Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 542 : Un voyage périlleux
Chapitre 541 : Dans les Brumes de l’Association du Croc Sanguinaire Menu Chapitre 543 : Un tournant décisif

– « Ma sœur, nous voici arrivés! » S’écria Cole Kant, tout joyeux, en se précipitant dans la cabine.

Edith leva la tête :

– « C’est la seconde fois depuis que nous sommes partis que je vous dis de ne pas m’appeler ma sœur. Auriez-vous oublié ? »

– « Non… » répondit Cole en frissonnant. « Non, je m’en souviens. »

– « Dans ce cas, qui suis-je ? »

– « Mlle Edith, ma greffière. »

– « Et vous ? »

– « L’ambassadeur de père… euh, non, de Calvin Kant, Duc de la Région du Nord. »

– « Bien, prenez garde ne pas faire une troisième fois la même erreur. »

Edith se leva, étira ses membres et sortit de la cabine : « Appelez toutes les personnes de la délégation.  Nous partons pour le centre-ville. »

Edith aimait beaucoup jouer ce petit tour, consistant à observer discrètement la personne avec qui elle était sur le point de négocier. Elle ne lui révèlerait son identité que lorsqu’elle se serait fait une idée du genre de personne dont il s’agissait. Ce faisant, elle pourrait prendre des précautions à l’avance et impressionner l’autre. Si celui-ci était un homme, il y avait de grandes chances pour qu’il ne soit pas insensible à son charme.

Elle n’avait jamais essayé de dissimuler son identité de femme, au contraire, c’était plutôt un avantage sur le plan social.  

Elle devait tirer parti de son titre de Perle de la Région du Nord.

– « Et les têtes, qu’en faisons-nous ? »

– « Laissez-les sur le bateau, à moins que vous ne vouliez les garder dans votre chambre ? » elle eut une grimace : « Elles sont en train de pourrir. »

En descendant le pont à tréteaux, Edith remarqua qu’il y avait de nombreux bateaux sur le canal et beaucoup de monde sur le quai. La plupart des gens étaient encombrés de gros bagages et à en juger par leurs vêtements, ils ne ressemblaient ni à des esclaves, ni à des hommes d’affaires. Si cela l’intriguait, c’était parce qu’à sa connaissance, peu de gens voyageaient durant la saison des labours printaniers.

– « Allez leur demander où ils vont », dit-elle à un serviteur.

– « En quoi cela nous concerne-t-il ? » S’enquit Cole, confus.

– « Depuis que Roland Wimbledon a repris cette ville, il a dû mettre en place de nouvelles politiques pour asseoir son autorité. D’une certaine manière, cela nous permettra de mieux le cerner », répondit Edith avec un sourire.  « Vous pourriez, bien entendu, vous renseigner auprès des Rats au prix de quelques Royals d’or, mais personnellement, je préfère les informations de première main. »

– « Vraiment ? »

– « Vous devriez observer et réfléchir davantage, mon cher ambassadeur », répondit-elle. « C’est une opportunité rare. »

Passée la porte de la ville, il y avait encore plus de monde dans les rues. Des stands s’alignaient de chaque côté de la route et l’on entendait les marchands crier. La Cité du Roi n’avait pas changé depuis qu’Edith y était venue avec son père pour assister, il y a quelques années, à la cérémonie donnée en l’honneur du passage à l’âge adulte de la cinquième Princesse. Elle était toujours aussi vivante.

Jamais on n’aurait vu une telle foule à la Cité de la Nuit Eternelle, excepté aux jours de congés ou de fête.

Tout à coup, un intervenant dans la rue attira son attention.

– « Attendez un moment », dit Edith à la troupe qui l’accompagnait.

Puis, avec Cole, se joignit à la foule.  

– « Savez-vous scier du bois ? Poser des briques ? Elever des vaches ou encore des moutons ? Si vous êtes spécialisé dans quelque chose, vous êtes celui que Sa Majesté recherche! Allez dans la Région de l’Ouest! Sa Majesté y construit la nouvelle cité du roi, la Cité Sans Hiver! Votre talent sera largement récompensé! »

« Talent ? Voilà un mot intéressant », pensa Edith. « Cependant, que veut-il dire par “nouvelle Cité du Roi” ? J’ignorais qu’il y avait une Cité Sans Hiver dans la Région de l’Ouest! »

Elle avança encore un peu et aperçut un autre attroupement.

– « Les sorcières sont innocentes! Voilà ce qu’a écrit le Grand Prêtre dans sa confession juste avant son exécution », disait un autre orateur en agitant un document. « Vous pourriez avoir une sorcière parmi vos parents proches! Ce pourrait-même être votre fille, ou encore votre sœur! Si toutefois vous les craignez, envoyez-les à la Cité Sans Hiver où l’on s’occupera bien d’elles! Et si l’idée de vous en séparer vous déplaît, accompagnez-les! Sa Majesté a promis que les familles des sorcières seraient logées et obtiendraient un emploi décent! »

– « Le Grand Prêtre aurait été exécuté ? » S’exclama Cole, les yeux écarquillés.  

Edith, quant à elle, fronça les sourcils.

– « Si c’est là la nouvelle politique de Roland Wimbledon, il a une manière plutôt dramatique d’en faire la propagande. Ne craint-il pas de s’attirer les foudres de l’Eglise, qui, à coup sûr, voudra se venger ? Cela n’a rien d’un combat entre nobles. Il s’agit d’une guerre à mort contre les hérésies. 

J’ignore si c’est une bénédiction ou une malédiction de servir un tel roi. »

Il lui fallut une heure pour parcourir la rue menant au centre-ville. Partout, elle pouvait entendre des intervenants raconter tout ce que Sa Majesté avait fait depuis la prise de la Cité du Roi. Une demi-journée passée dans la rue suffirait à n’importe quel nouvel arrivant d’être informé des changements opérés par le Roi. Nul besoin de recourir aux Rats.

– « Madame, je me suis renseigné! » S’écria le serviteur envoyé aux nouvelles, essoufflé, en rattrapant le groupe : « Ils partent tous pour… »

– « La Cité Sans Hiver, c’est bien cela ? » Coupa Edith.

– « Vous… vous le saviez ? »

– « Ne vous tracassez pas à trouver une auberge. Nous allons directement au palais soumettre le document de l’émissaire », dit-elle, le cœur rempli d’un vague pressentiment. « À présent, pressons! »

– « Comment ? » S’écria Cole, surpris. « Sa Majesté aurait quitté la Cité du Roi il y a une semaine sans même avoir organisé la cérémonie de couronnement ? »

– « C’est en tout cas ce qu’a dit l’agent d’accueil », répondit le domestique.  « Sa Majesté avait laissé ici son principal ministre, un homme du nom de Barov Mons, pour s’occuper des affaires courantes. Mais celui-ci a quitté la ville hier. Il n’y a plus personne au palais, excepté les domestiques. Si vous voulez vous adresser à l’Hôtel de Ville, ils pourront transmettre un message de votre part. »

– « C’est inutile », dit froidement Edith.

Son intuition ne l’avait pas trompée. Bien qu’elle eût voyagé sans même faire une halte, elle arrivait trop tard. « Roland avait vraiment l’intention de quitter cette ville magnifique pour construire une nouvelle capitale dans la région de l’Ouest! Où a-t-il la tête ? Il faudrait au moins quarante ans pour construire une ville comme la Cité du Roi! »

– « Qu’allons-nous faire ? » Demanda calmement Cole en voyant l’air abasourdi des membres de la délégation.  

Sa sœur resta un long moment silencieuse puis répondit d’un air maussade :  

– « Demi-tour. En route pour la Cité Sans Hiver! »

– « Inutile de nous presser puisqu’ils sont partis », dit sèchement Cole. « Voilà une semaine que je ne me suis pas lavé. Bientôt, mon corps va grouiller de poux. »

Edith tourna la tête : effectivement, son col avait une drôle d’odeur. Elle soupira :

– « Très bien. Trouvons un hôtel pour la nuit, nous partirons demain matin. »

Mais le lendemain matin, lorsque la délégation arriva sur le quai, ce fut pour découvrir que leur bateau avait été brûlé, réduit en cendre.

Pour la première fois, Edith se sentit perdue.

– « Qu’est-il arrivé ? »

– « Allons, ne vous fâchez pas, ma s…  Mademoiselle Edith. Observez et réfléchissez… » D’un geste de la main, Cole intercepta un passant : « Pensez-vous que le quai aussi puisse prendre feu ? »

– « Ah, vous faites allusion à ceci ! » Répondit le passant. Puis d’un ton animé, il expliqua : « J’ignore qui a eu l’idée de cacher des corps sur le navire, mais les Rats, qui s’apprêtaient à voler, en ont senti l’odeur. Vous savez, les gens sont devenus très prudents à ce sujet depuis que la peste démoniaque a frappé la ville il y a six mois. L’Eglise avait disséminé des cadavres partout. Quoi qu’il en soit, le moyen le plus sûr d’empêcher cela est le feu. Les gardes ont arrêté le capitaine et l’interrogent actuellement. Pourquoi ? Vous le connaissez ? »  

Surprise, Edith ne savait quelle attitude adopter. Après un long silence, elle répondit.

– « Non, je ne le connais pas. Merci pour le renseignement. »

« De toute évidence, nous allons devoir trouver un autre bateau », se dit-elle. « Contrairement à ce que je pensais, j’ai l’impression que ce voyage de loyauté ne sera pas de tout repos… »

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