Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 880 : Sans ressources
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La réponse vint plus vite que Rossignol ne l’aurait espéré.

« Pourquoi ? …Parce que vous êtes une sorcière », répondit Hyde après un moment d’hésitation.  

Étant donné l’absence de réaction de son pouvoir magique, son frère disait la vérité.  

En l’espace d’une seconde, Rossignol eut l’impression de comprendre beaucoup de choses. La croyance selon laquelle les sorcières seraient des femmes déchues et des suppôts du Diable était si répandue que lorsqu’une femme devenait sorcière, les gens cessaient de la considérer comme un être humain. C’était exactement ce qui s’était produit entre elle son frère, la prétendue trahison de Hyde n’étant qu’un réflexe d’autodéfense. S’il avait répondu sans réfléchir, c’était sans doute parce qu’il pensait avoir bien agi.

Hyde se reprocha ensuite son ignorance, affirmant qu’il ne savait pas que la rumeur concernant les sorcières avait été montée de toutes pièces par l’Église. Après quoi il exprima son repentir et ses espoirs d’être pardonné. Mais absorbée par ses pensées, Rossignol l’entendit à peine.

Devait-elle pardonner à son frère dans la mesure où n’importe qui, en pareilles circonstances, aurait réagi de la même manière ?  

Du point de vue de Hyde, ce n’était pas sa sœur qu’il trahissait mais un démon qui, bientôt, n’aurait plus rien d’humain. Cela étant, il ne pouvait y avoir de confiance entre eux.  

Mais … était-ce vraiment le cas de tous ?

Inconsciemment, l’esprit de la jeune femme dévia sur un autre noble. Si le fait de dénoncer les sorcières était si évident, il aurait dû depuis longtemps envoyer Anna à la potence, étant donné qu’il n’avait aucun lien de parenté avec elle et ne la connaissait même pas.

Loin de redouter et de haïr les sorcières, cet homme était plutôt intrigué. Il avait les yeux si clairs qu’elle pouvait lire dans ses pensées, même lorsqu’elle lui avait mis le couteau sur la gorge.  

Assaillie de souvenirs, Rossignol revit alors ce jour neigeux. C’était le premier hiver depuis leur rencontre.

– « … Je ne pense pas qu’elle mourra durant les Mois des Démons. »

– « Pourquoi ? »

– « Elle a dit qu’elle ne cèderait pas à la Torture Démoniaque et je la crois. »

– « Comment! Vous lui faites confiance alors que c’est une sorcière ? Vous oubliez que nous sommes des êtres maudits! »

– « Vraiment ? Pourtant, je vous crois vous-aussi. »

Puis les souvenirs s’estompèrent. Rossignol prit une profonde inspiration qui la ramena à la réalité.

– « Attendez-moi ici », dit-elle. « Si quelqu’un vient, comportez-vous comme vous avez l’habitude de le faire et faites comme si vous ne m’aviez pas vue. »

– « Attendez! Attendez! Où allez-vous ? »  

– « Faire ce que j’ai à faire », répondit-elle en rangeant le poignard dans sa ceinture avant de disparaître dans sa brume.

Hyde avait raison. Rossignol n’aurait pas grand peine à s’infiltrer dans la chambre du Vicomte et de le menacer avec son poignard afin qu’il lui révèle toute la vérité comme le faisaient la plupart des nobles à la vue d’une lame. Certains cependant, plutôt têtus, gardaient un moment le silence mais finissaient par tout avouer lorsqu’elle leur avait arraché les ongles. Maintes fois elle avait pu observer la véracité de cette théorie au cours de sa carrière d’assassin.  

Si jamais il s’avérait que le Vicomte était lié d’une manière ou d’une autre à la mort de ses parents, il le payerait de sa vie.

Mais dans l’immédiat, Rossignol ne voulait pas de vengeance brutale, surtout après sa rencontre avec Hyde.

Elle n’était plus seule à présent. Une personne lui faisait confiance autant qu’elle lui faisait confiance.

La sorcière avait bien l’intention de résoudre le problème autrement que par les méthodes utilisées lorsqu’elle était encore la Tueuse de l’Ombre. En effet, Roland n’aurait sans doute pas été ravi d’apprendre qu’elle avait causé une telle effusion de sang.

Dissimulée dans sa brume, elle entra dans le bureau de Donatien et aperçut aussitôt plusieurs trous d’un noir d’encre au milieu de son univers en noir et blanc. Indifférente aux gardes assoupis à la porte, elle posa ses yeux sur les Pierres du Châtiment Divin disposées près de la bibliothèque.  

Rossignol se dirigea lentement vers le mur et aussitôt, celui-ci se déforma. Les contours se retroussèrent comme le feraient des cheveux secs et emmêlés et elle put enfin apercevoir ce qui se cachait derrière.  

En effet, à travers cette distorsion, la sorcière pouvait voir des détails invisibles aux yeux des gens ordinaires.

Une tige de métal, dont une extrémité était reliée à la bibliothèque et l’autre à une “boule noire”, était dissimulée dans le mur.

« Un piège des plus courants », pensa-t-elle.

La sorcière eut tôt fait de briser la cloche suspendue sous la tige, après quoi elle enfonça un livre d’apparence ordinaire. Sans un bruit, une porte secrète s’ouvrit aussitôt.

Le passage voûté était incrusté de Pierres du Châtiment Divin, mais ce n’était pas un problème pour elle.  En effet, lorsqu’elle n’était encore qu’adolescente, le vieux Gilen avait engagé le chef d’une bande de Rats pour lui enseigner toutes les compétences requises pour devenir une voleuse rusée et expérimentée. Au bout de quelques années d’entraînement, elle avait appris toutes les astuces de l’effraction, y compris comment ouvrir des serrures à l’aide d’une épingle de cuivre.

Après avoir ouvert trois ou quatre coffres de fer, Rossignol trouva enfin ce qu’elle cherchait : un livre de comptes récent où étaient consignées toutes les transactions concernant l’Eau des Rêves, y compris le numéro de commande, le nom de l’acheteur et la quantité achetée.

Elle ne s’était pas trompée : les nobles avaient tendance à cacher des choses importantes à l’endroit qu’ils jugeaient le plus sûr.  

Le registre et les réserves du manoir constitueraient une preuve solide des crimes du Vicomte.

La jeune femme retourna donc au sous-sol où elle s’empressa de tout rapporter à Roland.

Le lendemain à l’aube, la Première Armée, qui avait reçu des instructions, encerclait le manoir.  

Trois jours plus tard, Rossignol vint trouver son frère qui venait tout juste de sortir de prison. Son corps émacié et toute sa physionomie exprimait un découragement des plus profonds. Pâle et perdu, il ressemblait à un mort-vivant. Mais lorsqu’il aperçut sa sœur, le rose lui revint aux joues.  

Son regard reflétait une pointe de colère et de haine.

Arrivés dans une allée déserte, le jeune homme, qui ne pouvait plus se contenir, explosa :

– « Le vicomte Somi vient d’être condamné à la pendaison et sa famille à vingt ans de travaux forcés. Ses deux domaines sont passibles d’être confisqués. Est-ce cela que vous souhaitiez pour moi ?  Vous m’avez-tout pris! Il ne me reste rien! »  

– « Estimez-vous heureux de ne pas avoir subi le même sort que la famille Somi », répondit calmement Rossignol. « Vous au moins, vous êtes en vie! »

– « C’est uniquement parce que vous souhaitez me voir souffrir, être la risée de tous! Il y a huit ans, vous avez ruiné mon existence et voilà que vous recommencez! Savez-vous au moins la vie que j’ai menée après que vous ayez tué le vieux Gilen ? Alors que j’avais enfin une chance de récupérer les terres des Somi, vous avez tout fichu par terre!  J’étais fou de croire que vous alliez m’aider! » S’écria-t-il en serrant le poing. « Vous êtes contente de vous ? Je n’ai plus ni titre, ni terres. Vous m’avez menti, Veronica! Vous ne m’avez jamais pardonné, vous vouliez seulement vous venger! J’aurais dû m’en douter! »

Ses hurlements hystériques cédant la place à de sanglots étouffés, il se recroquevilla et se mit à pleurer :

– « Je n’ai plus rien… plus rien… »

Rossignol garda un moment le silence.

« Vous avez raison », répondit-elle enfin. « Je ne vous ai pas pardonné et ne le ferai jamais. La trahison d’un frère ou d’une sœur est pire que celle d’un étranger. » Elle marqua une courte pause avant de conclure : « Cependant, je vous ai rendu quelque chose : votre liberté. »

Hyde leva vers elle un visage couvert de larmes et de poussière.

– « Désormais, personne, qu’il s’agisse du vieux Gilen ou des Somi, ne peut plus vous manipuler. Quelle que soit la voie que vous choisirez, ce sera de votre propre chef. Vous n’aurez plus à vivre comme une marionnette. Prenez-le comme une punition ou une torture, cela m’est bien égal. Nous n’avons plus rien à nous dire. »

Sur ces paroles, Rossignol tourna les talons, longea la ruelle et disparut.  

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