Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 150 : La Tour de Pierre
Chapitre 149 : Le Marchand de la Cité du Roi (partie 2) Menu Chapitre 151 : Négociations (Partie 1)

Pendant ce temps, Foudre volait quelque part dans la Forêt aux Secrets.

A ses yeux, le monde était devenu tout petit. Du plus loin qu’elle pouvait voir, tous les détails avaient disparu, il ne restait plus qu’un monde composé de couleurs vives. Le brun représentait la terre, le gris les montagnes, le vert la forêt et le bleu la rivière.

Le vert, cependant, dominait son champ de vision.

Ce n’était pas le vert vif des champs de Border Town. Ici le vert, mêlé de gris et de noir était sombre et concentré. A l’Ouest, au Nord, quelle que soit la direction dans laquelle la jeune fille regardait, ce vert sombre s’étendait à perte de vue. A force de le voir partout et depuis si longtemps, elle en avait le vertige. Aussi, de temps à autres, Foudre était-elle contrainte de regarder le ciel pour dissiper ce sentiment d’inconfort sans cesse croissant.

Derrière elle, le ciel était couvert de lourds et bas nuages noirs qui enfermaient la chaîne des Montagnes Infranchissables et Border Town sous la pluie et le brouillard.

Pour le moment, elle survolait la forêt dans l’espoir de retrouver des vestiges vieux de quatre cent cinquante ans. Pour elle, c’était sans aucun doute une grande aventure. Lorsque deux semaines auparavant Roland lui avait proposé ce travail, Foudre avait immédiatement accepté la mission. En outre, le Prince était bien différent de Cara, pour qui le  Livre Antique était infaillible. Son Altesse lui avait bien répété que ce dessin ne devait être considéré autrement que comme une référence et que le plus important était sa sécurité. Peu lui importait qu’elle retrouve cette tour ou non. Pour cette raison, la jeune fille s’était dit qu’elle allait passer un bon moment.

Son Altesse Royale avait raison : même s’il s’agissait du château de Border Town,  en quatre cents ans, les plantes auraient poussé presque partout et seraient même déjà tombées en poussière. Mais elle avait à cœur de retrouver cet endroit pour déterminer l’emplacement de l’étoile hexagonale, ce qui revenait à trouver la position de Taquila. Après avoir tout entendu sur le sujet, Foudre avait bien compris l’importance pour elle de trouver Taquila.

De cette façon, elle aiderait le Prince à trouver la véritable cause du déclenchement de la guerre contre les Démons que l’Église s’efforçait à tout prix de cacher.

C’était encore plus excitant que les plus palpitantes explorations de son père lorsqu’il essayait de trouver de  nouvelles routes maritimes!

Pour sa recherche, Foudre fit appel à la méthode graphique. Elle avait divisé la carte en plusieurs petits carrés et en maintenant une vitesse constante, calculant son temps de vol, elle pouvait évaluer la distance parcourue. Dans le même temps, la sorcière colorait l’intérieur des carrés. Ainsi, lorsque l’un deux était rempli, elle savait qu’elle avait déjà parcouru le secteur.

Pour le moment, elle avait déjà rempli la moitié des carrés.

Le ciel orageux qui la suivaient se rapprochaient plus vite que Foudre ne l’avait prévu et la jeune fille entendit le tonnerre rouler derrière les nuages. Par sécurité, elle redescendit en direction de la forêt afin de voler moins haut.

C‘est alors qu’une ombre grise passa devant ses yeux.

Surprise, Foudre stoppa immédiatement son vol et se mit à planer. Elle regarda derrière elle, dans cette immense tache verte.

Mais elle ne vit rien.

« Était-ce une illusion ? » Se demanda la jeune sorcière.

Refusant de le croire, elle reprit ses recherches.

Mais cette fois, elle vola beaucoup plus bas. La forêt devint alors une collection de troncs d’arbres tachetés, de branches bifurquées et de toutes sortes de feuilles… devant les yeux de Foudre, les détails émergeaient enfin de cette épaisse masse de vert.

Quelques respirations plus tard, la jeune fille aperçut soudain une petite tour de pierre blanche dissimulée par des branches d’arbre. Tout le sommet était tronqué, ce qui fait que les arbres avaient poussé plus haut que celle-ci et l’avaient recouverte d’une couche de vert. Il était quasi impossible de la voir du ciel. Sans son désir d’éviter les nuages chargés de pluie, elle l’aurait probablement manquée.

Le cœur de Foudre se mit à battre plus vite : se pouvait-il que ce soit là le lieu désigné sur la carte ?

Elle fit plusieurs fois le tour de l’édifice, mais ne remarqua rien d’inhabituel, aussi décida-t-elle d’aller voir de plus près.

Lorsqu’elle se fut posée, la sorcière s’aperçut qu’on ne pouvait pas vraiment appeler ceci  une tour de pierre blanche.

Couverte de plantes grimpantes et de mousses, la tour, au fil du temps, avait pris une couleur gris-verte. Elle était légèrement inclinée sur le côté, comme si elle avait été frappée par une force énorme qui aurait dispersé ses pierres partout autour d’elle. Ces pierres étaient faites du même matériau que la tour et avaient la même couleur : il s’agissait certainement de fragments provenant du sommet. Les plus grosses étaient encore visibles, mais les plus petites avaient été ensevelies sous la terre et les mauvaises herbes.

Cette tour de pierre avait dû être énorme. Sa partie inférieure était aussi importante que le château de Border Town. Les ruines de ce genre avaient généralement un sous-sol.

En toute logique, il convenait de noter l’emplacement des vestiges et de rentrer immédiatement à Border Town.

De toutes les aventures qu’elle avait entendues, elle savait que pénétrer dans des ruines en sommeil depuis des centaines d’années n’était pas judicieux. L’air vif emmuré dans les sous-sols pouvait devenir toxique et mettre fin rapidement à sa courte existence.

Sachant tout cela, Foudre ne fit pas un pas, mais sa curiosité la taraudait sans répit : entre et jette un œil, cela ne prendra pas longtemps.

Elle leva à nouveau les yeux et vit que le ciel, auparavant bleu, était devenu sombre. De toute évidence, une tempête se préparait.

« Eh bien voilà qui résout le problème », se dit-elle, « Voler sous la pluie serait trop inconfortable. Je n’ai pas le choix, je vais devoir me mettre à l’abri dans la tour, et comme je serai sur place, j’en profiterai pour jeter un coup d’œil rapide. Si jamais je trouve l’entrée du sous-sol, je ne m’y rendrai pas seule. »

A cette pensée, la curiosité de Foudre fut plus forte que l’obéissance. Elle se dirigea vers les plantes grimpantes et entreprit de rechercher l’entrée. Lorsqu’elle l’eut trouvée, elle prit un couteau à sa ceinture et dégagea un petit passage, juste assez grand pour passer en rampant. Depuis longtemps, la porte de bois avait été emportée par l’érosion aussi put-elle pénétrer sans difficulté dans la tour.  

Le haut ayant été arraché, elle n’avait pas besoin de torche pour voir clairement. Foudre parcourut en cercle tout le bas de la tour sans rien découvrir. De toute évidence,  le temps et la nature avaient effacé toutes traces d’objets ayant existé. Outre les vestiges des anciens murs, il n’y avait plus rien. Derrière un mur encore debout, elle découvrit un trou dans le sol. Cela avait dû être un escalier, mais il ne restait plus trace des marches.

L’accès au sous-sol se remarquait facilement, il avait été construit au sud-ouest, face à l’entrée de la tour de pierre. Foudre se dit que si elle suivait ce chemin à travers  les Terres Sauvages, elle découvrirait certainement l’ancienne cité de Taquila.

Au même moment, la pluie se mit à tomber. Foudre reçut une goutte d’eau sur le nez. Elle n’eut pas d’autre solution pour rester au sec que d’entrer dans le trou. Elle suivit lentement le conduit souterrain. Au détour d’un coin, elle fut arrêtée par une porte en bois. Celle-ci, qui n’avait pas été entièrement détruite par la corrosion, était cependant si délabrée qu’il aurait suffi de l’effleurer pour qu’elle s’effondre.

Les gouttes se transformèrent en une véritable averse et le crépitement de la pluie frappant le sol finit par devenir un seul son. Dans sa cachette, Foudre était à l’abri de la pluie, mais l’eau commença bientôt à s’infiltrer dans le trou. Pour éviter de mouiller ses chaussures, la jeune sorcière souleva ses pieds du sol et se mit à flotter lentement.

Tout à coup, elle crut entendre un cri.  Avec le bruit que faisait la pluie, celui-ci était presque indiscernable.

Ses cheveux se dressèrent sur sa tête et la jeune fille fut prise de panique. Mais dans cet étroit passage, elle ne vit rien d’autre que des pierres éparses. A la faible lueur qui provenait de l’extérieur, elle ouvrit son sac et en sorti une torche et un silex afin de faire du feu pour mieux voir.

A ce moment précis, les cris retentirent à nouveau, mais cette fois, il lui sembla qu’ils provenaient de derrière la porte. Foudre ne put s’empêcher de tressaillir,  elle se retourna très vite, lâchant sa torche qui tomba dans l’eau en éclaboussant.

Cette fois, le son était beaucoup plus clair et il lui sembla distinguer une voix de femme.

« Y’a-t-il quelqu’un dans ce sous-sol ? » A cette idée, elle se mit à transpirer. « Comment cela est-il possible ? Cette tour de pierre est abandonnée depuis plus de quatre cents ans. En outre, elle est cachée au fin fond de la forêt. D’autres que moi seraient-ils arrivés jusqu’ici ? »

– « Aidez-moi… »

Le son résonna pour la troisième fois. Elle en était sûre : cela venait bien de derrière la porte en bois. Quelqu’un était apparemment en détresse. Foudre avala sa salive et posa sa main sur la porte. Elle poussa doucement. Le bois humide et poreux céda et se brisa au sol avec un bruit sourd.

Une haute silhouette se tenait devant elle!

Foudre sentit son sang se glacer : la silhouette ressemblait exactement à celle du démon que  Soraya avait représenté dans sa peinture! Sous la faible lumière, le Diable semblait la regarder. Son corps massif légèrement penché en avant, il tenait dans sa main à trois doigts une énorme hache. Celle-ci réfléchissant la lumière, elle aperçut nettement des taches de sang sur l’instrument. Durant un instant, les images sanglantes de ces horribles monstres qui avaient massacré ses sœurs lui revinrent à l’esprit.

– « Ahhh! »

Le cri qu’elle poussa retentit dans tout le sous-sol.  La jeune fille lança le silex qu’elle tenait encore à la main en direction du Démon avant de se retourner pour prendre son envol et sortir au plus vite du tunnel. Sous la pluie, elle s’enfuit en direction de Border Town.

Foudre n’avait pas eu le temps de s’apercevoir qu’en heurtant la poitrine du Démon, le  morceau de silex s’était brisé avec un craquement. La zone atteinte commença à se fissurer, bientôt suivie par le corps entier. Le Diable se brisa en mille morceaux. Ceux-ci se transformèrent en une poussière blanche que le vent emporta.

 

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