Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 855 : Pouvoir et responsabilité
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Les dispositions prises pour l’expédition, Roland se hâta de retourner à l’immeuble. Hélas, il avait sous-estimé la vigilance de Garcia.

À peine entré dans le couloir, il aperçut une silhouette familière appuyée contre le mur près de l’appartement 0825. Elle était au téléphone, observant simultanément ce qui se passait dans la rue. Vêtue d’un t-shirt gris et blanc, d’un ample pantalon noir et de chaussures de sports montantes, elle paraissait jeune et pleine d’énergie. S’il ne la connaissait pas, il aurait pu la voir comme une simple voisine, une personne vive et enjouée qui passait souvent à la télévision.

À en juger par son expression, elle semblait un peu fâchée mais était loin de la froideur et de la dureté de la Garcia qu’il avait connue. La Princesse Wimbledon, Reine de Clearwater, était étonnamment belle dans sa tenue de sport.

– « Bon! » L’entendit-il dire au téléphone alors qu’il s’approchait. « Je raccroche car j’ai à faire. Il est inutile de me rappeler si c’est uniquement pour tenter de me convaincre. »   

– « Serait-ce le Groupe Trèfle qui vous rappelle encore au sujet de la démolition ? » Demanda-t-il en prenant l’air décontracté.  

– « Cela ne vous regarde pas », répondit-elle en raccrochant. « Où étiez-vous passé ? Ne m’avez-vous pas dit que vous vouliez prendre une douche ? »  Demanda-t-elle, sceptique.

– « Savez-vous que pour chasser une odeur, on peut soit se laver, soit la recouvrir d’une autre odeur ? »  Répondit-il, le visage impassible malgré la stupidité de sa réponse. « Ma locataire, vous savez, la petite fille qui vit chez moi, avait besoin de la salle de bain et ne voulait pas être en retard à l’école. Je n’allais pas me chamailler avec elle, aussi, je me suis dit qu’un peu de sueur couvrirait mon odeur et je suis allé courir. Mais curieusement, je ne transpire pas beaucoup. Maintenant, je comprends pourquoi vous, les martialistes, avez toujours l’air impeccables. Trêve de bavardage, comme vous pouvez le voir, je ne cherchais pas à me défiler puisque me voici. »

Garcia le regarda longuement :

– « Je ne voudrais pas me mêler de votre vie privée, mais il n’est pas bon de ne penser qu’au plaisir. Par ailleurs…  C’est aussi une question d’éducation. »

– « Pardon ? » S’exclama Roland, abasourdi.

– « Je veux parler de ces filles que je vois sortir de votre appartement… Ne pouvez-vous aller faire ces choses ailleurs ? Pourquoi faut-il absolument que vous les rameniez chez vous ? Vous oubliez que vous avez une jeune locataire ? » Répondit Garcia en fronçant les sourcils.

Roland manqua de s’étouffer en l’écoutant. Il avait pris soin d’organiser les choses de telle manière que les sorcières de Taquila ne coupent leur conscience pour passer dans le Monde des Rêves qu’une fois que Cléo serait partie pour l’école, mais il n’avait pas pensé à ce que les autres locataires pourraient imaginer en voyant ces femmes sortir de chez lui.  Et voilà que Garcia en tirait de fausses conclusions.

– « Il est vrai », reprit-elle, « que certains martialistes, une fois devenus célèbres, perdent de leur décence. Il est très facile à un homme de se laisser corrompre par la gloire et l’argent, mais n’oubliez pas que nous nous battons pour ce monde. Nous devons garder l’esprit alerte et les excès ne feront que vous ralentir… »  

– « Heu… je comprends », coupa-t-il, sentant qu’elle s’apprêtait à lui donner un cours d’éducation morale. « Nous en reparlerons plus tard. En attendant, auriez-vous l’amabilité de me laisser me changer ? Je ne voudrais pas être en retard à notre rendez-vous. »

Piquée au vif, elle se tut :

– « Faites-vite! »

Après une rapide toilette, il enfila son nouveau costume. Sous le regard étonné de Cléo, il mit des œufs frit dans une galette qu’il glissa dans une poche plastique à sandwich pour pouvoir prendre son petit déjeuner en route et quitta l’appartement.

En le voyant, Garcia, qui l’attendait à la porte, cligna des yeux :

– « Vous… »

– « Comme c’est la première fois que je me rends au siège, j’ai cru bon de m’habiller de façon cérémonieuse », répondit-il en haussant les épaules. « Je suis nouveau dans cette association et porter des vêtements décontractés en une telle occasion pourrait être perçu comme un manque de respect, vous ne croyez pas ? »  

– « Eh bien… c’est comme vous voulez », répondit-elle en secouant la tête. « Mais je dois reconnaître… que ce costume vous va plutôt bien. »  

« Encore heureux », pensa Roland, « ce costume sur mesure m’a coûté une grosse partie de mes “revenus de braquage”. Ne dit-on pas que l’habit fait l’homme ? Tout homme ordinaire, bien habillé, aurait aussitôt fière allure. Par ailleurs, je suis mince et j’ai de beaux et longs cheveux gris. Dans le monde d’où je viens, les gens auraient pu croire que je suis un prince des elfes. »

Ils descendirent ensemble et attendirent. Au bout de quelques minutes, un grand bus s’arrêta devant eux. Il ne portait pas de plaque d’immatriculation et toutes les vitres étaient occultées par des rideaux noirs de sorte que Roland ne pouvait rien voir à l’intérieur.

– « Montez », murmura Garcia, d’un ton qui lui sembla soudain plus grave.

Il obtempéra, fit mine de jeter un regard machinal vers la rue et constata que Phyllis avait arrêté un taxi.  

La porte refermée, il trouva le bus étonnamment clair. Toutes les lumières de l’allée étaient allumées et il y avait déjà pas mal de gens assis.

La plupart portaient des vêtements de styles différents : on aurait dit des artistes de spectacle.  Quelques-uns avaient l’air tout à fait normaux, mais, absorbés dans leurs affaires, ils en oublièrent de saluer Garcia. Cependant, Roland s’aperçut très vite que depuis qu’il était monté dans ce bus, certains avaient les yeux fixés sur lui, nourrissant manifestement des arrière-pensées.

Sans un mot, Garcia prit la main de Roland, à sa grande surprise et l’emmena vers l’arrière.   

– « Ce sont vos collègues ? » Chuchota-t-il après qu’ils se furent assis.  

– « L’Association Martialistes n’est pas une entreprise », répondit-elle en levant les yeux au ciel. « La plupart des personnes qui sont ici sont de nouveaux Éveillés, tout comme vous. Je ne les avais encore jamais vus. »  

– « Il y en a donc tant ? » S’enquit Roland, surpris de constater qu’il y avait au moins vingt personnes dans ce bus.

– « Ils sont nombreux en effet. La dernière fois que je suis allé à l’association, il y avait à peine cinq ou six nouveaux membres… mais ce n’est pas étonnant, car si les gens ordinaires ne se doutent absolument pas que ce monde est en train de changer, les Éveillés, eux, le ressentent. Comme je vous l’ai expliqué, tous ne choisissent pas de se joindre à nous. Il y a au moins autant de centristes que de membres de l’Association Martialiste. Mais maintenant que l’Érosion s’intensifie et que le nombre de Déchus ne cesse d’augmenter, la situation devient critique pour ces centristes qui seront de plus en plus nombreux à rejoindre notre association. »  

– « Vous voulez dire que la plupart sont des martialistes sauvages ou des gens qui s’entraînent seuls ? »

– « Vous ne pouviez pas mieux les décrire », répondit-elle en esquissant un sourire. « À mon avis oui, mais c’est entre nous. Ne les qualifiez jamais ainsi en public, car si ces gens ont refusé de rejoindre l’association, c’est parce qu’ils n’aiment pas les restrictions. Gagner en puissance a tendance à conforter les gens dans leur égo. Ils se croient extraordinaires, ce qui non seulement entrave leurs progrès, mais leur donne également une attitude très étrange. »

– « Quant à ce dernier point, j’en ai déjà fait l’expérience », dit Roland d’un air désinvolte.

– « Il y a déjà eu un conflit de ce type auparavant. Un jour, des martialistes sauvages qui avaient rejoint l’association ont tué plusieurs de nos membres au cours d’une mission de chasse. Cela a eu d’importante répercussions et les Défenseurs ont dû s’en mêler et exterminer les fauteurs de trouble. Je vous conseille vivement d’ignorer leurs provocations, d’autant que l’association punit sévèrement de tels comportements. »

– « Les martialistes sauvages sont-ils donc si forts ? »

– « Oui, car ils ont souvent affaire aux Déchus et, de ce fait, sont beaucoup plus expérimentés que les nouveaux Éveillés dans le cadre de combats réels et aussi plus réactifs en situation d’urgence. Mais ils sont généralement trop occupés par les affaires mondaines. Si vous cessez vos excès et vous entraînez sérieusement, vous deviendrez très vite meilleur qu’eux. »   

Elle poussa un soupir avant de poursuivre : « La Force de la Nature est un cadeau des dieux destiné à nous protéger et non à exploiter les autres. Si nous ne parvenons pas à arrêter l’Érosion, le monde entier pourrait cesser d’exister. Bon nombre d’Éveillés jouissent des plaisirs que leur apporte le pouvoir mais en oublient totalement leur responsabilité. »

Ces paroles lui rappelaient quelque chose… Il réfléchit un instant et réalisa que c’était peut-être la raison qui avait poussé ces sorcières, conscientes des torts causés par les Diables à fonder l’Union huit cents ans auparavant.

Soudain, le silence se fit au dehors. Le frottement des roues contre la route devint fluide et profond. On aurait dit que l’autobus circulait seul dans un tunnel spacieux.  

Une demi-heure plus tard, le véhicule s’arrêta.

Alors que Roland pensait être arrivé à destination, il sentit un léger tremblement suivi d’une sensation d’apesanteur, comme si le bus s’enfonçait dans le sol.  

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