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Histoire 5: Pas de haut-parleur, Partie 3
Histoire 5: Pas de haut-parleur, Partie 1 et 2 Menu Histoire 6 : La providence

~3~

Dix ans plus tard, la fusée avait atterri sur la planète énergie comme prévu.

La cabine de la fusée avait commencé à se réchauffer et la jeune fille s’était réveillée de son sommeil cryogénique et était sortie de la pièce en rampant.

Elle s’était écrasée sur le sol, ses membres tremblants.

Tout son corps était engourdi et impuissant. Une bonne vingtaine de minutes s’étaient écoulées avant qu’elle puisse se lever.

Avec ses membres non coordonnés, elle avait titubé vers la cabine principale.

Le tableau de bord indiquait qu’il y avait de l’oxygène à l’extérieur, mais par mesure de sécurité, la fille avait apporté un appareil de filtration.

Après avoir enfilé une combinaison spatiale légère, elle appuya doucement sur un bouton.

La porte s’ouvrit lentement.

Une terre stérile remplie d’amas de roches rouges était entrée dans son champ de vision.

Elle avait essayé de sortir par la porte.

Elle regardait autour d’elle et avait enregistré sa position.

Son corps avait grandi d’un demi-pied (15 cm environ) pendant ces dix années et elle mesurait maintenant cinq pieds sept (174 cm).

Elle avait eu du mal à s’adapter.

Tout semblait normal.

Comme Mars, sa surface était inégale.

Après avoir marché sur une certaine distance, la fille avait trébuché.

En se retournant, elle avait remarqué le coin d’un objet en fer qui était enterré sous un morceau de lœss.

Après une demi-journée et beaucoup d’efforts, elle avait finalement réussi à déterrer les quatre morceaux de machines.

En y regardant de plus près, elle s’était rendu compte que ces morceaux rouillés constituaient le corps d’un artilleur.

Elle avait aussi trouvé des membres étranges, appartenant probablement aux insectes extraterrestres.

Après quelques tests, elle avait choisi les composants fonctionnels.

La jeune fille avait commencé à les assembler dans l’espoir de modéliser un artilleur complet.

Deux jours s’étaient écoulés.

Chaque fois qu’elle avait faim, elle retournait à la fusée pour aller chercher de la nourriture et dormait un peu avant de continuer les réparations.

Elle avait réussi à réactiver l’artilleur le troisième soir.

L’artilleur se leva lentement mais avait trop peu d’énergie, comme en témoignait l’instrument qu’elle tenait à la main.

Elle avait ramené l’artilleur à la fusée et, à ce moment-là, sa batterie était presque à zéro.

Elle comptait sur l’accumulateur de la fusée pour charger l’artilleur, elle avait l’intention de compter sur lui pour couvrir et explorer une plus grande distance.

En chemin, elle avait vu un insecte solitaire.

À une quinzaine de mètres de là, l’insecte s’était précipité vers la jeune fille.

Sous son contrôle, l’artilleur avait impitoyablement tiré sur l’insecte jusqu’à ce que la fille le calme.

Après avoir utilisé plus de la moitié des munitions de l’artilleur, la jeune fille s’était rendu compte qu’il n’était pas sage de gaspiller des munitions de cette façon.

Trois jours de plus s’étaient écoulés.

Après quelques explorations, elle sut qu’elle se trouvait dans un camp de base humaine détruite.

Les installations semblaient saines. Elle avait réussi à rétablir l’alimentation électrique.

Cependant, le moniteur principal était déjà gravement endommagé et les boutons ne fonctionnaient généralement pas correctement.

Dans l’entrepôt, elle avait trouvé vingt artilleurs qui n’avaient pas encore été mis en place et activés.

La fille avait compilé leurs codes et les avait organisés en équipes.

Elle les avait chargés.

Elle avait emmené les artilleurs avec elle pour récupérer sa fusée et la placer dans la base du camp.

Il y avait une cabine écologique dans le camp de base et des pommes de terre y poussaient densément.

C’était peut-être un bon début.

Avec une vingtaine d’artilleurs, elle inspectait les environs.

Certains éléments de ces artilleurs étaient rouillés, ce qui avait légèrement affecté leurs mouvements.

Chaque fois que des composants endommagés les immobilisaient, la jeune fille effectuait quelques réparations de base.

Les appareils de filtrage avaient commencé à s’épuiser, ne lui laissant d’autre choix que de respirer l’oxygène de la planète.

Elle toussa violemment en inhalant son premier souffle.

Par la suite, elle n’avait rien senti d’autre et avait décidé d’enlever sa combinaison spatiale.

Même si celle-ci était légère, elle était tout de même encombrante.

Et de cette manière, elle avait traversé l’ancien champ de bataille entre les artilleurs et les insectes extraterrestres.

La jeune fille avait procédé à des inspections approfondies de chaque artilleur dans l’espoir de retrouver l’artilleur d’antan.

Elle n’avait pas eu autant de chance cette fois.

Elle avait été attaquée de tous bords par un groupe d’insectes.

Les insectes densément entassés avaient rampé vers le bas de la pente, l’encerclant efficacement.

La fille les avait combattus calmement avec ses équipes parfaitement programmées.

Les vingt artilleurs étaient divins.

Mais des problèmes avaient refait surface.

Certains artilleurs avaient commencé à perdre leur coordination.

Dès qu’un insecte en capturait un, plus de dix de ces insectes se jetaient dessus et le détruisaient.

La jeune fille regarda autour d’elle et vit une petite grotte.

Sans autre choix, elle avait amené les artilleurs restants à l’intérieur pour se mettre à l’abri.

Les artilleurs s’étaient postés à l’entrée de la grotte et avaient commencé à tirer sur les insectes qui arrivaient par équipes de deux.

De plus en plus de cadavres d’insectes s’entassaient à l’entrée de la grotte.

Mais la fille savait aussi qu’ils manqueraient de munitions.

La jeune fille s’était assise contre le mur, pensant qu’elle était foutue.

Comme elle n’était pas en combinaison spatiale, elle sentait clairement que quelque chose lui piquait les fesses.

Ressentant la douleur, elle regarda en dessous d’elle.

C’était un morceau de plastique.

En allumant la lampe torche de son téléphone portable, elle avait vu un ordinateur portable qui avait été réduit en morceau.

Il n’y avait pas de carte d’adaptateur réseau ni de microphone.

Etait-ce ainsi qu’il avait réussi à se connecter ?

Il restait aussi d’autres composants : un haut-parleur, un disque dur et de la RAM.

La jeune fille avait eu accès au disque dur grâce à son téléphone portable.

Elle avait été étonnée de trouver des données importantes à l’intérieur.

Les ondes alpha pourraient détruire le cerveau des insectes.

La fille serra le haut-parleur et marmonna : « S’il vous plaît, marchez. »

Elle avait démantelé un artilleur et l’avait transformé en mégaphone portable.

Elle activa une séquence informatique et programma des ondes alpha temporaires.

La musique s’était éteinte.

La fille avait repoussé les artilleurs postés à l’entrée de la grotte.

Les insectes étaient venus se déverser dans la grotte.

Elle avait fermé les yeux.

L’instant d’après, quand elle les avait ouverts, les insectes qui étaient à environ deux mètres d’elle avaient commencé à s’effondrer.

La fille était folle de joie. Se frayant un chemin à travers les cadavres densément entassés, elle avait ramené les six artilleurs restants au campement.

Elle avait arraché tous les haut-parleurs qu’elle avait pu trouver et les avait installés dans les corps des artilleurs.

Elle avait ensuite reprogrammé les ondes alpha.

Ils étaient maintenant plus puissants et d’une plus grande portée.

Avec ses robots remodelés, elle était partie à la recherche de cet artilleur en particulier.

Les résultats étaient clairs. Les insectes étant à moins de vingt mètres de distance mourraient en entendant les ondes sonores.

Le disque dur qu’elle tenait en main contenait des positions détaillées et des cartes de toutes les bases militaires environnantes.

Elle avait utilisé ces bases d’opérations pour charger ses robots.

Les recherches avaient duré un an.

Finalement, sous un tas de ruines, elle aperçut un artilleur à l’air étrange.

A l’arrière de sa tête se cachait une carte d’adaptateur réseau.

En extase, elle avait démantelé l’artilleur devant elle.

Elle avait extrait un processeur. Elle était incapable de contenir sa joie.

Elle avait ramené l’unité centrale à la première base militaire, celle dans laquelle elle avait garé sa fusée.

Elle avait outrepassé la séquence informatique fournie avec la fusée et l’avait reprogrammée pour éteindre son moteur après une courte explosion.

Par la suite, elle avait insufflé son tempérament dans la fusée, tout comme les vieux ordinateurs simulaient un superordinateur.

Elle avait fait une copie d’elle-même dans le système informatique de la fusée.

Elle avait ensuite connecté l’unité centrale de l’artilleur à la fusée et regarda la fusée s’envoler dans le ciel.

La fille toussa et du sang sortit de sa bouche.

L’air sur la planète était légèrement empoisonné et la jeune fille le savait depuis le début.

Après plus d’un an sans l’appareil de filtration, le poison était devenu incurable.

Mais ça valait le coup. C’était ce qu’elle pensait.

La fusée avait quitté la planète et avait atteint son orbite.

Son moteur avait été éteint, mais sa séquence informatique interne continuait de fonctionner comme si la jeune fille avait créé une ville en rotation.

Une ville qui flottait dans l’univers.

Le carburant qu’il contenait pourrait faire fonctionner la ville pendant très, très longtemps.

« Où suis-je ? Les insectes me mordent… », le mitrailleur observa son environnement.

C’était une petite ville, l’air y était pur et ses paysages étaient magnifiques.

« Quels insectes… tu joues encore avec moi ? », dit la fille de dos.

« Je me souviens de toi », l’artilleur s’était mis à sourire.

« Attends, comment est-ce que je parle sans haut-parleur ? », demanda-t-il dubitativement.

À ce moment-là, l’artilleur avait l’apparence d’un homme.

« Pourquoi ce rire idiot ? Qu’est-ce que tu m’as dit ce jour-là ? » demanda-t-elle.

« Je… Je t’aime bien… » avoua l’artilleur, son sourire s’élargissant.

« Moi aussi… » avait admis la fille.

« Ah oui. Je t’aime bien, mais quel est ton nom ? », ajouta-t-elle.

« Nomme-moi… Je n’en ai pas », répondit l’artilleur.

« Je suis Eve. Je t’appellerai Adam. »

La fille sourit joyeusement.



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