Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 108 : Echo (Partie 1)
Chapitre 107 : Questionnement sur son intention Menu Chapitre 109 : Écho (Partie 2)

 

Il y avait deux semaines que les Mois des Démons étaient terminés et la neige fondait enfin, formant des ruisseaux qui couraient se jeter dans la rivière.

Le paysage d’un blanc immaculé s’évanouissait lentement, tandis que les arbres des deux côtés commençaient à bourgeonner et à reverdir.

La terre à l’est de Border Town, débarrassée par Anna des arbres et de la neige, avait été transformée par Son Altesse en terrain d’entraînement temporaire pour la Première Armée.

 

Là, un fusil à la main, Carter était occupé à vérifier la fixation de la baïonnette. C’était la plus récente trouvaille de Son Altesse, mais comparée à la machine d’exploitation automatique et à la poudre de neige modifiée, cette nouvelle invention semblait un peu trop simple. Au moment où il prit pour la première fois la nouvelle arme entre ses mains, Carter sut presque immédiatement que ce n’était pas une arme adaptée.

 

En bref, il s’agissait simplement d’un triangle de fer pointu, avec la ligne médiane pour base qui avait deux petites pièces de fer tournées vers le bas. Bien que ses bords soient nets, il était absolument impossible de trancher avec cette arme. La lame, trop courte, si elle devait se plier, se casserait immédiatement. Il n’y avait pas grand-chose à dire de l’autre extrémité qui n’était pas plus épaisse qu’un pouce. S’il attaquait un ennemi et tentait de le lacérer, Carter n’était même pas certain de seulement réussir à déchirer ses vêtements.

On ne pouvait l’utiliser que d’une seule façon : en poignardant. Encore fallait-il qu’elle soit fixée sur le fusil. A la main, une dague serait bien plus efficace.

Aux yeux du chevalier, une arme  qui ne permettait qu’un seul type d’attaque était non seulement inadaptée mais constituait en outre un gros gaspillage de fonte. Si, sur son territoire, un forgeron avait osé créer une telle arme, il l’aurait attaché et sévèrement fouetté.

 

Mais même si cette arme n’était pas terrible, Carter pouvait malgré tout y reconnaître l’originalité de Son Altesse et sa passion du détail. Pour exemple, la conception de la connexion entre le fusil et la baïonnette. La bouche du canon avait deux rainures à angle droit à son extrémité : il suffisait d’y ajuster les deux petits crans de fer de la baïonnette et de la tourner d’un demi-tour pour la fixer. Grâce à ce concept, les rainures et les pièces de fer ne nécessitaient pas d’être parfaitement adaptées : s’il y avait un peu de jeu, le tireur pouvait simplement insérer quelques morceaux de papier entre les deux pièces de fer et les rainures, et seulement alors faire pivoter la baïonnette. S’ils n’avaient pas de papier, des feuilles d’arbres conviendraient également.

 

– « Baïonnette au canon! »

 

En entendant cet ordre, les tireurs retirèrent la baïonnette de leur sac et l’installèrent sur le canon de leur fusil. A ce jour, on n’avait pu fabriquer que quarante de ces nouvelles armes et leurs sacs de transport. Aussi, le soldat qui n’avait pas reçu la sienne devait-il placer un petit bâton sur son fusil.

S’entraîner à ce type d’action pris presque toute la matinée, et maintenant, la plupart des soldats n’avaient besoin que de trois ou quatre ajustements pour que la baïonnette soit correctement réglée.

Selon la consigne de Son Altesse, celle-ci ne devrait être utilisée qu’en dernier recours. Il ne voulait pas que ses hommes lancent d’eux-mêmes une attaque de combat rapprochée avec la baïonnette.

Carter n’était pas d’accord avec cette décision : tant qu’un homme n’avait pas personnellement poignardé un ennemi, il restait un enfant. Ce n’est qu’en voyant le sang pour la première fois que ces mineurs et chasseurs ordinaires deviendraient des soldats.

 

Hache-de-Fer était lui-aussi dans les rangs des stagiaires. Bien qu’il ait prétendu n’être qu’un chasseur, à en juger par ses compétences, Carter voyait bien que cet homme avait reçu une formation de combat spéciale. Il était aussi qualifié que n’importe quel chevalier.

Son Altesse Royale avait demandé à Carter d’enseigner aux soldats comment utiliser correctement la nouvelle arme, mais ce dernier se sentait un peu coupable. Il n’avait jamais vu de baïonnette auparavant, et il était impossible qu’il ne sache pas l’utiliser.

Cependant, après avoir vu le prototype, le chevalier en chef se sentit plus confiant. Après tout, une baïonnette n’était autre que l’équivalent d’une petite lance, qui était bien plus facile à manier que la pique.

 

En raison de sa conception unique de lame, la méthode de formation était très particulière Les soldats n’avaient pas besoin d’apprendre à fendre, à soulever, à bloquer ou à balayer d’un large mouvement : il leur suffisait de s’entraîner à poignarder. C’est pourquoi le chevalier les fit tous aligner et entreprit de leur enseigner la méthode la plus appropriée : placer un pied l’un vers l’autre, plier les genoux et pousser les bras vers l’avant avec un maximum de puissance.

 

Cette méthode de formation répétitive était extrêmement ennuyeuse, aussi Carter fut-il très surpris de voir que tout le monde s’appliquait méticuleusement. Avant l’hiver, ce n’était encore qu’une bande de civils faibles et paresseux, mais à présent ils se comportaient comme un groupe de stagiaires convenables. Lorsque Carter criait un ordre, ces derniers obtempéraient immédiatement et il fallait reconnaître qu’ils investissaient davantage d’efforts à l’entraînement que les écuyers qu’il avait précédemment formés. Bien sûr, s’il leur donnait une épée, ou pour reprendre les paroles de Son Altesse Royale, des « armes blanches », le chevalier en chef les vaincrait en deux temps trois mouvements avec seulement un bâton. Mais en termes de volonté, leurs progrès étaient déjà dignes d’être soulignés.

 

Après une heure de formation, Carter fit asseoir l’équipe et leur accorda une pause. Au même moment, Son Altesse Royale arriva sur le terrain d’entraînement, suivi d’une femme qui portait une capuche. Le chevalier n’en fut pas surpris car le Prince l’avait informé à l’avance que, pour la séance de ce jour, ils seraient aidés par une sorcière.

Cependant, Carter ne s’attendait pas à ce que celle-ci soit si grande, a vue d’œil, elle avait presque la même taille que son Altesse. Mais néanmoins, de l’avis du chevalier, cette femme était exquise. Il revint à ses affaires et ordonna aux soldats de se lever et de saluer le Prince.

 

– « Votre Altesse! », s’écrièrent les soldats en levant les mains.

 

– « Merci pour vos efforts », répondit Roland qui reçut leur salut et y répondit d’un signe de tête. Il s’avança pour parler à Carter seul à seul.

 

Mais au même moment, un soldat se précipita brusquement vers lui. En l’apercevant, Carter fronça les sourcils, posa sa main sur la poignée de son épée et fit un pas en avant pour se placer devant le Prince. Mais Rossignol avait été encore plus rapide : sa main apparut hors du brouillard et attrapa le bras de Roland. Dès que la situation s’avérait ne serait-ce que légèrement douteuse, elle pouvait tirer le Prince dans le brouillard.

Mais ils s’aperçurent que la personne en question n’était autre que Hache-de-Fer.

 

Plus étonnant encore, ce n’était pas vers le Prince qu’il accourait ainsi mais vers la sorcière inconnue qui l’accompagnait! Il tomba sur les genoux devant elle, non pas sur un genou comme on le faisait habituellement dans le Royaume, mais il se jeta de tout son long sur le sol, la tête enfouie dans ses bras :

 

– « Mon Chef de Clan! »

 

Cet événement interrompit la formation de l’équipe de tir.

 

_________________

 

– « D’abord, expliquez-moi ce qui se passe! », demanda Roland, visiblement mécontent.

De retour dans la salle du château, Carter, Echo et Hache-de-Fer se tenaient en ligne devant le Prince, assis à son poste de Seigneur.

« La discipline! Vous devez toujours maintenir la discipline! C’est l’une des règles essentielles que l’on vous ait apprises au sein de la milice, aussi à plus forte raison dans l’armée devez-vous garder cette discipline de fer! Même si vous voyiez le Roi en personne, vous ne devriez pas bouger de vos rangs ne serait-ce que d’un orteil, alors pour un Chef de Clan! C’est la seule exigence, il sera toujours temps de vous expliquer ultérieurement. »

 

Depuis le début, Roland avait une très bonne impression de Hache-de-Fer, mais devant son comportement ce jour-là, il ne put que soupirer. En dernière analyse, les capacités intellectuelles de ce soldat ne suivaient pas ses talents pratiques : celui-ci n’avait visiblement pas compris le sens du mot discipline.

 

– « Votre Altesse Royale… »

Hache-de-Fer ne put attendre plus longtemps. Il voulait s’agenouiller pour exprimer ses regrets. Le chasseur ployait le genou lorsque le Prince interrompit son geste.

 

– « Tenez-vous droit et parlez! »

 

– « Bien » Hache-de-Fer ravala nerveusement sa salive et commença : « J’ai grandi à Ironsand City et juré fidélité et dévouement envers le clan Osha et son nouveau chef, Lune d’Argent. »

 

– « Non, Kabago, je ne suis pas le chef du Clan… », protesta aussitôt Echo.

 

– « Vous l’êtes », répondit le soldat. « Votre père et votre frère étant morts, conformément à la coutume d’Osha, vous êtes devenu le chef de notre Clan. Lorsque j’ai appris que vous aviez été vendue au port de Clearwater, je suis immédiatement allé là-bas, mais n’ayant pu vous retrouver, je vous ai crue…morte. »

 

– « Mais je… »

Roland interrompit Echo :

– « L’un après l’autre, laissez d’abord Hache-de-Fer terminer son récit».

 

– « Je vous obéirai jusqu’à la fin de mes jours, Votre Altesse. »

 

***

 

L’histoire n’était pas compliquée. Roland en avait rapidement saisi les grandes lignes.

 

Echo était à l’origine un membre du clan Osha de Ironsand City. Son nom était Lune d’Argent et son père était le chef du Clan.

Le peuple du Pays des Sables n’avait pas une vie facile. Ironsand City ne pouvant accueillir qu’une population limitée, tous les trois ans, chaque clan devait participer au duel sacré. Les six clans qui gagnaient avaient le droit de rester vivre dans la ville tandis que les autres devaient soit vivre à l’extérieur, soit partir ensemble pour la Mer Verte. C’étaient des endroits dangereux, et bien qu’il y ait de l’eau,  les bêtes démoniaques et les tempêtes de sable représentaient une grande menace pour ce peuple. Aussi, à chaque Duel Sacré, les guerriers des divers clans n’épargneraient-ils aucun effort pour gagner.

 

 

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