Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 659 : La logique du Monde des Rêves
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Apparemment, le Monde des Rêves ayant récupéré tous les perdants de la Bataille des Âmes, personne ne trouvait étrange de voir que tous avaient des cheveux de couleur diverses et des traits différents.  

Roland, par exemple, avait de longs cheveux gris, des yeux gris pâle et un nez droit à l’arrête haute. Dans la commune où il vivait autrefois, il aurait sans doute attiré l’attention de tous.  

Mais dans ce monde, tous ces gens à l’apparence étrange menaient une vie tout à fait normale.  Des jeunes gens se pressaient pour aller prendre leur bus, le journal et leur porte-document sous le bras, tout en mordant dans des beignets. Les personnes âgées se regroupaient par deux ou trois dans le parc en face de l’immeuble. Certains étiraient leurs membres et faisaient leurs exercices du matin, d’autres disposaient leurs échiquiers chinois, prêts à jouer avec leurs amis.

La brise lui apportait le chant des cigales, les bruits de la ville, les lectures matinales, les pleurs des bébés et les cris des colporteurs, qui, tous ensembles, formaient une symphonie caractéristique de la vie dans cet immeuble.

Roland aimait cette scène pleine de vie.

C’est alors qu’il aperçut une femme qui parcourait la ruelle en courant et venait dans sa direction. De surprise, il faillit lâcher ses baguettes : c’était Garcia!

Elle avait attaché ses cheveux et portait une légère tenue de sport ainsi qu’une serviette autour du cou. On pouvait apercevoir ses cuisses blanches, son col et ses bras trempés de sueur. De toute évidence, elle courait depuis un bon moment.  

Il fut encore plus surpris de voir tous les gens dans la rue fixer les yeux sur elle, certains allant jusqu’à siffler d’admiration sur son passage. Ils étaient si excités qu’on aurait dit qu’il venait d’apercevoir une star.

Cependant, Garcia ne prêtait aucune attention à la foule. Telle le vent, elle parcourut la ruelle et disparut dans le couloir d’entrée de l’immeuble.

– « C’est Garcia! » S’écria un client du restaurant.

– « Vous voyez bien que j’avais raison! Si vous vous levez de bonne heure, vous aurez la chance de la voir car lorsqu’il fait beau, elle vient ici courir durant une heure. »

– « C’est la première fois que je rencontre une star de la télévision. »

– « Elle est beaucoup mieux en vrai. »

– « Oh que oui!  Bientôt, Garcia va disputer un match important. »

– « Quoi qu’il arrive, je la soutiendrai. J’espère de tout cœur qu’elle remportera la finale. »

– « C’est évident! C’est un véritable génie! »  

Roland était abasourdi. Comment était-il possible que tous les habitants du quartier connaissent si bien Garcia ? À quel match faisaient-ils allusion ?

« Serait-elle une étoile montante dans le domaine du sport ou autre ? »

Voulant en avoir le cœur net, il termina rapidement sa soupe et sortit son portefeuille. Lorsque le patron s’approcha pour débarrasser, Roland lui demanda :

– « Dites-moi, la femme qui vient de passer serait-elle une célébrité ? »  

Le propriétaire le regarda, stupéfait :

– « De toute évidence, vous n’êtes pas d’ici! Qui, dans la Rue Tongzi, qui ne connaît pas Mlle Garcia ? »

De plus en plus intrigué, Roland répondit :  

– « Je viens juste d’emménager. Que fait-elle exactement ? »  

– « C’est une combattante martiale! »

Roland fut pris de toux et faillit postillonner au visage du restaurateur.

– « Quoi ?! »

– « Mais regardez la télé! Elle est la plus grande célébrité de la région. D’ailleurs, si nous vivons toujours ici, c’est grâce à elle. »  

– « Pourquoi ? »

Le propriétaire pointa du doigt un endroit situé derrière Roland :

– « regardez! »

Il se retourna et remarqua quelque chose qu’il n’avait pas vu en arrivant. Sur le mur du bâtiment qui faisait face au restaurant était affiché en grosses lettres : « Démolition. »

– « Cet immeuble va être détruit ? »

– « Oui, une société de développement envisage depuis longtemps de démolir toute la rue Tongzi pour construire un nouveau gratte-ciel… Cette entreprise prétend que ces bâtiments sont trop vieux et inesthétiques pour un quartier du centre-ville… Foutaises! Ce bâtiment fait partie du patrimoine culturel! »

Le restaurateur poussa un soupir et fouilla dans sa sacoche pour rendre la monnaie à Roland. « Ces gars veulent tous nous reloger en banlieue. Si Garcia n’avait pas révélé leurs manigances à la télévision et ne nous avait pas apporté son soutien, les promoteurs seraient déjà en train de nous chasser. »  

Roland eut une grimace :

– « Mais… c’est scandaleux! »

« C’est pourquoi tous ici nous soutenons Mlle Garcia », répondit le patron en souriant. Il déposa la monnaie dans sa main et la tapota : « Puisque vous voilà membre de la communauté de la rue Tongzi, vous n’allez pas tarder à devenir un fan! »

Roland avait compris que le Monde des Rêves utilisait des méthodes incroyables pour reconstituer des fragments de mémoire non pertinents, mais ce qui venait de se produire était vraiment étrange, à peine croyable.

« Qu’est-ce qu’un combattant martial ? S’agit-il d’un nouvel événement Olympique ?

Ils veulent démolir la Résidence des Âmes ? C’est une blague! Toutes les portes ouvrant sur les fragments de mémoire sont dans ce bâtiment, ainsi que le créateur de ce monde!

Devrais-je remercier ma grande sœur de m’avoir permis de vivre ici ? »

En proie à des sentiments complexes, il retourna à son appartement n° 0825 au moment même où Cléo sortait de sa chambre, les yeux encore pleins de sommeil.  

Ses cheveux étaient en désordre et sa robe fripée. Un côté du décolleté tombait, révélant une partie de son épaule.

– « Mon oncle ? Vous êtes levé ? Je vais immédiatement préparer le petit déjeuner. »  

– « Inutile », répondit-il. « J’ai déjà déjeuné et je vous ai apporté quelque chose. »

Il déposa sur la table l’omelette, les boulettes de porc cuites à la vapeur, le lait qu’il avait achetés et alluma la télévision.

L’air perplexe, elle prit place à table et demanda :  

– « Comment se fait-il que vous vous leviez si tôt depuis quelques temps ? »

– « Je vous ai dit que j’avais un emploi, je dois donc me lever de bonne heure. Vos parents m’ont remis vos frais de subsistance et ma société m’a payé mon premier mois de salaire. Financièrement, nous n’avons donc plus à nous faire de souci dans l’immédiat. »

– « Faites bon usage de cet argent, car nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Du reste, nous n’avons pas terminé les aliments stockés dans le réfrigérateur », répondit Cléo qui, sur ces paroles, se mit à dévorer son petit-déjeuner.

– « Dites-moi, connaissez-vous Garcia ? »

Elle eut une grimace :

– « Bien sûr, ma sœur Garcia est très talentueuse!  Elle fait partie de l’Association des Martialistes depuis l’âge de 20 ans, et j’ai entendu dire qu’elle détenait un record jamais égalé aux épreuves de qualification. Tous mes camarades de la classe la considèrent comme une idole, mais personnellement, je trouve ennuyeux de regarder ce genre de combat sur scène. »

Même si le fait qu’elle l’appelait “mon oncle” et Garcia “ma sœur” le dérangeait, il laissa ces considérations de côté pour se concentrer sur ce qui l’intéressait.

D’après la petite fille, dans ce monde, les combattants martiaux avaient leur propre organisation.

– « Les combattants martiaux sont-ils nombreux ? » Demanda Roland.

– « Non », répondit Cléo avec un regard désapprobateur. « Je vous en prie, mon oncle, n’y pensez pas. Tout le monde n’a pas le talent requis. Seuls ceux qui éveillent la Force de la Nature peuvent devenir des combattants martiaux. Et encore, ce n’est là que le minimum requis, car sans la détermination et la persévérance, un talent aura beau être éveillé, il ne sera jamais que la marionnette d’une grande puissance et créera sans le vouloir des problèmes aux gens. »

– « Hmm… comment se fait-il que vous en sachiez autant à leur sujet ? »

– « C’est notre professeur qui nous en a parlé. Il dit aussi plutôt que de rêver de devenir des combattants martiaux, nous ferions mieux de faire davantage d’exercices et de nous efforcer de devenir utiles à la communauté. »

Cléo se rendit à la salle de bain pour faire sa toilette après quoi elle prit son cartable et se dirigea vers la porte :

« Aujourd’hui, j’ai cours toute la journée. Au revoir! »  

La petite fille partit, Roland ouvrit sa main dans laquelle il sentait une puissance étrange.

« Serait-ce la Force de la Nature ? »

Son intérêt pour le Monde des Rêves s’accrût considérablement. Ce que Cléo qualifiait de “marionnette de la grande puissance”, sous un certain angle, lui rappelait la « morsure du démon ». Il se demanda comment ce monde intégrait tous les souvenirs absorbés et selon quelle logique.

Lui qui avait prévu de se rendre à la bibliothèque de l’école avait maintenant une autre idée en tête.

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