Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 566 : Une promesse, une mission
Chapitre 565 : Ajournement Menu Chapitre 567 : Les obus explosifs

Sitôt rentré chez lui, Otto Luoxi s’enferma dans son bureau.

Pourquoi les choses avaient-elles tourné ainsi ?

Depuis que le roi était malade, Alban semblait terriblement choqué. Ce n’est que récemment qu’il était parvenu à se ressaisir. Toutefois, son comportement et sa manière de s’exprimer n’étaient plus tout à fait les mêmes.

Pour être plus précis, Otto, qui était son ami d’enfance et croyait pourtant bien le connaître, avait le sentiment de se retrouver face à un parfait étranger.

Alban n’avait jamais été une personne avide de pouvoir au point de parvenir à ses fins par n’importe quels moyens. Il avait parfois l’impression que ce Prince était trop juvénile pour devenir un roi compétent étant donné les circonstances, c’est pourquoi, avec l’aide de Belinda et Orian, il envisageait de le soutenir et de l’assister dans ses fonctions gouvernementales après son accession au trône. Après tout, les trois familles avaient bien assisté le roi depuis la fondation du Royaume de l’Aube.

C’était la raison pour laquelle Otto avait accepté sans hésiter.

Cependant, quelque chose lui disait qu’Alban n’avait que faire de sa réponse.

Il ne lui avait posé la question que mû par un sentiment d’insécurité.

Même si les trois familles étaient particulièrement disposées à soutenir la famille royale, il n’avait jamais cherché à savoir si Son Altesse avait réellement besoin de leur aide.

À cette pensée, Otto se sentit soudain très loin d’Alban.

Il poussa un long soupir. Peut-être devrait-il prendre l’initiative de faire quelque chose à ce sujet, mais quoi ?

Ni les apothicaires ni les alchimistes ne pouvaient quoi que ce soit contre la maladie du roi. Lui-même n’ayant aucune idée du traitement médical, il ne pouvait certainement pas apaiser l’esprit d’Alban.

Otto réfléchissait :

« Devrais-je remonter le moral au Prince ? »

Il avait vainement tenté de le faire, et ce à plusieurs reprises. Sans doute n’y parviendrait-il pas seul.

« Les trois familles doivent coopérer, œuvrer de concert. Ce n’est que de cette façon que nous trouverons l’explication du comportement d’Alban. »

Brusquement, Otto se leva et quitta la pièce.

– « Maître, où allez-vous donc si tard ? » Demanda l’intendant en courant après lui alors qu’il traversait le couloir.

– « Chez les Tokat. Je ne rentrerai pas cette nuit! »

Otto connaissait chaque tournant de la route menant au territoire des Tokat. Comme c’était un ami de la famille, il put entrer sans peine dans le manoir et se dirigea droit vers la salle des arts martiaux. Comme il s’y attendait, Orian et ses gardes étaient en plein entraînement.

– « Hey, quel bon vent vous amène ? » Demanda Orian. Il ôta son bandeau couvert de sueur et lança son épée de bois à un garde. « Vous avez besoin d’un compagnon de sortie ? »

– « J’ai quelque chose à vous dire. »

Ayant entraîné Orian dans la salle de repos, il lui fit part de ses réflexions et de son plan.

– « Qu’en pensez-vous ? » Demanda-t-il.

– « Vous cherchez à découvrir pourquoi Alban est devenu si bizarre ? » Orian eut une grimace : « Désolé, cela ne m’intéresse pas. »

– « Mais vous… »

– « Il est Prince et qui plus est, le successeur du Roi de l’Aube. Vous vous imaginez qu’il restera à jamais notre ami ? » Orian secoua la tête : « Alban a 20 ans. Nous n’avons plus l’obligation de lui remonter le moral à chaque fois qu’il est de mauvaise humeur, comme lorsqu’il était enfant. S’il n’a pas envie de parler, grand bien lui fasse. Je n’irai pas mettre le nez dans ses affaires. »

– « N’avez-vous pas l’intention de lui venir en aide ? »

– « Le terme “aider” ne s’applique que si Son Altesse en a réellement besoin. Dans le cas contraire, c’est de l’ingérence. »

« Aurait-il lui aussi remarqué que le Prince avait changé ? » À cette idée, Otto frissonna.

– « Mais nos trois familles ont toujours soutenu les Misra… »

– « Nos trois familles ? » S’exclama Orian avec un petit rire désapprobateur. « Depuis la mort d’Andrea, il n’y a plus que vous et moi. » Puis il quitta la pièce et lui fit signe de le suivre : « Puisque vous êtes ici, allons faire un tour au Rêve Pourpre. Cela vous fera oublier vos petits tracas. Vous me semblez bien tendu! »

– « Andrea est en vie. »

Orian s’arrêta net.

« Pardon », pensa Otto, qui avait promis de garder le secret.

– « Andrea Quinn est toujours en vie », répéta-t-il. « Je l’ai vue à Border Town lorsque je me suis rendu au Royaume de Graycastle. »

Aussitôt, Orian se retourna et se précipita vers lui. Un peu plus et il l’écrasait contre le mur.

– « Comment ? Qu’avez-vous dit ? Est-ce vrai ? »

– « Je l’ai vue de mes propres yeux, elle est avec le prince Roland Wimbledon. »

– « Comment cela avec le prince ? » Orian écarquilla les yeux : « Vous voulez dire qu’ils sont en couple ? »

– « Je l’ignore », répondit Otto en se mordant la lèvre. « Mais elle est devenue sorcière et dans tout le Royaume de Graycastle, seul le prince Roland est disposé à les accepter. »

– « Un instant! Vous avez bien dit “sorcière” ? » Orian était stupéfait : « Mais que s’est-il réellement passé ? »

Otto Luoxi lui raconta en détails ce qu’Andrea avait vécu. En voyant Orian en proie à des émotions déchirantes, il sentit la douceur de la vengeance. Son ami n’y pourrait plus rien. À l’époque, il était persuadé que les Quinn étaient tombés de la falaise. À présent, c’était trop tard : Andréa n’aimerait ni l’un, ni l’autre. »

– « C’est donc pour cette raison que son père a simulé un accident pour faire croire qu’Andrea était morte… » Désespéré, Orian se laissa tomber sur le sol : « Bon sang, pourquoi n’ai-je jamais pensé à ouvrir sa tombe pour m’en assurer ? »

« Quel malin! » Se dit Otto.

Il s’éclaircit la gorge :

– « Par conséquent, il est urgent d’aider le Prince Alban à se remettre. »

Orian le regarda du coin de l’œil :

– « Quel est le lien entre ces deux incidents ? »

– « Il est évident! Réfléchissez… Alban hésite à sceller une alliance entre les deux nations et il n’a même pas donné de raison explicite.  Si ce projet échoue et que l’Eglise vienne à nous attaquer, nous serons contraints de nous défendre seuls. Si jamais ils décident de s’en prendre d’abord au Royaume de l’Aube, vous défendrez le pays avec vos chevaliers n’est-ce pas ? »

– « Absolument! C’est mon devoir. »

– « Et si vous veniez à être tué au combat, vous ne reverrez plus Andrea, n’est-ce pas ? »

– « Euh, ça paraît logique. Mais enfin! Comment pouvez-vous être si sûr que je serai tué ? » Demanda Orian, indigné.

– « Le peuple du Royaume de Wolfheart, pourtant réputé pour sa force et sa puissance, a bien été vaincu par l’Eglise. Quelles sont vos chances de l’emporter ?  Par contre, si l’Eglise décide d’attaquer d’abord le Royaume de Graycastle, Roland devra riposter, et s’il meurt, Andrea mourra certainement elle aussi. Et si elle est capturée vivante, elle souffrira de tortures bien plus douloureuses que la mort. En revanche, si nos deux pays s’allient et se promettent assistance mutuelle, l’Église sera beaucoup moins audacieuse. Andrea et vous resterez en vie et aurez sans doute l’occasion de vous revoir par la suite. Considérée sous cet angle, êtes-vous à présent convaincu de l’importance de cette alliance ? »

– « En effet… »

– « Mais pour cela, nous avons besoin du Prince. Avez-vous compris maintenant pourquoi ces deux questions sont liées ? »

– « Oui. »

– « Alors, vous en êtes ? »

– « Tout à fait! » Répondit Orian, résolu.

Sur ces paroles, tous deux se donnèrent une solide poignée de main.

Épuisé mais ravi, Joël retourna à sa résidence. Au moment même où il ouvrait la porte, une voix lui parvint de l’intérieur :

– « Vous voici enfin de retour! »

Il venait à peine d’arriver au Royaume de l’Aube. Qui donc pouvait bien se faufiler dans sa chambre et l’attendre ? Serait-ce le mari de Denise ? Il en était à se demander s’il devait s’enfuir ou implorer sa pitié lorsque l’homme alluma une bougie et s’avança vers lui.  C’était Hill Fawkes.

– « Vous m’avez fait peur! » S’exclama Joël en poussant un soupir de soulagement. « Ce que vous avez à me dire n’aurait pas pu attendre demain ? »

– « Il n’y a que la nuit que nous puissions parler discrètement », répondit Hill. « Veuillez m’excusez, mais j’ai pour habitude d’être prudent. »

Hill ayant été nommé par Roland, il ne pouvait le traiter comme n’importe quel garde.

– « Très bien. Puisque vous êtes venu jusqu’ici, dites-moi ce que vous avez à me dire. »

– « Les réfugiés en provenance du Royaume de wolfheart sont nombreux actuellement. C’est l’occasion ou jamais de recruter des talents. Faites comme si vous étiez une entreprise qui cherche à engager des maçons, des lettrés ou toute personne possédant une spécialisation. Sa Majesté couvrira toutes les dépenses et vous toucherez cinq Royals d’argent par personne engagée. »

– « Pour l’amour de Dieu, je ne connais rien aux affaires! Lorsque j’en ai discuté avec Denise, c’était une simple conversation amicale. Vous ne pensez tout de même pas que je vais me lancer dans le trafic de réfugiés! » Dit Joël en portant la main à son front. Par ailleurs, les échanges d’esclaves ont lieu, pour la plupart, à la frontière entre les deux pays. En ma qualité d’Ambassadeur, je me vois mal me rendre là-bas. »

– « Sa Majesté vous l’ordonne », répondit Hill d’un ton ferme. « Vous n’aurez pas à quitter la Cité de Lumière car tôt ou tard, les marchands y amèneront des esclaves. Même si le prix est plus élevé, cela vous évitera d’avoir à faire une sélection. Pour ce qui est des affaires, Denise Payton est une commerçante bien connue dans cette région. Elle n’aura aucun mal à trouver un moyen d’envoyer des réfugiés au Royaume de Graycastle. Une fois la route établie, nous en tirerons de grands bénéfices. Si jamais un danger se profilait, nous pourrions nous déguiser en commerçants et évacuer sans nous faire remarquer. »

Joël en resta bouche bée.

– « Seriez-vous déjà venu dans la capitale ? »

Hill secoua la tête.

– « Dans ce cas, comment se fait-il que vous sachiez tout cela ? »

– « Pendant que vous étiez occupé à vous faire des amis, j’ai collecté des informations auprès des habitants. »

– « Je connaissais votre réputation en tant que Chevalier, cependant, j’ignorais que vous étiez également un homme d’affaire avisé », dit Joël.

– « Je ne suis ni un soldat ni un commerçant, mais en cas de problème, je suis en mesure de vous protéger. Cela fait partie de la mission que Sa Majesté m’a confiée. »

– « Alors vous êtes… »

– « Un simple acrobate », répondit Hill en souriant.

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