Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 231 : L’Assassinat (partie 2)
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Un frisson parcourut le corps de Caméléon. Comment cela était-il possible ?

 

Elle ravala sa salive et dit d’une voix grave :

– « Quelle est cette plaisanterie ? Je suis Vorte! »

 

« Normalement, ils ne peuvent pas tous se connaître, il y a tant de mercenaires dans le camp. Ne me dites pas qu’elle a pu mémoriser chacun de leurs noms! »

 

Elle ne s’attendait pas à recevoir cette réponse sarcastique

– « Sérieux ? Je ne savais pas que les hommes pouvaient rassembler la magie dans leur corps eux aussi! Soit vous êtes une sorcière dont le plan était d’infiltrer le camp, soit vous êtes un sorcier, ce qui est extrêmement improbable. Quelle que soit la vérité, il est impossible que vous soyez “Vorte” comme vous le prétendez. Assurément, au sein de la Première Armée, aucun des soldats n’a un corps aussi particulier. »

 

« Cette personne peut-elle voir le pouvoir du diable ? » Le cœur d’Aphra sombra dans les profondeurs. Elle savait maintenant comment elle avait été découverte. Il y avait plus de quatre sorcières dans le camp et la femme qui se tenait derrière elle devait en être une elle-aussi. De plus, elle avait une capacité semblable à l’Œil de Vérité. Cette capacité était consignée dans les Écritures de l’Église au sujet de la magie : il existait de nombreuses versions différentes mais aucune d’entre-elles ne s’écartait de la vérité au sujet de ce pouvoir.

 

« Je n’ai vu personne dans les alentours et personne ne m’a approchée… dois-je comprendre que la principale capacité de cette femme est de dissimuler son apparence ? »

 

– « À présent, agenouillez-vous, vos mains derrière le dos. Je pourrais peut-être épargner votre vie », s’écria la femme d’une voix claire : « Faites ce que je dis! »

 

Les mercenaires aux alentours étaient encore occupés à combattre, aussi ne remarquèrent-ils pas la scène qui se jouait dans la zone centrale. Par contre, les quatre sorcières qui se trouvaient près du feu, ayant jeté un coup d’œil, s’aperçurent que quelque chose n’était pas normal et demandèrent :

– « Qu’est-ce qu’il y a, Rossignol ? Il s’est passé quelque chose ? »

C’était sa dernière chance. Aphra savait que sa propre force résidait dans son habilité à l’assassinat et non dans une bataille ouverte, surtout si elle ne portait pas la Pierre du Châtiment Divin, capable de supprimer la plupart des fantastiques capacités des sorcières.

 

« Si jamais la sorcière qui a le don de voler parvient à s’enfuir, ce sera un moindre mal. Par contre, celle qui a le pouvoir de guérir la peste démoniaque doit absolument mourir ici, sinon, elle constituera une grave menace pour les futurs plans de l’Église. »

 

Bien entendu, il existait une possibilité qu’elle ne puisse pas s’échapper lorsqu’elle aurait assassiné sa cible. À cette pensée, elle ressentit un tiraillement dans la poitrine, mais elle se reprit aussitôt. La jeune femme se souvint que, le but de l’Église étant d’unifier les quatre royaumes, aucun effort ne devait être épargné pour résister aux démons de l’enfer. De nombreux soldats parmi les meilleurs s’étaient sacrifiés pour cette cause supérieure. Elle serait fière de rejoindre leurs rangs.

 

En outre, elle était convaincue que Heather ne l’oublierait pas. L’Évêque ferait en sorte que son nom soit consigné dans les écritures sacrées.

– « N’approchez pas! », cria Rossignol. « ll y a… »

 

En une fraction de seconde, elle leva soudain le coude pour frapper le bras de son adversaire tout en baissant la tête pour éviter d’être poignardée.  

« Il est impossible de rester toujours attentif lorsque l’on parle. C’est pourquoi le dicton recommande de  “retenir son souffle et de se concentrer” », avait répété à maintes reprises son entraîneur. « Que vous attaquiez ou que vous tentiez de fuir, le moment idéal pour passer à l’action est la minute où votre adversaire se met à parler. »

 

Dans sa manche, elle avait dissimulé un mécanisme qui se déclenchait au moindre contact. Il pulvérisait une poudre alchimique blanche qui, au contact de l’eau, dégageait une forte chaleur. Si l’ennemi en recevait dans la bouche ou dans les yeux, il perdait immédiatement ses forces au combat. Ceux qui avaient la chance de ne pas respirer la poudre fine perdaient malgré tout leurs moyens durant un bon moment.

Aphra se précipita vers les quatre femmes qui se tenaient près du feu. La sorcière aux cheveux dorés s’envola rapidement, tandis qu’une autre, visiblement la plus âgée, s’avançait devant les deux autres au mépris de sa propre sécurité. Aphra tira son poignard et attaqua la première sorcière. Elles n’avaient aucun moyen de s’échapper et quoi qu’il en soit, mourraient toutes de sa main. L’ordre avait peu d’importance.

 

Au moment même où sa dague transperçait le corps de son adversaire,  Aphra assista à quelque chose d’incroyable.

 

Une ombre blanche apparut devant elle alors qu’une seconde auparavant, l’endroit était encore désert. Sous le capuchon, deux yeux flamboyants la fixaient.

« Est-ce… Cette Rossignol qui se tenait derrière moi ? La poudre fine aurait dû l’atteindre à bout portant, pourquoi n’a-t-elle pas l’air affectée ? »

Incrédule, Caméléon vit son adversaire lever son bras et une flamme jaillir de l’arme d’argent. Son corps fut brutalement repoussé vers l’arrière, elle perdit l’équilibre et tomba sur le sol, le regard vers le haut.

« Ce n’est pas bon, il reste deux personnes importantes dont je dois me débarrasser »

Aphra voulut se lever, dresser sa dague et poignarder la sorcière suivante, mais elle ne pouvait déjà plus lever la main et sa conscience s’estompait progressivement.

 

« Quel dommage… »

Ce fut sa dernière pensée.

  Après avoir tiré, Rossignol demeura sur place et regarda le soldat, touché à la poitrine, tomber. Son corps se mit à rapetisser et à se contorsionner pour prendre l’apparence d’une femme inconnue.

 

C’était la première fois qu’elle tuait une autre sorcière.

 

Ce n’est que lorsque Lily, inquiète, l’interpela, que Rossignol reprit ses esprits.

 

Réprimant les émotions qui débordaient de son cœur, elle rangea le pistolet et courut vers Wendy.

 

– « Où êtes-vous blessée ? »

– « Ce n’est rien, la douleur est faible », répondit Wendy avec un signe de la main pour les rassurer. « Elle n’aurait pas pu traverser. »

 

– « vous voulez dire que la combinaison de protection a fonctionné ? »

 

– « Je suppose que oui. »

Elle déboutonna sa poitrine et constata que le mince poignard était resté accroché à ses vêtements.  Le couteau tomba sur le sol. Il n’y avait pas de sang sur la lame. La couche extérieure de sa tenue de protection présentait un petit trou mais l’intérieur, souple, était intact.

 

– « Vous m’avez vraiment fait peur »,  dit Lily en poussant un long soupir avant de se laisser tomber assise sur le sol. « La prochaine fois, ne vous précipitez pas pour m’aider à faire face à l’épée! Il ne faut pas faire cela pour m..moi… »

 

Wendy lui caressa tendrement les cheveux :

– « Eh bien, ne suis-je pas saine et sauve ? »

 

Lily enfouit son visage dans le sein de Wendy, libérant un cri étouffé.

 

– « Moi aussi j’ai eu peur, ma seule préoccupation étant de lui barrer la route, j’en ai oublié d’utiliser mon pouvoir » dit Wendy en secouant la tête. « Si j’avais envoyé une forte rafale de vent, elle n’aurait pas pu se jeter sur moi. »

– « C’est tout à fait normal, vous n’avez pas l’habitude de vous battre », la rassura Rossignol.   

 

– « Heureusement que vous portiez des vêtements de protection », dit Écho qui semblait encore effrayée. « Faute de quoi, cela aurait pu être bien pire cette fois. »

Avant leur départ, Son Altesse Royale leur avait remis à chacune un gilet spécial et leur avait demandé de ne jamais l’enlever. Il semblait un peu épais mais il était très léger à porter. Cette tenue était faite de plusieurs couches. Son Altesse avait expliqué que chacune d’entre elles avait été recouverte par Soraya, ce qui lui conférait un haut degré de flexibilité. Un objet pointu aurait bien du mal à le transpercer. Ce gilet offrait une excellente protection contre les épées, les arcs et les arbalètes. Sans lui, Wendy n’aurait probablement jamais survécu assez longtemps pour rejoindre Nana.

 

Foudre atterrit lentement à côté de la sorcière morte et demanda :

– « Pourquoi nous a-t-elle attaquées ? Ne sommes-nous pas… semblables ? »

 

Rossignol avait le regard rivé sur la femme sans vie. Durant un bon moment, elle fut incapable de parler.  La sorcière avait les yeux fermés, ses longs cheveux bleus étaient étalés sur le sol. Elle semblait paisible, comme si elle n’avait pas souffert.

Cependant, Rossignol n’oubliait pas qu’elle n’avait perçu aucune hésitation dans les yeux de cette femme lorsqu’elle avait poignardé Wendy. Elle semblait convaincue que ce qu’elle faisait était inévitable et juste. C’était comme si sa philosophie de vie justifiait le meurtre. Peut-être était-elle persuadée de bien faire.

 

– « Non », soupira doucement Rossignol, « Elle n’était pas des nôtres… ce n’était qu’un être lamentable. »

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