Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 808 : Combat rapproché
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– « Avez-vous entendu du bruit ? » Demanda Edith à Brian tandis qu’il donnait l’ordre aux soldats d’organiser une ligne de défense souterraine.

– « Du bruit ? » Brian interrompit ses activités et regarda autour de lui, perplexe : « Non, Mlle Edith, je n’ai rien entendu sauf le bruit de la rivière. »

– « Vraiment ? » Fit Edith en fronçant les sourcils. « Aurais-je mal entendu ? »

– « Quel genre de bruit était-ce ? »

– « Cela ressemblait au son d’un cor, mais très étouffé …un peu comme le bruit de l’eau », répondit Edith. « Il semblait venir du sud. »

C’était précisément la direction que les sorcières avaient prise pour explorer les lieux de façon approfondie. Quant à la turbulente rivière souterraine, elle coulait du nord vers le sud pour disparaître ensuite dans les ténèbres de la grotte. Les étranges plantes lumineuses qui poussaient de chaque côté ne pouvant pas éclairer les endroits éloignés et le cours d’eau, tel une voie menant vers les abysses, engloutissait tout ce qu’elle voyait.

– « Eh bien… Il est possible que vous ayez eu des hallucinations. En effet, nous sommes au plus profond de la montagne, nous ne voyons pas le ciel et ne bénéficions même pas de la lumière d’un feu », répondit Brian avec un sourire pensif. « Même si ce n’est guère un problème pour les soldats qui sont déjà allés au combat, il n’est pas surprenant que vous soyez nerveuse. Si vous êtes mal à l’aise, Melle Marge peut vous raccompagner jusqu’à la sortie du tunnel. »

Un regard familier, des paroles familières… Edith ne fut pas surprise d’entendre le commandant du Bataillon de Fusiliers parler ainsi. En dépit de son armure légère en cuir, de son casque et de l’épée qu’elle portait à la taille, la plupart des gens la prenaient pour une observatrice de l’Hôtel de Ville… ou, comme son surnom l’indiquait, comme une jeune fille aussi jolie et fragile qu’une perle. Ceci dit, c’était précisément la raison pour laquelle tout le monde prenait soin d’elle et cherchait en permanence à lui faire plaisir.

Ce que ces gens ne savaient pas, c’est que les perles produites par les coquillages géants de la Région du Nord étaient trempées de sang, qu’il s’agisse de celui des poissons, des animaux aquatiques… ou même des pêcheurs.

C’était la raison pour laquelle elles grossissaient au point d’atteindre la taille d’un poing.  

Roland Wimbledon avait sans doute été le seul, au départ, à la prendre pour un adversaire en dépit de son apparence.  

– « Merci, mais je préfère rester ici », répondit Edith. En effet, elle pensait « Si jamais je partais en courant, je risquerais de déshonorer l’Hôtel de Ville de Sa Majesté. »  Mais elle le garda pour elle.

Brian demeura un instant perdu dans son sourire avant de détourner le regard, embarrassé.

– « Je ne pense pas que cela dérange Sa Majesté ni le Seigneur Barov mais… » Brian s’éclaircit la voix : « Je ne comprends pas pourquoi vous avez tenu à suivre la Première Armée dans un endroit aussi dangereux. »

– « C’était le seul moyen de gagner votre confiance », répondit Edith avec franchise.

– « Pa… pardon ? »

« Vous avez sans doute entendu parler de la Bataille de la Divine Volonté », expliqua-t-elle calmement. « Celle-ci étant déterminante pour la survie de l’humanité, jamais le Roi ne pourra en gérer tous les aspects. Il va avoir besoin d’officiers pour l’aider à diriger l’armée qui, sur le plan logistique, dépend de l’Hôtel de Ville. Le moment venu, a qui ferez-vous le plus confiance ? Au fonctionnaire qui se sera battu à vos côtés ou à celui qui passe ses journées dans un bureau à traiter la paperasse ? »

Surpris, Brian demeura un bref instant silencieux avant de répondre :

– « Pour tenir un tel discours, vous êtes vraiment courageuse! »  

Edith comprit aussitôt à quoi il faisait allusion. Même un ancien chef de patrouille issu de la population autochtone aurait compris que ce qu’elle cherchait, c’était un poste de commandant adjoint, que l’on pouvait également qualifier d’intervention au sein du pouvoir, ce qui, aux yeux d’autres Seigneurs, aurait été intolérable, ceux-ci exigeant le contrôle total sur leurs chevaliers.  

Cependant, les effectifs de la Première Armée surpassant le nombre de cinq mille soldats, la méthode de gestion de la Chevalerie était désormais dépassée. Si le Département de l’Etat-Major, une organisation intermédiaire entre l’armée et l’Hôtel de Ville, restait sous le contrôle de Roland, le commandement, au niveau inférieur direct, allait certainement s’étendre. Si Edith osait tenir ce discours, c’était parce qu’elle comprenait les idées du Roi. Non pas qu’elle eût l’intention d’être admise à l’État-Major, mais elle souhaitait étendre le plus possible son influence.

– « Je n’aurais jamais dit cela s’il s’agissait d’un autre Roi », dit-elle en souriant. « Mais Sa Majesté ne ressemble pas aux autres. Étant donné que c’est moi qui ai lancé l’idée selon laquelle toute personne désireuse d’obtenir une promotion au sein de l’Hôtel de Ville devra d’abord se rendre sur le champ de bataille, je me dois de montrer l’exemple. »

– « Le Roi… a-t-il accepté ? »

– « Pas exactement, mais il ne s’y est pas opposé. »

– « Euh… cela ne signifie-t-il pas qu’il est d’accord ? » Demanda Brian, confus.  

– « En politique, les choses ne peuvent être interprétées ainsi », répondit Edith en écartant les mains. « Un engagement oral peut changer à tout moment avant d’être consigné par écrit, à plus forte raison le silence par lequel le Roi a répondu à ma requête. »  

– « Je vois… » dit le commandant du Bataillon de Fusiliers, en proie à des sentiments mitigés. « La politique est vraiment compliquée. »

– « C’est vrai. »

La jeune femme envisageait également de se rapprocher des sorcières et de passer davantage de temps avec elles afin de mieux les connaître et de comprendre leurs pouvoirs. En effet, il ne faisait aucun doute que Sa Majesté avait déployé de gros efforts en leur faveur et la construction de la Cité Sans Hiver ne pourrait se poursuivre sans elles. Edith allait donc avoir besoin de tout leur soutien si elle souhaitait atteindre le sommet du pouvoir.

Jusqu’ici, son plan s’était parfaitement déroulé. Les sorcières ne l’avaient pas rejetée, sans doute parce qu’elle était une femme, cependant Barov n’était pas aussi chanceux.

– « Les prochaines personnes à arriver sont-elles les Sorcières du Châtiment Divin ? » Demanda-t-elle pour changer de sujet.

– « Je crois », répondit Brian. « Mlle Marge ne pouvant porter que cinq à six personnes à la fois, il lui faudra faire au moins dix voyages si nous voulons installer un poste de garde. D’après vous, où devrions nous installer la seconde mitrailleuse ? »

– « En hauteur… Je crois avoir vu un emplacement tout à fait approprié près du rocher derrière… » Elle se retournait pour observer la grotte lorsque soudain, elle eut le sentiment que l’une des plantes lumineuses se déformait un peu, comme si quelque chose avait modifié la stabilité de l’air. Tout semblait flou.  

– « Que se passe-t-il ? » Demanda la jeune femme.

Avant même qu’elle ne puisse prévenir les soldats, une nouvelle distorsion, plus puissante, survint et l’air derrière les mitrailleurs se mit à onduler. Il y eut un léger bruit et la tête de l’un des soldats se détacha de son cou, un sourire figé sur le visage.

– « Nous sommes attaqués! » Cria Edith. « L’ennemi est invisible! »

Presque au même moment, deux autres soldats eurent la poitrine transpercée. Leur sang gicla, teintant de rouge l’ondulation.

– « Ils sont plusieurs! »

Très vite, Edith réfléchit. D’une main, elle lança un poignard en direction de l’endroit où le premier soldat était tombé tandis que de l’autre elle tirait son épée pour se précipiter vers l’ennemi. Voyant son poignard rejeté par l’invisible adversaire, elle changea d’angle d’attaque et piqua son épée à la racine même de l’ondulation.

La jeune femme savait pertinemment qu’en cas de retraite, ils seraient attaqués de front et par l’arrière. Seul un feu de camp leur permettait de repérer l’ennemi et une fois privés de lumière, n’ayant plus aucun moyen de résister à ces monstres quasi invisibles, ils n’auraient plus d’autre choix que de fuir.

Attaquer tant qu’ils pouvaient encore localiser à peu près l’adversaire était donc leur seule chance de l’emporter!

Ravie, Edith eut la sensation que la pointe de son épée s’enfonçait dans de la chair. Sauf erreur de sa part, le point de contact d’une épée avec un corps, qu’il soit humain ou animal, devenait un point faible. Une main blessée tenant une épée ou encore une griffe endommagée ne recouvreraient pas leur capacité offensive avant longtemps.  

Edith était sur le point de retirer son épée lorsqu’une rafale de vent venant d’une autre direction la balaya à une vitesse telle qu’elle sentit le froid la frapper en plein visage.  

– « Bon Sang! Cette chose aurait-elle deux armes ? »

Forte de ses années d’expérience en matière de combat, elle eut le réflexe de lâcher le sabre et de rouler sur le sol. C’est alors qu’elle sentit quelque chose lui toucher la nuque et ses longs cheveux, tels des pétales, s’éparpillèrent partout.  

N’ayant plus le temps de se relever, elle cria à Brian :

– « Tirez vers moi! Maintenant! »

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