Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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La vapeur d’eau condensée formait sur la vitre une couche uniforme de brume blanche semblable à une gaze fine. Au dehors soufflait un vent glacé dont le mugissement contrastait avec le crépitement tranquille du feu dans la cheminée.

À l’Hôtel de Ville, Sophia était assise devant sa longue table de travail, occupée à lire d’épais rouleaux de documents.

Il s’agissait de statistiques rapportées par divers ministères. Lorsqu’elle avait du temps libre, la sorcière mémorisait ces informations au cas où quelqu’un en aurait besoin. Depuis quelque temps, c’était là son principal travail car il n’y avait pas grand-chose à faire au ministère de l’Éducation. La seconde session d’examens venait à peine d’avoir lieu et il n’y en aurait pas d’autre avant l’été.

Depuis six mois qu’elle travaillait pour Son Altesse, elle avait découvert que le Prince était particulièrement intéressé par les statistiques. Il aimait quand ses subordonnés décrivaient les choses au moyen d’une longue série de chiffres précis. Souvent, il utilisait des termes tels que les proportions, les rapports annuels, les taux et les indices-chaînes. Par la suite, tout le personnel de l’Hôtel de Ville avait été contaminé par cette tendance.

Les travaux statistiques connexes augmentant proportionnellement à la croissance démographique de la ville, Son Altesse avait confié ce travail à Sophia qu’il surnommait en plaisantant la “base de données” de Border Town. Ce surnom lui donnait l’impression d’être un entrepôt, Son Altesse lui avait expliqué qu’il s’agissait de quelque chose d’extrêmement important et que grâce à une base de données, on pouvait estimer le développement de l’année suivante et faire des plans économiques et militaires. Il avait même précisé que toutes ses décisions futures concernant le territoire reposeraient sur l’analyse des données.

– « Dame Sophia… »

Une femme portant l’uniforme des apprentis poussa la porte du bureau, salua Sophia et lui remit un formulaire de demande : « Bonjour, je m’appelle Freya, Son Excellence Carter, du ministère de la Justice, souhaite obtenir des informations sur les réfugiés qui ont passé les tests de contrôle des résidents au cours de la semaine dernière. »

En raison de sa capacité limitée à des compétences dérivées, Son Altesse avait ordonné que toute personne désireuse de se procurer des données complexes obtienne au préalable  le consentement de Barov. Concernant les données individuelles, il était possible de se rapprocher de Sophia à tout moment.

– « Un instant je vous prie », dit Sophia en jetant un coup d’œil à la signature figurant sur le formulaire. Elle invoqua un livre magique et lui indiqua les pages correspondant à sa demande : « Voilà. Remettez-ceci à Monsieur Carter. »

– « Merci… merci », dit Freya. Elle saisit avec précaution le livre surgi de nulle part comme s’il s’agissait d’une  bête démoniaque.

– « Ne vous inquiétez pas, il ne vous fera pas de mal », dit Sophia en riant.

La plupart des gens avaient la même expression devant un livre magique. « Inutile de me rendre ce livre, il aura disparu dans quelques heures. Mais conformément à la Charte de  Confidentialité, vous n’êtes pas autorisée à le remettre à qui que ce soit d’autre que M. Carter. »

– « Bien, Madame. »

Freya s’inclina et se retira. Alors qu’elle ouvrait la porte, Sophia aperçut dans le hall une foule de gens tandis que le bruit des bavardages l’assaillait. Sitôt la porte refermé, le calme revint.

C’était la fin de la semaine et ce jour était supposé être un jour de repos, cependant l’Hôtel de Ville était aussi affairé que durant les jours ouvrables. Tout le monde était enthousiasmé à l’idée de la construction prochaine de Border Town, aussi travaillaient-ils davantage. Etant donné la prime salariale que le Prince avait promise pour les heures supplémentaires, personne n’avait envie de rester à la maison.

Sophia ne comprenait pas  les décisions de Son Altesse. De son point de vue,  il n’y avait guère de travail à faire à l’Hôtel de Ville et rédiger des documents officiels, des rapports et collecter des données demandait beaucoup moins d’efforts que le travail considérable fourni par les mineurs ou les employés des fours. Son Altesse n’avait qu’à donner des ordres, chacun s’y conformait aussitôt. Il n’était vraiment pas nécessaire d’augmenter les salaires pour autant.  Comparé à la plupart des nobles, le Prince semblait trop généreux.

Sincèrement, aux yeux de Sophia, Son Altesse Roland ne ressemblait pas à un vrai Seigneur. Pourtant, il  avait su les mener tous au stade où ils se trouvaient, ce qui était presque un miracle.

Ce n’est ni le respect, ni la confiance qu’elle portait à Roland qui l’avaient menée à cette conclusion mais les données le démontraient clairement. À Border Town, un an auparavant, seuls les mineurs avaient un revenu stable. À présent, ces derniers, comme les ouvriers travaillant aux fours et les bricoleurs, dont les salaires étaient pourtant les moins élevés, gagnaient le double. Certaines professions émergentes comme les assembleurs de l’usine de fabrication des machines à vapeur et les opérateurs de l’unité de production d’acide, avaient vu leur salaire multiplié par huit et le nombre de travailleurs ne cessait d’augmenter.

La ville avait tellement changé à tous les niveaux que jamais une personne qui n’y aurait pas vécu un a plus tôt  n’aurait pu croire cela possible.

Sophia passa le doigt sur les mots rédigés sur le document. Même si elle ne pouvait imaginer jusqu’à quel point ce territoire allait encore changer sous la direction de Son Altesse, elle était persuadée que son avenir serait plein d’espoirs et de surprises.

– « Mademoiselle Sophia », dit un garde en poussant la porte, « Son Altesse vous demande. »

En arrivant au troisième étage du château, Sophia trouva le Prince occupé à mettre en ordre le manuscrit qu’il venait d’achever.

Elle attacha ses cheveux noirs que le vent avait emmêlés, s’approcha et demanda :

– « Voulez-vous que je mémorise ces choses ? »

– « Tout à fait. Il m’a fallu au moins la moitié de mes cellules cérébrales pour terminer ce livre », répondit le Roland en se massant la nuque. « Même pour les connaissances couramment utilisées à l’époque, je n’ai réussi à me les rappeler que d’une manière générale, aussi ai-je dû déduire plusieurs formules moi-même. »

Sophia commençait à être habituée. Ignorant ces étranges paroles, elle prit le manuscrit, et s’aperçut que pour la première fois, les lettres sur la couverture, qui formaient le mot “calcul”, étaient de couleur orange.

La sorcière feuilleta quelques pages du livre mais dut renoncer à comprendre le sens du titre. Elle se concentra donc sur la mémorisation de son contenu. À la différence des équations qu’elle avait apprises précédemment, ces nouvelles formules ne contenaient pas de chiffres mais une suite de symboles bizarres. On aurait dit toute une série de nouveaux caractères. De toute évidence, seules Anna et Tilly seraient intéressées.

– « Bien. Quel est le revenu moyen des résidents ? », demanda Roland.

– « Les salaires varient entre 10 et 40 Royals d’argent par mois », répondit Sophia sans cesser de mémoriser. « Mais pour calculer le revenu moyen, j’aurais besoin du Livre Magique qui a été utilisé aujourd’hui. »

– « Ce n’est pas grave, vous me donnerez le résultat statistique après-demain », dit le Prince en agitant la main. « J’ai besoin de ce chiffre pour déterminer le coût de l’approvisionnement en eau et en chauffage. Le projet d’installation du chauffage collectif commencera dans une semaine et lorsque tout sera terminé, cette ville sera aussi agréable qu’au printemps, même lors des hivers les plus rigoureux.  

Une ville qui ne craint pas le froid! Voilà le type de miracle qui ne pourrait se produire que sur les terres de Son Altesse.

– « Si je n’ai pas de travail supplémentaire, je vous communiquerai le résultat demain. »

– « Demain… Ce serait bien si vous pouviez réaliser un Livre Magique à partir d’un livre d’histoires », dit Roland en souriant, « où de n’importe quel livre qu’Anna n’aurait pas lu. »

– « Un livre d’histoires ? », s’exclama Sophia, d’abord un peu étonnée. Mais très vite, elle comprit : « Demain, Mlle Anna… »

– « C’est en effet le Jour Anniversaire de son Éveil », acquiesça le Prince.

__________

NDT : Cela fait un moment que je voulais le faire, car le nom de Scroll ne sied guère à une femme digne, érudite et élégante.

Etant donné que la capacité de cette sorcière est de mémoriser des ouvrages, que de plus elle est chef du Ministère de l’Education de Roland et enseignante, que par ailleurs la consonance phonétique originale ne nous aide guère en ce sens (comme c’est parfois le cas pour d’autres prénoms), j’ai choisi de remplacer Scroll par Sophia, qui signifie ײSagesseײ en Grec.

Les modifications seront progressivement apportées aux chapitres précédents dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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