Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 98 : Nouvelles Sorcières, Nouvelles Capacités (Partie 2)
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Colibri, la troisième sorcière, était de petite taille comme son surnom l’indiquait. Lorsqu’on lui demanda d’exercer ses capacités, la jeune femme se montra beaucoup plus prudente que les autres. Cette année, elle venait tout juste d’atteindre sa majorité. Colibri avait des fossettes symétriques, des traits délicats et une voix douce  et cireuse. En résumé, elle était plutôt mignonne.

 

Sa capacité consistait dans le pouvoir d’« alléger». Lorsqu’elle plaçait sa magie dans un objet, son poids était diminuait considérablement. Selon ses dires, il avoisinait zéro.

Roland demanda à Colibri de lui faire une démonstration en direct avec sa propre tasse, qu’elle fit visiblement flotter dans l’air. Ce qui signifiait que son poids s’était rapproché de celui de l’air, qui bien sûr, pour les gens de cette époque, ne pesait rien.

 

Apparemment, c’était grâce à sa capacité, que l’Association de Coopération des Sorcières avait pu traverser la chaîne des Montagnes Infranchissables. Avec l’aide de cette jeune sorcière, on pouvait remplir les sacs de blé et de poissons séchés : ils restaient faciles à transporter. De ce fait, il n’avait fallu que quelques personnes pour porter beaucoup de matériaux, ce qui avait considérablement réduit le problème logistique.

Bien que Colibri soit devenue adulte, elle n’avait toujours pas développé de capacité magique connexe. Pour projeter sa magie, il lui fallait être en contact avec sa cible, et de plus, elle ne devait jamais opérer sur un être vivant. Plus l’objet était grand, plus il fallait du temps et plus la quantité de magie consommée pour modifier son poids était importante. Cependant, une fois la conversion terminée, l’effet durait plusieurs heures.

 

Cette capacité semblait particulièrement adaptée à l’industrie du transport, et très prometteuse pour la guerre à venir. Mais trop d’éléments étant encore inconnus, il faudrait explorer davantage ce pouvoir.

En pensant à toutes ces lacunes, Roland nota au bas de son parchemin : Apprendre à contrôler la quantité de magie nécessaire, en s’entraînant avec des pierres de poids différents, de sorte qu’elle puisse déterminer avec précision la durée effective des effets.

 

Lorsqu’il eut fini de préparer les trois premiers programmes de formation, le prince ordonna à son assistant d’allumer une autre bougie, afin d’éclairer davantage la pièce. Mais malgré la lumière orangée de cette flamme vacillante, ses yeux fatiguaient à force de lire et d’écrire.

Roland bâilla et prit le parchemin sur lequel étaient consignées les informations concernant la quatrième sorcière.

Celle-ci portait un nom rare : elle s’appelait Soraya Zoen. La jeune femme, qui appartenait à une famille marchande de Graycastle, avait des cheveux bruns coupés courts et bouclés et des yeux en amande. Sur son nez loin de gâcher sa beauté, une petite tache lui donnait une touche unique de vitalité, propre à la jeunesse.

Elle avait dix-neuf ans et sa capacité est également très spéciale. La sorcière pouvait peindre l’image de tout ce qu’elle voyait ou imaginait. De plus, avec son « Crayon Magique », elle dessinait sans peinture sur n’importe quel papier et créait une image photo-réaliste.

 

Telle une caméra, sa capacité offrait des possibilités infinies. Quant à sa formation, Roland  lui ferait dessiner des tableaux tous les jours.

Il prit le parchemin suivant.

 

La cinquième sorcière s’appelait Echo. C’était une femme de l’extrême sud. Elle était grande,  avait la peau mate et ses yeux et son nez, typiquement caractéristiques du sud, lui donnaient un look très exotique. Selon son récit, dès son éveil, elle avait pu imiter le cri d’un animal. Devenue adulte, ses cris se firent plus spectaculaires et enchanteurs. Elle ne développa aucune capacité secondaire.

Roland décida de nommer cette faculté : « Le Son Magique ». Quant à son utilité à long terme, il n’en avait aucune idée, pas plus qu’il ne savait comment l’entraîner… elle devrait simplement rugir de toute sa voix, autant qu’elle le voudrait.

 

La sixième sorcière qu’il interrogea s’appelait Lily, elle était âgée de seize ans. La jeune fille portait deux queues de cheval et avait un délicat visage de poupée. Elle ne montra aucune expression tandis qu’elle faisait face à Roland. Sa capacité était d’éviter la décomposition des aliments, et même s’il n’y avait qu’un an que son éveil était survenu, cette sorcière jouait un rôle des plus importants au sein de l’Association. Sans aucun moyen de préservation, beaucoup d’aliments seraient devenus immangeables au cours de leur voyage.

Lily, comme Colibri, serait d’une grande aide pour sa force logistique.

Quant à la question de savoir comment elle parvenait à garder la nourriture fraîche, restait à confirmer si elle utilisait des bactéries ou d’autres moyens. Roland décida de la faire pratiquer sur toutes sortes de viande et de fruits, et elle devrait également confirmer le ratio de durée de son pouvoir magique.

 

Il frotta son cou qui picotait et groupa les informations concernant les six sorcières en une pile qu’il mit de côté. A l’exception d’une dernière fiche d’informations.

Après Leaves, celle-ci allait être une nouvelle surprise pour Roland.

 

Cette septième sorcière, surnommée Lune Mystérieuse, était si nerveuse en entrant dans le bureau que Rossignol dut venir la réconforter un moment. Cette dernière murmura alors à l’oreille de Roland la raison de son son état.

Sa capacité, qui restait un mystère, était réputée comme le pire des pouvoirs au sein de l’Association de Coopération des Sorcières. Elle aurait même pu être considérée comme inutile, étant donné qu’elle pouvait être facilement accomplie par un travail humain. Souvent blâmée par Cara, la sorcière, devenue très timide, craignait à présent que Roland ne la bannisse de Border Town si jamais il venait à partager cet avis.

 

Sa capacité principale consistait à magnétiser un objet. Avant sa majorité, Lune Mystérieuse ne pouvait opérer que sur les objets métalliques mais par la suite, elle put magnétiser tout ce qui lui tombait sous la main. La jeune fille n’avait pas non plus de compétence secondaire connue et le processus était extrêmement lent. Selon ses dires, il lui fallait une demi-journée pour traiter un cube de pierre d’environ un demi-pied.

Cette capacité n’était pas très utile à l’Association de Coopération des Sorcières. Les sœurs connaissaient déjà les aimants : chacun des immenses navires qui parcouraient les mers était équipé d’une boussole à six points : de cette façon, il se dirigeait aisément. Au contraire, les objets magnétisés par la jeune sorcière causaient des problèmes : par exemple, un pot métallique que Colibri venait d’alléger n’avait cessé de s’envoler dans leur direction. Cara finit par lui interdire d’utiliser son pouvoir. Mais pour Roland, cette fille taciturne était simplement un cadeau inestimable.

C’était du reste à cause d’elle qu’il mourrait d’envie de fredonner ‘Super-Star’ : n’y avait-il pas plus approprié que ces paroles : « Vous êtes électrique, vous êtes lumière » ?

La Magnéto-électricité, l’Electromagnétisme… c’était un domaine que tout scientifique connaissait bien. Le prince remercia du fond du cœur Faraday, Gauss, Ampère et Maxwell. De l’électricité viendrait la lumière. Peut-être que d’ici peu, Roland pourrait offrir un nouveau miracle à Border Town.

Une sorcière à qui l’on interdisait d’utiliser son pouvoir et qui  avait réussi à survivre à la Morsure du Démon ne devait pas avoir une estime d’elle-même aussi fragile que l’on pourrait penser. Tout au moins son envie de vivre était-elle beaucoup plus forte que celle de la plupart de ses sœurs. Roland était secrètement ravi qu’elle soit restée moins d’une année à l’Association de Coopération des Sorcières sinon, avec le temps, Cara en aurait fait une loque vivante.

 

Avec beaucoup d’enthousiasme, il écrivit : Dans les jours à venir, Lune Mystérieuse s’entraînera à magnétiser différents objets et déterminera le rapport existant entre la consommation de magie et la taille de l’article magnétisé.

 

Avec ces sept, le Prince avait à présent douze sorcières. Il commençait à comprendre globalement la magie, après tous les exemples qu’il avait pu voir. Un classement traditionnel de type combat/non-combat n’était pas suffisant : Roland aurait préféré les regrouper en fonction des caractéristiques de leurs pouvoirs magiques. En résumé, les sorcières pouvaient être réparties sous trois catégories.

 

La première concernait l’auto-renforcement : Ce type de capacité était apparemment très rare et jusqu’à présent, seule Scroll semblait appartenir à cette catégorie. Même sous l’effet de la Pierre du Châtiment Divin, sa mémoire extraordinaire ne lui faisait jamais défaut.

 

La seconde était de type « invocation ». Anna, Rossignol, Nana, Foudre, Wendy, Leaves, Soraya, Echo et Lily se situaient toutes dans cette catégorie. Celle-ci était caractérisée par le fait que les sorcières pouvaient invoquer la magie dans leur environnement extérieur, mais ses effets étaient limités à cinq mètres. C’était le type de faculté sur lequel la Pierre du Châtiment Divin avait le plus d’impact : dès qu’elles entraient dans la zone d’inhibition, tout effet magique disparaissait. Cependant, si le pouvoir avait pu faire effet avant d’être bloqué, le résultat était permanent et irréversible.

 

La troisième catégorie regroupait les facultés de type « liaison magique ». Il s’adressait à Colibri et à Lune Mystérieuse. Leur magie prenait effet par contact direct avec leur cible. La conversion était très lente, la consommation de magie plutôt importante, et le processus pouvait être interrompu par la Pierre du Châtiment Divin. Cependant, une fois la transformation terminée, les propriétés ajoutées devenaient inhérentes et restaient efficaces, même dans la zone d’inhibition de la Pierre. La durée du sortilège dépendait de la quantité d’énergie utilisée et de la taille de l’objet.

 

« C’est probablement la raison pour laquelle cette Pierre est incapable d’inhiber le déchaînement de magie durant la Morsure Du Démon », se dit le Prince. « Celle-ci n’affecte pas la magie convergente ni le flux interne, mais uniquement la magie en cours de processus. Pour parler couramment, elle n’a d’effet que les facultés extérieures et non sur les pouvoirs internes. »

 

Roland posa la plume et se frotta les yeux. Quoi qu’il en soit, son avenir s’annonçait chargé.

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