Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 1020 : Première parution du Journal
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Assis dans une salle privée d’une taverne de la Cité Sans Hiver, Victor parcourait les dernières factures commerciales.

Cette pièce était certainement plus cossue que la salle bruyante du rez de chaussée et avec son tapis de laine sur le sol et son lit de briques chauffées sous le divan moelleux, il n’avait pas du tout froid aux pieds.

À sa demande, la taverne a également installé à côté du canapé une table de bois mobile pouvant servir de table basse en cas de besoin. En hiver en effet, il était très plaisant de pouvoir travailler allongé sur son canapé.

À portée de sa main gauche se trouvait une assiette de tranches de poulet rôti et à sa droite une tasse de Boisson du Chaos de couleur violet-sombre, un repas goûteux qui valait bien dix Royals d’or.

Officiellement marchand de bijoux et quatrième fils de la famille Lothar, ces dépenses, qui auraient paru démesurées aux yeux du peuple, ne représentaient rien pour lui. Il avait l’habitude de dépenser beaucoup pour son confort physique sans se soucier de savoir si cela en valait la peine ou non.   

Depuis que, deux mois auparavant, il avait assisté au lancement de cette machine géante que l’on appelait “le train”, il avait acheté une chambre au troisième étage de la taverne pour en faire sa résidence professionnelle.  

Étant donné sa fortune, il aurait été facile pour lui d’acquérir une ou deux maisons, mais Victor aimait ce sentiment de détachement : rester au calme sans être trop éloigné de l’agitation du rez-de-chaussée. Il avait toujours préféré les tavernes aux immenses manoirs des aristocrates et ceci pour deux raisons : non seulement ces lieux étaient commodes pour les négociations avec différentes caravanes, mais de plus, ces tavernes au centre-ville reflétaient mieux que tout la vitalité et la prospérité d’une cité.  

Arrivé à la dernière page, Victor referma le cahier en peau de mouton prit sa tasse de boisson cristalline qui, à la lumière des bougies, évoquait une magnifique pierre précieuse d’un rouge pourpre.

Les récents projets de loi lui posaient quelques problèmes car depuis longtemps, il ne pouvait plus acheter de gemmes dans la Région de l’Ouest.

La lutte pour le trône, en effet, avait provoqué de grands changements à Graycastle. Les villes avaient été détruites durant la guerre et les nobles ne possèdent plus de terres. Ces chamboulements ayant entraîné une baisse continue du prix des articles de luxe, s’il voulait conserver ses bénéfices, il devait vendre davantage et sans pierres précieuses, les joailliers ne pouvaient pas confectionner de bijoux.

Si, à l’origine, la Forteresse de Longsong était l’une de ses principales sources de pierres précieuses, depuis que Roland Wimbledon avait annoncé la création de la Cité Sans Hiver, celles-ci se faisaient rares. Victor s’était rendu plusieurs fois dans le District de Longsong pour s’apercevoir que le jeune Roi avait fait main basse sur tous les secteurs miniers. Cela n’était pas surprenant, dans la mesure où il était dans la nature des Seigneurs de s’accaparer les richesses, néanmoins, toutes les pierres précieuses semblaient avoir disparu lors de leur transport hors du District Frontalier.  

Or, il n’y avait aucune bijouterie à la Cité Sans Hiver.  

Le Roi avait le choix entre vendre directement les pierres précieuses, auquel cas Victor pourrait réaliser des bénéfices en les revendant à un prix plus élevé, soit investir de l’argent pour faire fabriquer des bijoux et les revendre ensuite. Victor pourrait alors coopérer avec lui, dans la mesure où qu’il s’agisse de la fabrication ou de la chaîne de vente, il était une force que Roland ne pouvait pas refuser.  

Pourtant, ce dernier ne lui avait laissé aucune chance. On aurait dit qu’il n’avait pas l’intention de faire de l’argent en vendant ces pierres, ce qui affligeait quelque peu le bijoutier.  

Il avait bien essayé de vendre ses bijoux à la Cité Sans Hiver mais en vain, les habitants ne pouvant se permettre d’acheter des joyaux de plusieurs dizaines de Royals d’or. En temps normal, ceux-ci étaient surtout vendus aux aristocrates qui les achetaient pour se faire valoir au cours des réceptions, mais il n’y avait pas de nobles à la Cité Sans Hiver.

Jamais il n’aurait cru que dans une ville aussi vaste, il ne trouve personne qui soit intéressé par les bijoux.

Cela faisait plusieurs fois qu’il se rendait à la Cité Sans Hiver, mais il achetait plutôt qu’il ne revendait, aussi sa comptabilité montrait-elle un énorme déficit commercial.

C’était tout sauf un signe de prospérité.

L’émergence du train lui ayant fait prendre conscience que si l’avenir était en marche, ce n’était pas le cas partout, s’il voulait développer son activité, il devait évidemment s’en rapprocher. Le centre des affaires ayant été transféré de l’ancienne capitale à la nouvelle, il n’avait pas le choix. Mais restait à savoir ce qu’il allait bien pouvoir faire si ce type de métier venait à disparaître.

N’étant pas à court d’argent, il pourrait continuer à mener une vie prospère même s’il ne faisait rien. Cependant, il devait prouver son talent en matière de commerce s’il voulait clouer le bec aux hommes d’affaires qui convoitaient sa famille et aux Marchands Noirs.

Il ne pouvait pas laisser tomber son père.

Tandis qu’il réfléchissait à un moyen de résoudre ce problème, Victor entendit soudain le bruit venu d’en bas s’amplifier au point que le sol trembla légèrement.

Il était encore trop tôt pour qu’il s’agisse de gens venus pour boire. Que pouvait-il bien se passer ?  

Il tira la corde de la cloche de cuivre jaune pour appeler une femme de chambre. Presqu’aussitôt, une jolie jeune femme fit irruption dans la pièce.

– « Pardonnez-moi, Monsieur, puis-je vous être utile ? »

Le bruit s’amplifiant avec l’ouverture de la porte, il eut l’impression d’entendre quelqu’un lire à haute voix.  

– « Que font-ils donc en bas ? » Demanda-t-il.

– « Je suis désolée s’ils vous dérangent », répondit la jeune femme avec un sourire d’excuses. « Mais ne leur en tenez pas trop rigueur :  c’est le jour de parution du journal et ils se bousculent pour l’acheter. »

– « Le journal ? »

– « Oui. Il y a une semaine, Sa Majesté a annoncé que désormais, le journal remplacerait le tableau d’affichage sur la place. Depuis, nous sommes tous impatients de découvrir ce qu’est ce fameux journal. »

– « Un nouveau produit ? » S’exclama Victor, soudain intéressé. « Pas étonnant que cette ville soit devenue la nouvelle capitale. Combien cela coûte-t-il ? »  

– « J’ai entendu dire qu’il était vendu dix Royals de bronze l’exemplaire. »

– « Allez donc m’en acheter un… non, 10! » S’empressa-t-il de répondre.

La femme de chambre descendit et revint presqu’aussitôt, haletante.

– « Monsieur, Monsieur … Les journaux qui nous ont été livrés ont tous été vendus! »  

« Si vite ? » Victor cligna des yeux, surpris. Si c’était une marchandise, elle devait être très populaire! Mais qu’importe : il avait de l’argent :

– « Dans ce cas, rachetez-en à quelqu’un, quel qu’en soit le prix », dit-il en lançant un Royal d’or à la servante. « Si vous réussissez, vous pourrez garder la monnaie. »  

– « Bien Monsieur! », répondit la jeune fille avec un grand sourire.

Environ sept minutes plus tard, elle était de retour et lui remit six journaux gris.

– « Le prix est passé à 20 Royals d’argent. J’ai fait de mon mieux … », dit la femme de chambre avec hésitation.

Elle dissimulait très mal ses pensées. En effet, voyant à quel point il y tenait, les gens n’avaient pas hésiter à augmenter le prix du journal et même si elle avait manqué à sa tâche, la jeune fille n’était pas disposée à lui rendre la monnaie.

– « Quel est votre nom ? » Demanda Victor qui n’en avait que faire.

– « Lila, Monsieur. »

– « Gardez la monnaie », dit-il en agitant le journal qu’il tenait à la main. « À propos, voudriez-vous le lire avec moi ? »

Après un bon repas et du bon vin, le reste était évident. Sa poitrine qui se soulevait et les gouttes de sueur qui perlaient sur le bout de son nez respiraient la vitalité juvénile. Pour lui qui avait connu tant de nobles dames, cette jeune fille un peu gauche avait un attrait différent. Par ailleurs, elle habitait la ville et pourrait aussi répondre à ses questions le cas échéant.

La femme de chambre baissa la tête et une légère rougeur apparut sur ses joues. Après un moment d’hésitation, elle se mordit la lèvre, hocha la tête et murmura :

– « J’en serais heureuse, Monsieur. »  

Victor tapota le canapé :

– « Dans cas, merci de me tenir compagnie », dit-il en riant.

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