Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 888 : Justice Céleste
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Il y eut un clic puis le boulon se desserra. Deux bombes glissèrent hors du dispositif et, reprenant aussitôt leur poids, tombèrent droit vers les soldats à une vitesse croissante. En entendant leur sifflement semblable à celui que ferait le vent s’engouffrant dans une grotte, les hommes levèrent la tête et tous les nobles du Royaume de l’Aube furent soulagés de voir que ces deux objets n’avaient rien de comparable avec le monstre ailé géant. Tout au plus pourraient-ils, en tombant sur le sol, tuer quelques malchanceux.

Désireux d’obtenir une partie du butin de l’Église sur le point de s’effondrer, tous, de la haute noblesse ducale à la petite aristocratie constituée des chevaliers, avaient répondu à l’appel d’Alban, préparé leurs chevaux et recruté des serviteurs en vue de cette expédition vers l’ouest, formant ainsi une armée de dix mille hommes.  

Quel impact cela pouvait-il bien avoir aux yeux de ces nobles si trente ou quarante personnes perdaient la vie en raison de ces objets descendus du ciel ?

À leurs yeux, le véritable danger était cette formidable bête démoniaque qui, si elle piquait sur la foule, pourrait facilement massacrer des centaines de personnes rien qu’en mordant et en piétinant et faire fuir les serfs paniqués. Aussi, tant que le monstre ne décidait pas d’atterrir, il n’y avait pas à s’inquiéter outre mesure.

À leurs yeux, les ennemis qu’ils apercevaient dans le ciel étaient sans doute des sorcières qui n’avaient pas le courage d’affronter ouvertement les troupes du Royaume de l’Aube.

En effet, tous ces nobles étant venus là pour piller les trésors de l’Eglise, ils étaient équipés de Pierres du Châtiment Divin et avaient apporté avec eux de nombreuses armes spécialement conçues pour affronter les sorcières.

Bon nombre de chevaliers déposèrent donc leurs grands arcs et leurs flèches et se mirent à discuter entre eux de qui, parmi les soldats, aurait la malchance d’être écrasés par les pierres noires.  Personne n’eut l’idée de s’écarter ni de se coucher pour se protéger d’une éventuelle explosion. Tous continuaient leur progression, regardant les bombes descendre tout droit vers eux.

Un instant plus tard, deux flammes écarlates jaillirent du centre du cortège, réduisant en cendres tous ceux qui se trouvaient dans leur zone d’atterrissage, les hommes comme les chevaux. Puis l’air surchauffé se dilata et une onde puissante se répandit tout autour. Les personnes touchées eurent l’impression qu’un mur d’acier les frappait de plein fouet et furent aussitôt déchiquetées.

Si cette explosion n’eut pas d’effet direct sur les personnes qui se trouvaient à plus de cent pas du point d’impact, elle eût plus d’une conséquence destructrice.  

En effet, la région séparant le Royaume de l’Aube et la Vieille Cité Sainte n’étant qu’une vaste plaine, les soldats, qui avaient bien du mal à trouver un abri, devinrent des cibles faciles pour les ondes de choc, les débris et les multiples boules de fer contenues dans les bombes qui, projetées à une vitesse plusieurs fois supérieure à celle du son, pouvaient transpercer successivement une dizaine de personne avant de s’immobiliser. Quant aux fragments d’obus, ils furent encore plus destructeurs.

En raison du terrain, l’amplitude des dégâts causés par les bombes fut considérable.

Du ciel, les sorcières virent en un éclair monter une fumée noire qui forma comme un haut mur masquant le mouvement des gens au sol.  

Les nobles du Royaume de l’Aurore n’avaient pas eu le temps de se remettre de leurs émotions que Foudre était déjà haut dans le ciel, prête à plonger à nouveau.

– « Vent D’Est, lancez la seconde attaque! »  

Maggie poussa un puissant hurlement, replia ses ailes et suivit de près la jeune fille qui piquait vers le sol.

Quatre bombes avaient été chargées de chaque côté du support de manière à permettre un largage groupé ou quatre bombardements. Afin d’obtenir le meilleur effet dissuasif, Foudre avait prévu d’effectuer des raids successifs et de viser tour à tour le centre et la fin de cortège.  

Mais contre toute attente, les troupes ennemies s’effondrèrent dès la troisième attaque.

Ceux qui étaient encore en vie, devant des terres brûlées et jonchées de cadavres, pensèrent à une punition céleste car qu’il s’agisse des cerfs, non protégés, ou des chevaliers en armure, nul ne pouvait échappée au déchaînement des flammes infernales. On aurait dit que cela n’allait jamais finir. Les survivants désespérés avaient les nerfs à fleur de peau en raison du vacarme consécutif aux explosions et des cris des blessés, le pire pour eux étant de ne pouvoir rien faire d’autre que prier pour que les pierres noires n’atterrissent pas près de l’endroit où ils se trouvaient. À moins que le monstre ailé ne descende à portée de leurs flèches, ils n’avaient aucun moyen de l’atteindre.

Jamais ils n’avaient vu pareille bataille!

Ces nobles étaient venus pour les richesses et non pour risquer leur vie. À quoi leur servirait l’argent pillé dans la cité s’ils venaient à être tués ? Et s’ils n’avaient plus de domestiques, comment pourraient-ils ramener leur butin chez eux ?  

Il n’y avait plus qu’une chose à faire.

Voyant s’enfuir ceux-là mêmes qui leur avaient formellement interdit de déserter le champ de bataille, les soldats, complètement perdus et désordonnés, firent aussitôt demi-tour, abandonnant la cité.

Commença alors un véritable cauchemar pour les troupes du Royaume de l’Aube.

En effet, ils n’avaient pas plutôt rejoint la route principale que les soldats de la Première Armée, embusqués dans le champ qui bordait la voie, ouvrirent tranquillement le feu.  

Une attaque de flanc classique, en somme.

Pressés de quitter la place, les nobles en avaient complètement oublié de surveiller leurs arrières et de protéger leurs flancs.  Les cinq escadrons de la garnison du nord, alignées le long de la route, purent ainsi tirer au fusil et à la mitrailleuse lourde sur leurs cibles qui se trouvaient à moins de trois cent mètres sans avoir besoin de précision, le tout étant de vider au plus vite leurs chargeurs.

Aidés de Sylvie, les hommes de Face D’Aigle avaient pu, dès l’aube, se cacher dans les hautes herbes qui leur arrivaient à la taille sans risque d’être repérés par les éclaireurs ennemis tout en étant informés des mouvements adverses.

De toute évidence, il y avait un énorme fossé entre les deux camps au regard des techniques de collecte d’informations.

Au premier coup de feu, les nobles, surpris, réalisèrent qu’ils étaient tombés dans une embuscade tendue par les forces ennemies. Si cela s’était produit alors qu’ils marchaient vers la ville, ils auraient aussitôt concentré leur énergie à riposter. Mais la situation étant désormais incontrôlable, les soldats s’enfuirent à toutes jambes, leur seul regret étant de ne pas en avoir davantage pour fuir encore plus vite les balles et ainsi rester en vie, tandis que les nobles, indifférents à la vie de leurs sujets, les piétinaient de leurs montures déchaînées.   

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la route était devenue “l’avenue de la mort”.

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