dans l’après-midi, son nouveau ministre se précipita au Palais, paniqué :  

– « Votre Majesté, Monsieur Bachov est mort! La patrouille… toute l’armée a pris la fuite! »

– « Comment ?! » S’écria le Roi de l’Aube en le saisissant par le col. « La maison était-elle piégée ? Sont-ils tombés dans une embuscade ? »

– « Oui, il y avait des gardes cachés », répondit précipitamment le ministre. « Je l’ai vu de mes propres yeux. Bachov a d’abord demandé au Comte de sortir puis, devant son refus, a aussitôt fait irruption dans la maison. Mais il a immédiatement été tué par les gardes, après quoi ceux-ci se sont précipités dans la cour et ont éliminé tous les patrouilleurs qui attendaient à l’extérieur. Ils étaient comme fous et portaient toutes sortes d’armes, dont des couteaux à désosser, des bâtons et même des briques de pierre… en moins de trente secondes, il ne restait plus rien du peloton! »  

– « Combien étaient-ils ? »

– « Peut-être… sept ou huit. »

– « Imbécile! » S’écria Alban en jetant le ministre au sol. « Sept ou huit! Vous appelez ça une embuscade ?! N’importe quel homme d’affaires à la Cité de Lumière a au moins une douzaine de gardes! La peur vous aurait-elle fait perdre l’esprit ?! Comment est-il possible que sept ou huit gardes aient terrassé cent à deux cents patrouilleurs ? Une centaine de sangliers aurait tenu plus longtemps! Ne me faites pas croire qu’ils sont encore moins fort que des cochons sur un terrain de chasse! »

– « Votre Majesté, ces gens… ne sont pas des êtres humains. Ce sont des monstres! » Répondit le ministre. « Ils étaient si puissants et si rapides que la plupart des patrouilleurs n’ont pas réussi à parer un seul de leurs coups. Jamais un homme n’aurait pu réussir cet exploit! »  

Alban tressaillit. Ce scénario lui rappelait quelque chose.

Il se souvint que les deux Purifiées qui avaient assassiné son père lui avaient donné un aperçu des prouesses terrifiantes de l’Armée du Châtiment Divin.

Le Comte Quinn était-il lié à l’Église ?  

Une colère incontrôlable s’empara de lui.

– « Riesus! » Hurla le Roi.

Aussitôt, un Chevalier entra et fléchit le genou :

– « Que puis-je pour vous, Majesté ? »  

– « Convoquez immédiatement tous les mercenaires de la Cité de Lumière, apportez arbalètes et roquettes, et mettez le feu à la résidence du Comte Quinn! » Cria-t-il. « Monstres ou humains, je veux les voir réduits en cendres! »

– « Mais… Sa résidence est située en plein centre-ville », répondit le Chevalier, hésitant. « Si l’incendie s’étend, j’ai bien peur que nous ne puissions le contrôler »  

– « Taisez-vous et obéissez! » Gronda Alban, hystérique. « Si vous ne parvenez pas à le brûler, inutile de revenir me voir! »  

Confrontée à un adversaire cent fois supérieur en nombre et armé d’arbalètes, l’Armée du Châtiment Divin elle-même n’aurait aucune chance de l’emporter. Fomenter avec l’Église revenait à signer leur arrêt de mort.

Le lendemain, le Roi de l’Aube fut informé par ses espions que les mercenaires qu’il avait chargés d’intervenir de nuit n’avaient même pas atteint la résidence du Comte. Alors qu’ils traversaient l’Avenue du Soleil Levant, ils avaient été attaqués par une troupe de saltimbanques.

Il s’assura qu’il n’avait pas mal compris ce que venait de lui rapporter le ministre.

Une troupe d’acrobates qui se produisait dans la rue avait soudain interrompu son spectacle pour attaquer les mercenaires. Pris au dépourvu, ceux-ci avaient subi de lourdes pertes. Par ailleurs, ces saltimbanques se battaient exactement de la même manière que les gardes du Comte.  Mais cette fois, ils étaient armés de dagues, de marteaux de fer et de boucliers de bois récupérés auprès des patrouilleurs.

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