Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 344 : Évènements du passé (Partie 1)
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« Votre Altesse ? Quel titre étrange… On le dirait tout droit sorti des contes d’antan. »

Elle s’efforça de bouger les yeux pour regarder sur le côté et aperçut un homme aux cheveux gris entouré de  plusieurs femmes.

– « Comment vous sentez-vous ? » Demanda-t-il d’une voix douce.

En guise de réponse, la jeune femme demanda :

– « Où suis-je ? »

– « Vous êtes à Border Town,  sur le Territoire de l’Ouest du Royaume de Greycastle. »

De toute évidence, les choses ne tournaient pas du tout comme elle le souhaitait. La sorcière se retrouvait dans un lieu inconnu, face à des personnes qu’elle n’avait jamais vues et à une autre époque. Elle voulut se lever mais réalisa qu’elle n’avait plus la moindre force.

– « Je suis Roland Wimbledon, quatrième prince du royaume de Greycastle et seigneur de Border Town », dit-il. « Les femmes qui sont ici sont toutes des membres de l’Association de Coopération des Sorcières. Vous ne vous souvenez de rien ? »

« L’Association de Coopération des Sorcières ? » Elle fronça les sourcils « Alors ce sont elles aussi des sorcières ? Je ne sais pas de quel genre d’organisation il s’agit, mais au moins, nous sommes semblables. Pourquoi ai-je le sentiment qu’elles dépendent de cet homme ? Un instant… n’a-t-il pas dit qu’il était prince ? »

Elle fouilla dans sa mémoire et ce qu’elle découvrit la stupéfia. N’était-ce pas l’un des titres utilisés dans le régime séculier lors de la Première Guerre de la Divine Volonté quatre cents ans auparavant ? « Serais-je revenu à l’époque précédant la Grande Guerre ? Les dieux m’auraient-ils donné une seconde chance de sauver la Ville Sainte et ses habitants ? »

« Du calme », se dit-elle. « Ce genre d’histoires complètement illogiques n’existe que dans les ragots qui se racontent dans les sombres tavernes. Que m’est-il arrivé ? »

Elle se souvint que des Diables l’avaient poursuivie dans les soubassements du laboratoire expérimental et qu’elle avait déchargé toute la magie de son corps pour construire la barrière de glace la plus robuste possible. Elle avait, de surcroît, utilisé une pierre magique de réverbération pour lancer en continu des appels au secours en prévision du jour où ses sœurs, revenues dans les Plaines Fertiles, la retrouveraient.

– « Vous m’avez sauvé la vie, n’est-ce pas ? » Puisqu’elle était sortie de sa protection de glace, c’est que l’armée des sorcières était de retour. « Les Diables sont-ils partis ? Avons-nous gagné ? La ville sainte… Qu’est-il advenu de Taquila ? »

Après cette série de questions, elle réalisa que les visages qui l’entouraient avaient changé. Animées et joyeuses, ces personnes échangeaient des regards.

– « En effet, nous vous avons trouvée dans les soubassements d’une tour de pierre », expliqua une sorcière au visage mature et aux cheveux auburn. « Viviez-vous il y a quatre cent cinquante ans ? »

Cette personne lui rappelait la merveilleuse Guerrière Sacrée qui avait combattu les Diables. Elle avait les mêmes cheveux, lumineux comme des flammes, aussi la sorcière était-elle plus disposée à lui répondre qu’à l’homme aux cheveux gris. Même si, en général elle ne se souciait guère des hiérarchies sociales, la jeune femme trouvait néanmoins déplacé que quelqu’un d’inférieur à elle l’interroge.

Si elle avait voulu jouer les maîtres, cet homme aurait probablement été sévèrement puni.

– « Je m’appelle Ayesha et je suis membre de la Société de Recherches de Taquila. » Elle marqua une pause : « Qu’entendez-vous par « quatre cent cinquante ans ? » Ne me dites pas que votre guerre contre les diables a duré quatre cents ans ? C’est impossible. »

– « Vous avez dormi très longtemps, aussi les choses ne sont pas comme vous l’imaginez », répondit l’homme appelé Roland. « Si vous pensez que vous vous sentez suffisamment bien, nous allons tout vous expliquer. »

– « Très bien, je vous écoute. »

Ayesha ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Ce prince se comportait de manière très rustre, mais elle n’avait pas la force de tergiverser.

Le récit que lui fit Roland sur l’histoire de Greycastle et le développement des Quatre Grands Royaumes du continent lui donna des sueurs froides. Certains détails lui étaient familiers, comme la Forêt aux Secrets ou la Chaîne des Montagnes Infranchissables, mais en rassemblant ses souvenirs, elle resta stupéfaite :

Si ces lieux correspondaient bien à ceux qu’elle avait connus, alors ce que l’on appelait aujourd’hui les Quatre Royaume faisait autrefois partie des Terres Barbares, une longue et mince bande de terre prise en sandwich entre les montagnes et la mer qui, d’après ses contemporains, n’était qu’un endroit stérile sans aucune possibilité de développement. Les Terres Sauvages Interdites auxquelles il faisait allusion, se situaient là où auraient dû se trouver les Plaines Fertiles. Quant à la Ville Sainte de Taquila, enterrée depuis longtemps dans les profondeurs des Plaines Fertiles, personne ou presque n’en avait entendu parler.  

C’était ridicule!

Mais ce qui allait suivre l’était plus encore.

Avec Taquila avait été enterrée la position sociale des sorcières, devenues la cible de l’opprobre dans la société au sens large. Les gens ordinaires avaient pris le pouvoir dans les Quatre Royaumes. Tous ces jouets obsolètes d’avant la première Guerre de la Divine Volonté s’appelaient désormais les rois et seigneurs.

Alors cette déplorable et faible race antique avait pris le pouvoir et dominait à présent sur les sorcières ?

Comment était-ce possible ?

– « C’est scandaleux! » s’écria-t-elle. « Les gens ordinaires chassent et tuent les sorcières ? Qui oserait faire une telle chose ? »

Indignée Ayesha étendit le bras dans l’intention de donner une petite leçon à cet impudent mais à sa grande surprise, la magie n’opéra pas et aucun givre n’apparut.

Seulement alors, elle réalisa que quelque chose lui enserrait la cheville. Elle souleva la courtepointe et aperçut une pierre incrustée dans un anneau. Une Pierre du Châtiment Divin!

– « Vous êtes folles! » Dit-elle, stupéfaite, en regardant les sorcières. « Pourquoi vous liguez vous avec une personne ordinaire pour réprimer une sorcière de haut rang, violant ainsi l’interdiction de l’Union en ayant recours sans autorisation à la Pierre du Châtiment Divin ?! »

Seule l’équipe chargée d’appliquer la loi de la Fédération était autorisée à utiliser ces pierres.  À l’exception de ses membres, quiconque osait porter, vendre, modifier ou détruire une Pierre du Châtiment Divin était passible de sanctions sévères pouvant aller jusqu’à la mort.

Le prince soupira :

– « C’est exactement ce que je redoutais. »

– « Ne vous inquiétez pas, je vais aller lui parler », dit la sorcière aux cheveux auburn. Elle s’assit au chevet d’Ayesha et remonta la couverture.  « Je m’appelle Wendy. Vous voyez, les choses ne sont pas vraiment telles que vous le pensez. Son Altesse a dit la vérité. Taquila n’existe plus et nous n’avons jamais entendu parler de l’Union. J’ignore à quoi ressemblait la Ville Sainte où vous viviez il y a quatre cent cinquante ans, mais de nos jours, les sorcières passent leur temps à se cacher, comme nous même l’avons fait jusqu’à notre rencontre avec le Prince. »

« Il nous a offert un abris sûr et nous a encouragées à utiliser nos pouvoirs. Nous avons également appris comment utiliser au mieux nos capacités pour transformer le monde. Ici, nous vivons libres, comme des personnes normales. Nous n’avons plus à nous cacher ni à nous inquiéter d’avoir à subir la persécution de l’église ou des gens qui nous haïssent. Il faut savoir que de nos jours, les Pierres du Châtiment Divin sont partout. Une sorcière qui perd ses pouvoirs n’est pas plus forte qu’une personne normale. »

Après avoir écouté le récit de Wendy, Ayesha demeura longtemps silencieuse.

L’Union était une importante organisation dirigée par plusieurs royaumes de sorcières. Parmi ses membres, elle comptait de nombreuses sorcières de haut rang et des Extraordinaires. Dans le but de gagner la Guerre de la Volonté Divine, elles avaient constitué une armée colossale et pris le contrôle de toutes les villes saintes. L’Union était chargée de former et répartir les sorcières, de maintenir la stabilité et l’ordre public de la ville. Elle seule avait le droit d’arrêter ou de condamner une sorcière. Et voilà que cette puissante organisation avait disparu sous les décombres. Plus personne n’en connaissait la réputation.

« Où sont les survivants qui voulaient refonder l’ordre ? » songea-t-elle. « Que sont-ils devenus ? »

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